LE METAL SYMPHONIQUE - PART 1 : LES ANGES


NIGHTWISH - Wishmaster (2000)

Nightwish voit le jour en 1996 sous la forme d’un trio (Empu, Tuomas et Tarja) jouant de la musique acoustique d’ambiance. Après avoir opté pour la guitare électrique et recruté un batteur (Jukka), le groupe enregistre tout d’abord un 7 titres, et après une signature chez Spinefarm Records, 4 titres supplémentaires seront ajoutés au CD pour donner le premier album "Angel Fall First" (1997), qui connaîtra un succès honnête en Finlande dirons-nous.
Avec le second "Oceanborn" (1998), c’est une autre paire de manches et cette réalisation est bien plus heavy que la précédente. Les morceaux tels que "The Paraoh Sails to Orion" ou "Sacrament of Wilderness" délivrent un heavy metal symphonique inspiré sur lequel le chant de Tarja a beaucoup évolué par rapport à "Angel Fall First". Cet opus permettra aux finlandais de partir en tournée avec Rage.

Le meilleur est encore à venir et en 2000, Nightwish sort l’album de la maturité : "Wishmaster". Enregistré au début de l’année au Finnvox Studio, les chansons de "Wishmaster" sont dotées d’un son clair et pur comme de l’eau de roche, rappelant un peu celui de leurs compatriotes de Stratovarius. Si on rajoute à cela la magnifique cover de Markus Mayer, on peut dire que tout était prêt pour faire un carton et c’est exactement ce qu’il s’est passé : "Wishmaster" restera en tête des charts finlandais trois semaines d’affilée, devenant au passage disque d’or.
A l’écoute du CD, vous constaterez que ce succès est amplement mérité, le talent de compositeur de Tuomas Holopaïnen, clavier et principal compositeur du groupe, est ici révélé au grand jour sur "Wanderlust", "Crownless" (très Stratovarius celui-ci) ou l’imparable "Wishmaster" devenu l’hymne incontournable du groupe à chaque show.
Mais malgré tout le talent des musiciens de Nightwish, celui-ci serait vain sans la chanteuse d’exception dont le talent explose littéralement sur ce "Wishmaster", j’ai nommé Tarja Rosana Turunen. En effet, toute l’originalité du groupe repose sur les vocalises magnifiques de la chanteuse lyrique, chose assez nouvelle dans le heavy metal (Sabina Claessens et Doro Pesh n’ayant pas vraiment une voix à chanter de la musique classique).
Dans tous les cas, cela permet à Nightwish de jouer sur plusieurs tableaux : le heavy metal plutôt traditionnel ("Wanderlust", "Wishmaster") ou les titres plus atmosphériques, ainsi que des ballades mises en valeur par la voix sublime de la belle (on verrait assez mal Udo Dirkshneider chanter "Come Cover Me" malgré tout le respect qu’on a pour lui). Le côté émotionnel atteint même des sommets avec le magnifique et infiniment triste "Dead Boy’s Poem".
Mais sur "Wishmaster", Tuomas et ses acolytes ne se contentent pas seulement de mettre en avant la voix de Tarja, les compositions étant d’une finesse et d’une intelligence sans précédent, en témoigne le dernier morceau Fantasmic, long titre très accrocheur et varié aux accents progressifs.
Une sortie phare pour le style symphonique en général qui verra toute une légion de groupes emboîter le pas de Nightwish dans cette direction musicale (After Forever, Epica,…) et qui permettra à "Tarja et ses drôles de mecs" de faire une tournée européenne en tête d’affiche avec Sinergy et leur ouvrira les portes d’une prestation au Wacken. L’ascension du groupe sera dès lors irrésistible.

Après la sortie du DVD "From Wishes to Eternity" et l’intermède "Over the Hills and Far Away", album fourre-tout avec lives, inédits et la reprise de Gary Moore du même nom, le bassiste Sami est remercié au profit du talentueux Marco Hietala (Tarot) qui placera aussi des parties de chant sur "Century Child" (2002), où les finlandais pratiquent avec application le style qui leur à tant réussi sur "Wishmaster". Nightwish va encore franchir un palier en signant chez le géant allemand du metal, le label Nuclear Blast, qui va leur fournir des moyens énormes, leurs permettant notamment d’enregistrer avec un orchestre symphonique leur 5ème album "Once" (2004), sur lequel les duos de chant Tarja / Marco font mouche, le chant de ce dernier prenant d’avantage d’importance que sur l’opus précédent.
Avec une tournée mondiale de 130 dates et une reconnaissance sans précédent éclipsant des groupes comme Iron Maiden, rien ne laissait présager de la catastrophe : l’éviction de Tarja à la fin de cette tournée, les autres membres du groupe ne supportant plus son manager de mari.
Malgré ce coup rude, Nightwish rebondira avec Anna Olzon, chanteuse au style plus rock, moins classique mais néanmoins talentueuse. "Dark Passion Play" (2007) est donc jusque là le dernier album studio de Nightwish en date, il fut accueilli plutôt favorablement, et même si le départ de la belle Tarja a secoué plus d’un fan, Anna (pas moche non plus pour tout vous dire) s’en sort plutôt bien, la musique du groupe sonnant simplement moins lyrique.
On notera pour les fans de Tarja son album solo "My Winter Storm" (2007), moins convaincant tout de même que les réalisations de Nightwish. Et oui, n’est pas Tuomas Holopaïnen qui veut !

RHAPSODY OF FIRE - Symphony of Enchanted Lands (1998)

Avez vous déjà vu les pauses de Luca Turilli dans Hard’n'Heavy avec son épée ? Avez-vous déjà feuilleté les livrets d’album pour y apercevoir Alex Staropoli avec son œil qui dit merde à l’autre et sa chemise à jabot ? Ou encore avez vous déjà jeté un œil aux clips "épiques" dans lesquelles nos braves guerriers transalpins combattent les forces du mal et les dragons avec armures et guitares ?
Si la réponse à toutes ces questions est oui, alors vous comprendrez pourquoi Rhapsody (Of Fire, putain je m’y ferai jamais !) véhicule tout un tas de clichés qu’il traîne comme des casseroles.
Cependant la force du groupe est d’assumer pleinement son imagerie et sa musique depuis ses débuts. Au niveau des paroles, Rhapsody évolue dans un univers heroïc-fantasy qu’il a créé de toutes pièces, les cinq premiers albums racontant la même histoire : les chroniques de Algalord, ses tours, ses monstres, ses dragons et tout son petit monde à la Tolkien, le pari est donc assez osé et ambitieux, mais le groupe est composé de musiciens talentueux et retransmettant parfaitement les atmosphères inhérentes au concept.
Après deux démos en 94 et 95, la carrière de Rhapsody décolle grâce à leur signature chez Wagram, leur permettant une bonne distribution de leur premier album "Legendary Tales" (1997), avec sa pochette un peu niaise et des compos originales mais manquant encore de cohésion et de ce petit plus qui fait les bons albums, un petit plus qu’on retrouvera l’année suivante sur "Symphony of Enchanted Lands", que nous allons développer un peu ici.

Par rapport à "Legendary Tales", les italiens ont gagné en maturité et ce aussi bien au niveau émotionnel avec les atmosphères qu’au niveau du sens de la composition avec des titres plus incisifs et mieux construits.
"Emerald Sword" et "Wisdoms of the Kings" donnent le ton de l’album : du speed metal symphonique.
Quand je parlais de clichés tout à l’heure, en voici quelques autres sur les deux petites minutes de "Heroes of the Lost Valley" : un bout de flûte style troubadour à la Johan et Pirlouit, des samples de chevaux galopants et une partie de narration moyennement crédible (ils n’avaient pas encore les moyens de s’offrir Christopher Lee). Mais ce petit côté un peu niais est aussi un des facteurs pour lesquels on aime Rhapsody, et on trouve ici des pièces longues et épiques comme "Eternal Glory" et "Beyond the Gates of Abyss", démontrant le talent de composition des italiens.
De la balade "Wings of Destiny", jusqu'au pavé final "Symphony of Enchanted Lands" en passant par un "The Dark Tower of Abyss" très influencé par la musique classique, Rhapsody (pas encore Of Fire) fait étalage de sa classe et le chant de Fabio Leone est un grand atout pour ce disque, même si comme évoqué plus haut les parties narrées sont l’un des seuls points qui affaiblissent le CD.
Quoi qu’il en soit, c’est ce deuxième album qui a lancé la carrière de Rhapsody, et reste considéré malgré ses petites imperfections comme l’un, voire le meilleur album du groupe, au moins au niveau de l’inspiration (voir ma chro pour plus de détails : ici).

Voici donc la carrière de nos chasseurs de dragons lancée, ils ont enchaîné rapidement par un "Dawn of Victory" (2000) dans la lignée mais plus axé sur les guitares et une sortie très réussie : "Rain of a Thousand Flames" (2001). Ce mini (42 min tout de même) contient le fameux morceau "Queen of the Dark Horizons" qui, à titre de comparaison, est un peu leur "Queen of Winter, Throned" (Cradle Of Filth) car lui aussi très long, varié et épique, ainsi que "The Wizard’s Last Rhymes" ou ils reprennent à leur sauce un thème du compositeur Antonin Dvorak : pas mal pour un produit censé simplement faire patienter les fans avant "Power of The Dragon Flame" (2002) qui applique sans originalité, mais avec efficacité et réussite les recettes habituelles.
Sur "Symphony of Enchanted Lands II" (2005), l’ambition est montée d’un cran. Pour terminer la saga de Algalord, Rhapsody a mis les petits plats dans les grands et carrément fait appel à un orchestre symphonique et le rendu auditif est diablement à la hauteur malgré des constructions de titres qui commencent un peu à se répéter d’album en album. Un autre atout majeur est la présence de Saroumane / Compte Dooku, Monsieur Christopher Lee dont la voix profonde et imposante donne aux narrations une ampleur sans précédent.
C’est ensuite que nos hobbits italiens connaîtront quelques problèmes et devront changer de nom à cause d’un obscur combo qui existait soi-disant avant eux. Connaissant ainsi la même mésaventure que Crown Of Thorns qui avait du opter pour The Crown, Rhapsody devient Rhapsody Of Fire et sort son premier album sous ce nom en 2006 avec "Triumph or Agony". Encore une fois, les standards y sont appliqués à la lettre, mais avec la nette impression que l’inspiration diminue d’album en album.
Peut-être aurons nous droit à un sursaut salvateur pour leur prochaine réalisation ? Je propose une idée pour ça : embaucher Bo Summer au chant, ça c’est une proposition Trublion !

EDGUY - Theater of Salvation (1999)

Passons maintenant à Edguy. Quel metalhead n’a jamais entendu parler de ce groupe ? Ou au moins de son leader plus ou moins charismatique (question de point de vue : pour le trve blackeux, c’est une tarlouze qui chante comme un gay, pour l’amateur de bon metal qui ne se prend pas trop la tête, c’est un très bon chanteur et un sacré frontman, pour les gothopouffs, il est “trooooppppp beeeeaaauuuuuu, et il chaaannte trooooooooooppp biennnnnnn, je l’aiiiiiiiiiiiiimmme, même si il est pas très 666, kikoooloool, o fet, vizité mon blog c’é morticia-darkrprincess666-jesuisgothetnormale.skyblog.caume, kiissssss”).
Question de point de vue donc. En ce qui me concerne, je le considère comme un très bon chanteur (je suis donc un amateur de bon metal), et plutôt hyperactif (en effet, non content de chanter dans Edguy, il a fondé Avantasia, ce groupe All Stars). Et comme si ça ne lui suffisait pas, il apparaît en invité sur pas mal d’albums, de groupes plus ou moins reconnus : Shaman, Ayreon, Aina, le nouveau projet de Timo Tolkki, pour ne citer qu’eux. Qui n’en a jamais entendu parler ? … Pas grand monde.

Le groupe a été fondé en 1992 par 4 potes de classe : Tobias Sammet (chant, claviers, basse … Non, pas les 3 en même temps. Le bonhomme est certes fort, mais quand même…), Dirk Sauer (guitare rythmique), Jens Ludwig (guitare lead) et Dominik Storch (batterie). Ils sortent leur première démo, intitulée "Children of Steel", en 1994, puis une seconde dans la foulée, intitulée "Evil Minded".
Et en 1994 sort le premier album : "Savage Poetry". Le hic est qu’ils ne trouvent pas de label, le heavy metal et ses sous-genres étant considérés comme démodés. Quelle erreur, car bien qu’imparfait, cet album transpire la spontanéité juvénile. Des riffs accrocheurs, des mélodies inspirées, des refrains efficaces, un peu de clavier (essentiellement du piano), le tout servi par une production qui sonne garage, mais ça ne les rend que plus vrais. Le chant de Tobias, encore loin d’être parfait, est déjà sympathique. On sent la verve.Ce premier jet, limité à 1000 copies, est quasiment un coup dans l’eau. Mais en 1996, ils sont repérés par un petit label Allemand : AFM Records.
Et peu de temps après, en Janvier 1997, sort l’album "Kingdom of Madness", dans la veine de "Savage Poetry", mais en moins bon. Le groupe n’a pas beaucoup l’occasion de donner de concerts. Les premières critiques sont négatives. Horst Odermatt, directeur du festival Bang Your Head, joue les prophètes, en qualifiant Edguy de groupe sans avenir. 10 ans plus tard, le groupe jouera dans ce même festival, aux côtés de Heaven And Hell, WASP et Hammerfall, pour ne citer qu’eux. Que de chemin parcouru !!
Mais pour l’instant, nous en sommes encore à la sortie du premier album distribué, et les jeunes loups d’Edguy en chient. D’ailleurs, Dominik Storch quitte le groupe remplacé par Félix Bohnke, alias "Alien Drum Bunny" (la chanson "Save Us Now" lui rend un hommage débile, sur l’album "Mandrake"). Tobias Sammet quant à lui, abandonne la basse, pour se consacrer uniquement au chant (et un peu aux claviers, non mais ho!). Et Tobias "Eggi" Exxel (rien à voir avec le logiciel, d’ailleurs ça ne s’écrit même pas pareil, bande de cons) intègre le groupe en tant que bassiste.
Voici donc le line-up tel qu’il est depuis 10 ans.

En Janvier 1998, le Stade de France est inauguré. Chouette hein? La Coupe du Monde n’a qu’à bien se tenir. Mais bon… Le ballon rond, on s’en fout. En Janvier 1998 sort l’album qui marquera le début de leur reconnaissance : "Vain Glory Opera". Les critiques de la presse sont élogieuses, AFM passe un contrat avec NTS, ce qui fait que l’album est bien distribué en France et au Japon, où il connaît un grand succès. Timo Tolkki et Hansi Kürsch (ainsi que Ralf Zdiarstek, Norman Meiritz et Andy Allendorfer) y participent. Des personnalités plus ou moins éminentes, ça aide toujours.
La production est plus soignée, elle fait moins studio garage que les précédents. Il y a plus d’orchestrations, et les chœurs prennent une grande ampleur. Ceci restera une des marques de fabrique du groupe.
Suite à ce succès, le groupe commence une petite tournée européenne de 5 semaines, et jouera sur la petite scène au Wacken.
En 1999 sort l’album qui nous intéresse ici, je vais donc développer plus tard. Toujours est-il que cet album est un succès, et qu’il est à ce jour considéré par pas mal de monde comme le meilleur album du groupe.
J’y reviendrai…
En 2000, ils décident de réenregistrer le premier album, injustement mis aux oubliettes. Et quel réenregistrement ! Les titres prennent une nouvelle ampleur, agrémentés de chœurs et d’orchestrations, le tout dans une production soignée ! Et, mettant les petits plats dans les grands, la version originale de "Savage Poetry" est incluse, on peut donc comparer les progrès effectués, et ce pour chaque titre. Un régal !
L’année 2001 est chargée : Tobias Sammet sort le premier opus de son side-project All Stars : Avantasia. Opus qui connaît d’ailleurs un grand succès. Et en Septembre, "Mandrake", le nouveau Edguy, est dans les bacs.
La production est de plus en plus soignée, et le tempo se ralentit. L’album sonne plus heavy. Les titres speed sont toujours de la partie ("Golden Dawn", "Fallen Angels", "Save Us Now"), mais le reste est plus mid-tempo.
2002 marque la sortie du 2nd opus de Avantasia, qui ne fait que confirmer le succès du premier volet.
En 2003, ils sortent leur premier live (un double live plus précisément), enregistré pendant le Mandrake Tour. Si la setlist n’est peut être pas la meilleure, on a une bonne idée de l’efficacité du groupe sur scène, et du talent de frontman de Tobias Sammet, qui passe son temps à délirer avec le public.
2004 marque la fin du contrat avec AFM, et ils sortent donc leur premier best of : "Hall of Flames", qui est un double CD, le 2eme ne contenant que des inédits (que l’on peut trouver en bonustrack de certaines versions des albums précédents), dont "La Marche des Gendarmes", qui reprend le thème du Gendarme de St Tropez (dont Tobias Sammet est fan) version metal.
Edguy signe alors avec Nuclear Blast, entrant dans la cour des grands. Ils enchaînent avec Hellfire Club. L’album jouit d’une excellente production, mettant la puissance des guitares bien en avant (par moment, on dirait presque du Rammstein, mais attention!! ça reste du Edguy, donc titres plus ou moins speeds, riffs accrocheurs, chœurs, refrains entêtants). Et pour la première fois, ils s’offrent les services d’un petit orchestre symphonique (que l’on peut entendre sur le titre "Forever").
Enfin, en 2006, l’album "Rocket Ride" sort. Encore une fois, une bombe, bien heavy metal. Edguy évolue, mais reste Edguy. Plus de chœurs grandioses comme dans "Theater of Salvation", mais une efficacité toujours présente.

Et ce "Theater of Salvation" alors? Car c’est celui là qui nous intéresse.
Sorti donc en 1999, après le déjà très bon "Vain Glory Opera", qu’a-t-il à nous offrir ? Du bon, du bon, et du bon. Des mélodies mémorables, des refrains grandissimes, des chœurs grandioses (et je pèse mes mots!). Peu de choristes en fait, mais ils ont utilisé un logiciel permettant de juxtaposer les voix jusqu’à faire l’équivalent d’un chœur de 80 personnes. Et que ce soit en canon ou à l’unisson, ça donne ! Ecoutez la fin de "Land of the Miracle", le titre éponyme et ses 12 minutes 24, chef d’œuvre de heavy speed mélodique orchestral, ou tout simplement l’intro "The Healing Vision", qui nous met dans le bain… Ecoutez ça, et vous me direz si vous n’êtes pas émerveillés !
Les titres sont en majorité speed (l’excellentissime "Babylon", un des hymnes de mes débuts métalliques… Je me prends encore à chanter (mal) comme un taré à son écoute. Quelques mid-tempos ("The Headless Game", "Holy Shadows"), deux ballades : "Land of the Miracle", et son final en canon, majestueux, ou encore "Another Time".
On ne s’ennuie pas à l’écoute. Les mélodies reviennent, les refrains aussi, le schéma est traditionnel et connu. Mais le bon break au bon moment, le refrain joué d’une façon différente, et les changements de rythme font qu’on ne s’ennuie pas.
Et je ne parle pas du titre éponyme, qui, outre le fait d’être grandiose (de par ses chœurs), contient plusieurs thèmes mélodiques.
Comme une histoire que l’on raconte, dans laquelle chaque partie est prenante.
Que ce soit le chœur d’introduction, la transition vers un passage speed, le refrain grandiose, le break, le nouveau thème, et la conclusion.
Voici dont les ingrédients : guitares accrocheuses, basse accompagnant bien, batterie efficace et variée, vocaux très bien maîtrisés, que ce soit ceux de Tobias Sammet seul ou les chœurs (qui je le rappelle, sont grandioses).
On agrémente le tout d’orchestrations (chœurs au clavier, cordes, piano, orgue, clavecin), et hop, une touche grandiloquente habille le tout (mais sans sombrer dans le pompeux, ça reste sobre).
On y ajoute une bonne dose d’inspiration, et voilà comment on fait un des meilleurs albums de heavy speed mélodique à tendances symphonique. Et oui, malgré les influences de Helloween (Tobias Sammet est fan, d’ailleurs Kai Hansen est remercié à chaque album, et de façon plus ou moins délirante : "thanks to Kai Hansen, Hans Kaisen, Hai Kansen" peut-on lire dans le livret de l’album.), Iron Maiden, Stratovarius, cet album sonne "Edguy". Cette ambiance, c’est Edguy. On les reconnaît bien.
Comment parler de cet album sans être élogieux…. Je ne peux pas. Des défauts ? Je n’en vois guère. Ceux qui n’aiment pas le heavy speed mélodique n’aimeront pas. La voix de Sammet ne plaît pas à tout le monde. Peu importe, je m’adresse à ceux à qui ça plaît.

En conclusion, que dire, sinon que nous avons là l’un des premiers chefs d’œuvres de ce groupe, qui n’avait pourtant pas été aidé à ses débuts. En une décennie, ils ont accédé au trône du heavy speed mélodique. Cet album est le plus représentatif de la première ère Edguy, la 2nde étant plus heavy metal. Un plaisir, dont je ne me lasse pas, des années après.
A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas.
Excellent.
Un bon 16/20

ANGRA - Angels Cry (1993)

Amis blackeux, thrasheux, et deatheux, quittons un peu l’Europe, et tournons nous vers d’autres horizons metalliques. Allez, voguons…. Destination au hasard….Mmmmmm allez, j’aime bien le Brésil, pays de la jungle, de la samba dansée par des filles siliconées et colorées, pays du football, profondément christianisé. Pays également de groupes pas très catholiques : Sepultura, Vulcano et Sarcofago, qui on déjà fait parler d’eux.
Mais nous ne cherchons pas de brutalité aujourd’hui. Nous cherchons quelque chose de plus doux, de plus gentil. Un peu de calme et de beauté dans ce monde de brute ne fait de mal à personne, amis metalleux des extrêmes.
Je (je = morgothduverdon, moi donc, le narrateur personnage de cette triste histoire, dont je vais d’ailleurs vous narrer une partie, afin de briser la monotonie de la chronique purement musicale… Et oui, on cache son manque de talent comme on peut….) part avec quelques Trublions (BeerGrinder, Eulmatt, VasTaire, Ihopeyoudie, Mamafucker et moi même), sur un bateau reliant la France au Brésil. Et maintenant, j’utilise un peu le passé simple, ça apporte une petite touche littéraire, de bas étage certes.
Après une traversée relativement tranquille (hormis le fait que BeerGrinder a voulu faire manger sa guitare et son sombrero à un muchacho qui nous cassait les oreilles avec sa musique mexicaine depuis le début de la traversée, en échange de quelques pièces – en plus on va au Brésil, merde, pas au Mexique ! – et que Mamafucker a voulu se taper 5 danseuses de samba en même temps… Il est resté coincé et il nous a fallu 4 heures pour le sortir de là… alala, le bougre ! Ah oui, on avait aussi perdu Ihopeyoudie dans un conduit de ventilation, il était tombé dedans, et était trop petit pour remonter, le con… la curiosité est un vilain défaut), nous débarquâmes à Rio de Janeiro, entre les favelas et Copa Cabana.

Et voilà que nous rencontrons un homme, cheveux longs, metalleux en apparence, André de son prénom. Il nous dit qu’il est dans la merde : "ah, jé quitté mon 2eme groupé, Shaman, qué dé cons dédans. Alors jé vé faire mon projet solo, commé ça plou dé problème! Mais jé cherche dou matos, je n’ai plous rien, jé souis dans la mierda totalé! Vous qui véné d’Europé, vous né pourriez pas me filer ouné coup dé main? Madre de dios…."

- BeerGrinder : tu t’es fait virer de ton groupe, ou tu les as quittés ?

- André : Jé les ai quitté. Il né resté qué cé con dé batteur, qui croit qu’il peut faire lé groupe Shaman à lui tout seulé, ah ah, lé con !

- Mamafucker (qui a une voix rocailleuse, en effet, un bout de string d’une danseuse de samba n’a pas pu être décoincé) : Dis moi d’abord ton nom de famille mec! Moi je ne discute pas avec les gens qui ne se présentent pas totalement. Surtout quand ils ont une croix chrétienne autour du cou!!

- André : Hey, dou calmé mec ! Jé suis poli ok, alors resté poli. On n’a pas élevé les vacas ensemblé d’accord ! J’ai m’apellé André Matos.

- Mamafucker : mmph!!

- BeerGrinder, Ihopeyoudie, VasTaire et Eulmatt, en chœur : Ah ah, un André Matos qui cherche du matos, énorme ! T’es un comique toi ! Tu joues dans un groupe de comique metal ?

- André Matos : Quoi, vous n’avez jamais entendu parler dé moi ? Pourtant j’é souis un peu connu en Europé, j’ai chanté avec Tobias Sammet d’Edguy, moi !

- Mamafucker et Ihopeyoudie : Oh putain, un chanteur de gay metal… On est bien tombé ! Où est-ce que tu nous as emmené morgoth ??

- morgothduverdon : Rha, ça va, je vous ai dit qu’on allait explorer d’autres horizons plus calmes les gars…

- Mamafucker : Ouai, ben moi je me barre, il m’énerve ce gars, avec son accent à la con ! Je vais plutôt chercher les gars de Sarcofago ou Vulcano si je les trouve. Ca au moins c’est du metal comme il faut.

- Ihopeyoudie : Ouai Mama, je te rejoins. Le gay metal, très peu pour moi.

- Eulmatt : Pas trop mon truc non plus, je vais plutôt chercher les Cavalera.

- morgotduverdon : Non, Matt, pas toi… Ne m’abandonne pas… Enfin, reste au moins pour boire quelques bières…

- Eulmatt : Pour que je t’assiste pendant que tu gerbes ? Non, ça ira, j’ai vu quel effet avait un litre de bière sur toi, alors tu vas te calmer et te mettre au jus d’ananas !

- Mamafucker : De toute façon, on peut pas s’amuser avec un mec qui est bourré après avoir bu 8 pastis…

- morgothduverdon : Ouai, ben je ne bois plus de pastis de toute façon….

- Mamafucker : En plus tu ne fumes même pas, tarlouze.

- morgothduverdon : Ouais, ben moi au moins je crèverai pas comme une loque à 40 ans, na !

- Mamafucker : Non, tu crèveras d’un low kick par Mamafucker dans quelques secondes si tu continues à faire le con, ah ah ! Ou alors tu vas te faire racketter dans une favela. Ton petit kung-fu ne te sauvera pas.

- Ihopeyoudie : Tu pourras toujours appeler Gougniaffier à la rescousse.

- Eulmatt : Et Marsupilami.

- morgothduverdon : ah ah, très drôle.

- BeerGrinder : Bon c’est pas tout, mais moi aussi j’ai envie d’aller voir un peu les Cavalera, Sepultura, c’est quand même mythique.

- VasTaire : Moi aussi! Et puis, je n’y connais rien en "gay metal"…

- André Matos : ça va, jé né vous embête pas trop ? Vou né voulez pas m’aider ? Tant pis, rétournez écouter votre bruit!

- Mamafucker, qui commençait à partir, se retourne, furieux : Putain, mais tu te prends pour qui tarlouze !! Je vais t’éclater !!

- Les autres se précipitant : Du calme mama !!! Du calme !!! On va voir Vulcano, allez, il n’en vaut pas la peine, tu ne frappes pas les gays, on t’a dit ! Non, ça ne sert a rien, allez, viens, on va voir tes amis! Bon, salut morgoth.

- morgothduverdon : Sympa les gars. Tas de lâcheurs! C’était bien la peine de faire ce voyage !

- Les autres : En fait, on s’en tape de tes horizons calmes, on voulait juste un prétexte pour aller au Brésil voir Copa Cabana, les danseuses de Samba, nos groupes favoris, et un pigeon pour payer. Ca va, ce que tu as gagné au loto aura été utile. Allez, ne pleure pas, reste avec le gentil monsieur André. Ciaoooo.

- morgothduverdon : Attendez que je retourne sur le forum ! Je vous bannirai tous !

- Les autres : Petit chef!!

- morgothduverdon : Vous rentrerez à la nage !!

- Les autres : Tu te souviens pas ? Tu as payé l’aller retour, bedoueye !

- morgothduverdon : En plus vous prenez mes expressions… Vous me lâchez… non, c’est sympa les gars vraiment… On se retrouvera!!

- Les autres : Ecoutes, nous, on est pas en retard pour les comms, on n’attend que toi, sauf que tu préfères faire le con avec 4 sacs sur ton vélo au lieu de faire les comms. Tu cherches à battre le record de la mule ?

- morgothduverdon : Non, juste à rentrer chez moi.

- Les autres : La prochaine fois tu ne rateras pas ton permis, ça t’apprendra.

- morgothduverdon : CASSEZ VOUS !! Je veux plus vous voir !! Et pour le Doom, vous pourrez vous gratter pour que je vous aide. Surtout que j’y connais que dalle… Et toi Mamafucker, je te souhaite de tomber sur un trans, ça t’apprendra!!

- Mamafucker : t’inquiétes, ta mère m’a appris à reconnaître les trans. Allez, ciao tarlouze.

- morgothduverdon : va te faire…

- André : bon, mainténant que t’es là, tu né pourré pas m’aider?

- morgothduverdon : Non ! Mais puisque t’es là, tu va me parler de tes groupes, ça m’intéresse.

Et voilà comment j’appris que cet homme avait eu non pas un groupe, mais bien trois, avant de faire son projet solo, qui portait son nom.
Après avoir été chanteur du groupe de heavy metal Viper, il rejoignit les rangs de Angra.
Angra, première ère, je précise. En effet, le groupe a connu un important changement de line-up. Le groupe était composé de Kiko Loureiro et Raphael Bittencourt à la guitare, Hugo Mariotti à la basse et Ricardo Confessori à la batterie. Après l’album Fireworks, André Matos, Hugo Mariotti et Ricardo Confessori quittèrent le groupe pour fonder Shaman, qui connut également le départ de ces mêmes membres.
Les survivants d’Angra, quant à eux, recrutèrent un nouveau chanteur, un nouveau batteur et un nouveau bassiste. Le "nouveau" Angra a également sorti des perles.
Mais concentrons nous sur le Angra "première ère".
Après avoir sorti une démo assez chargée en 1992 et intitulée "Reaching Horizons", le premier album, "Angels Cry", sort en 1993. Il sera suivi de "Holy Land", de l’EP "Freedom Call" (1996 pour les deux) et de l’album "Fireworks" (1998), dernier avec le line-up originel. Egalement un mini live "Holy Live" est publié en 1997.

Intéressons-nous plus particulièrement à ce "Angels Cry".
Du heavy speed metal, avec une touche prog, parsemé de passages classiques et néo-classiques. Comme l’intro "Unfinished Allegro", qui est en fait une œuvre de Franz Schubert. Il est pourtant marqué que l’auteur est André Matos. C’est assez osé et l’exercice est périlleux, presque insolent, surtout pour un premier album. Il ne faut pas se rater. Et les gars d’Angra ne se sont pas ratés, au contraire.
Une fois l’intro terminée, on enchaîne avec "Carry On", qui à ce jour reste un des hymnes du groupe. On peut penser à Helloween, le titre est bien speed, avec un jeu de guitare que les citrouilles n’auraient pas renié. Mais il y a la patte des brésiliens. Déjà la voix de Matos, qui se trouve être une des meilleures du genre. Mais également toutes les orchestrations, omniprésentes. Omniprésentes, mais pas étouffantes. Angra sait alterner les passages purement heavy speed avec des passages purement classiques, ou mélanger les deux. Il faut dire qu’André Matos est chef d’orchestre de profession…
Après ce joyau arrive "Time" à l’intro acoustique (parsemée d’orchestrations), suivi d’un riff qui n’est pas sans me rappeler le titre "Metal Heart" d’Accept, de par sa structure. Un bon titre, plutôt mid-tempo.
Le titre éponyme est quant à lui une petite merveille, de 6.47 minutes : passages speeds en majorité, petits breaks du meilleur effet, comme celui vers 2 minutes 30, avec la mélodie presque orientale, suivi d’un passage instrumental, lui même suivi d’une version accélérée et orchestrale du Caprice n° 24 en la de Nicolo Paganini, le tout agrémenté de guitare et batterie. Excellent ! Le titre reprend ensuite de plus belle, mais la transition aurait pu être mieux faite. Enfin, les quelques petits défauts qui parsèment le disque n’altèrent pas trop sa qualité. Il s’agit d’un premier album, je le rappelle. Et rares sont les groupes qui en sortent un de cette trempe.
"Stand Away" est une sorte de ballade, commençant à la guitare acoustique et au chant uniquement, rapidement suivi d’un metal symphonique, où s’entremêlent chœurs, orchestrations, le tout accompagné par la voix de André Matos. Toujours les breaks, les petits interludes, les changements. L’étiquette prog n’est pas usurpée, même si on n’arrive pas au niveau d’un Dream Theater.
"Never Understand" à un côté marin, quelque peu exotique. Sa mélodie d’intro est excellente, le jeu guitare/basse est remarquablement bien trouvé.
"Wuthering Heights" est une reprise de Kate Bush et, ne connaissant pas l’originale, je ne peux pas faire de comparaison. Toujours est-il que la version d’Angra me plait.
"Streets of Tomorrow" est un titre bien metal, toujours dans la même formule, avec un interlude génialissime au milieu. L’intro est moyenne je trouve.
"Evil Warning" est le titre de la démo. Un des meilleurs de l’album, diablement bien orchestré. Je ne vais pas perdre de temps en futile description : génial, convient très bien.
"Lasting Child" conclut de façon toujours metallique, mais moins speed, progressant durant 7 minutes 33, avec une mélodie de fin, qui conclut de façon magnifique l’album.

Au final, un remarquable album, pour la première ère d’un groupe remarquable et exotique (surtout au niveau géographique pour ce premier album, il faudra attendre les suivants pour entendre plus d’influences locales dans la musique, même si elles ne seront jamais légion), exécuté par de très bons musiciens, que ce soient les deux guitaristes (écoutez donc les multiples soli, comme celui de "Never Understand", ou simplement les riffs…), le bassiste (quel jeu ! Bon, je n’y connais rien en basse, mais quand même), ou même le batteur. Je ne parle pas de Andre Matos, que ce soit au chant ou pour les orchestrations.
Et au niveau du style ? On peut dire qu’Angra ont été parmi les premiers à marier heavy speed helloweenien et musique classique (au travers d’orchestrations qui je le rappelle sont quasi-omniprésentes, mais jamais étouffantes, ni pompeuses, comme pourrait l’être celles de Rhapsody, pour ne citer qu’eux), qui plus est avec talent. De plus, leur situation géographique ajoute légèrement à leur singularité. Un grand album, indispensable du genre. Et pas forcément connu de tous.

A découvrir.

THERION - Lemuria / Sirius B (2004)

L’histoire de ce combo est longue et dense, c’est pourquoi je ne m’attarderai pas sur la première partie de la carrière de Therion, sa période death metal, non qu’elle soit inintéressante mais on pourra développer ceci quand on parlera de death suédois, le sujet ici c’est le metal symphonique.
Therion a donc un parcours assez atypique pour un groupe de metal symphonique, après donc deux albums death metal proches d’un style à la Entombed, Therion commence à s’ouvrir à d’autres styles dès son troisième album Symphony Masses qui proposait un death assez expérimental avec influences heavy, clavier, chant clair,… très surprenant pour l’époque. Nuclear Blast ayant pris Christopher Johansson et son groupe sous son aile, la carrière de Therion peut décoller et le premier chef d’œuvre arrive avec "Lepaca Kliffoth" (1995) sur lequel se détache des morceaux comme "The Wings of the Hydra" ou le single "The Beauty in Black".
"Theli" (1996) poursuit sur les mêmes bases, mais avec encore plus de moyens et les ventes de cet album explosent, dépassant de très loin le score de "Lepaca Kliffoth".
A partir de ce moment là, Therion va prendre un train de sénateur (malgré les multiples changements de line-up) et les productions vont s’enchaîner, C. Johansson et ses amis se contentant de reproduire le metal symphonique qu’ils savent faire, mais sans chercher vraiment à sortir l’album qui tue. "Vovin", "Deggial", "Secret of the Runes" connaissent tous un succès intéressant, même si dans cette période Therion nous aura aussi refourgué des choses plus mercantiles qu’autre chose, en particulier "A'arab Zarak - Lucid Dreaming" raclant un peu les fonds de tiroir.

Après la fin d’une tournée et la sortie de "Live in Midgärd" (2002), Therion va se mettre à travailler sur un projet beaucoup plus ambitieux. Ayant de nombreuses chansons dans son escarcelle, Christopher Johansson (car c’est bien lui le seul maître à bord) décide de mettre en boite un double-album. Markus Steiger, le boss de Nuclear Blast, a décidé de faire confiance à C. Johansson et d’offrir un budget conséquent à notre homme, résultat : entre l’orchestre symphonique, les pianistes, choristes, chanteurs et chanteuses lyriques, ce sont pas moins de 171 personnes qui ont contribué à l’enregistrement !
Et quel résultat que ce double-album dans la pure tradition de Therion avec une production pharaonique pour soutenir les fabuleux morceaux de "Lemuria" et "Sirius B".
Tout d’abord, il est important de préciser que le terme de symphonique peut réellement être appliqué ici, en effet Therion a travaillé avec une multitude de musiciens classiques, sopranos, choristes, pianistes,… et même l’orchestre philharmonique de Prague.
"Lemuria / Sirius B" était sorti à l’époque sous la forme d’un superbe double digipack au design détaillé et raffiné avec de multiples illustrations signées Thomas Ewerhard. Désormais, les deux disques sont disponibles séparément.
Les paroles ont été intégralement écrites par Thomas Karlsson, écrivain ésotérique et ami de Christopher Johansson. Celles-ci traitent des diverses mythologies de notre monde (indienne pour "Kali Yuga", égyptienne pour "Son of the Sun"…).
En fait, de nombreux titres sonnent résolument heavy metal, surtout ceux sur lesquels le chanteur Mats Leven apparaît, comme par exemple "Uthark Runa" où les guitares mélodieuses se mêlent au chant d’opéra et où la fin véloce et frénétique est digne des meilleurs moments de Helloween ou Judas Priest.
Sur "Lemuria", on retrouve même quelques passages de chant death ("Typhoon", "Three Ships of Berik") de Christopher qui avaient disparus depuis bien longtemps.
On notera que ce double-album est à la fois très varié et très homogène dans la qualité des morceaux : les violons plaintifs de "The Dreams of Swedenborg", le côté martial de "Freuer Overtüre / Prometheus Entfesselt", l’ambiance très seventies de "An Arrow from the Sun", la tristesse de "Dark Venus Persephone", le heavy / thrash de "The Blood of Kingu", la sophistication vocale et symphonique de "Melek Taus"… c’est aussi ce qui fait sa force, contrairement au "Nostradamus" de Judas Priest, là aussi un double-album concept, mais truffé de titres dispensables et redondants.
Avec ce double-album majestueux, Christopher Johansson et ses "employés" ont su extraire la quintessence même de leur style et arriver enfin à une quasi-perfection au bout de longues années de travail. "Lemuria / Sirius B" est donc avant tout un formidable aboutissement pour un musicien ayant toujours eu à cœur de produire un travail musical personnel. Un témoignage indispensable faisant passer presque tous les groupes de metal sympho à chanteuse pour des gamins faisant mumuse sur des claviers Bontempi.
Pour plus de détail, voir : ici et .

Après un magnifique mais onéreux coffret (4 DVD + 2 CD) contenant plusieurs lives, l’intégralité des clips et quelques interviews, Therion récidive en 2007 avec un nouveau double-CD : "Gothic Kabbalah", lui aussi d’une grande qualité mais tendant à s’éloigner un peu du metal qui a pourtant fait la renommée du groupe.
L’inspiration de Christopher Johansson semble inépuisable et bien malin qui pourra savoir dans quelles contrées musicales celui-ci mènera sa barque dans le futur.

SYMPHONY X - The Divine Wings of Tragedy (1997)

Deux années après la sortie du "Image and Words" de Dream Theater, album qui a contribué à développer considérablement le metal progressif, le guitariste Michael Romeo met sur pied en 1994 un projet metal progressif du nom de Symphony X. Comme le nom du groupe l’indique, les membres sont également intéressés par la musique classique. Le premier album "Symphony X" (1994) est donc du heavy prog’ avec influences classiques mais le résultat n’est pas à la hauteur et les américains se cherchent encore un style. Ce sera fait sur "The Damnation Game" (1995), bien plus personnel et homogène, sur lequel on peut nettement percevoir le talent des musiciens et notamment celui du nouveau chanteur Russel Allen.
Ayant enfin un line-up stable et un style clair, Michael Romeo et ses acolytes vont nous sortir en 1997 le premier chef d’œuvre de leur carrière, celui qui les fera connaître au petit monde du prog’ et du metal en général : le troisième album "TheDivine Wings of Tragedy".
Travaillant avec CNR, label phare du style comptant notamment Angra dans ses rangs, le combo va bénéficier ici d’un son béton et d’une distribution conséquente.

Mais ne nous trompons pas, Symphony X est très loin d’être un simple clone de Dream Theater, même s’il partage avec eux cette hallucinante maîtrise technique, on trouve sur "Divine Wings…" davantage de parties atmosphériques et symphoniques (d’où le nom du groupe). Mais paradoxalement, Symphony X est plus direct dans les riffs que leurs glorieux aînés. Ainsi, des titres comme "Of Sins and Shadows" ou "The Eyes of Medusa" nous offrent des riffs carrés et couillus comme trame centrale du morceau.
Cependant, pour ceux qui auraient oublié que nous avons ici à faire à un groupe de prog’, on trouve bien évidemment de longs morceaux articulés autour de thèmes multiples et variés dont l’équilibre est le maître mot. En effet, les musiciens savent parfaitement doser les parties prog’, heavy plus classique, ainsi que les soli de synthé et guitare et les passages acoustiques ou atmosphériques. Ainsi, un titre comme "The Accolade" (9.51) passe comme une lettre à la poste. Mais ceci n’est rien en comparaison du plat de résistance composé des 20.41 de "The Divine Wings of Tragedy" ! Challenge difficile même pour des musiciens de leur trempe, mais le défi est relevé : après un début avec des harmonies vocales à la Queen, le pavé va crescendo délivrant un à un ses thèmes et permettant à chaque musicien de s’exprimer (se lâcher …) chacun à son tour.
Preuve supplémentaire de l’efficacité des compositions, une chanson comme "Pharaoh" provoquera sans nul doute un headbang incontrôlé mieux que n’importe quel morceau de heavy metal traditionnel, ainsi les plus de soixante minutes de l’album se digèrent sans aucune difficulté. Cet album aura réussi l’exploit d’intéresser les metalheads au-delà des seuls amateurs de metal progressif. Voilà pourquoi cette galette se devait de figurer dans notre sélection : transcender les clivages n’est pas donné à tout le monde !
La force de Symphony-X est d’allier ici le talent de Dream Theater avec les atmosphères à la Rhapsody voire Queen, tout en gardant dans les riffs une identité metal bien forgée et malgré une pochette spéciale et un peu "fleurs bleues", "The Divine Wings…" a apporté au groupe un succès largement mérité.

Une fois sur l’autoroute de la réussite, les américains vont enchaîner les albums, tous plus réussis les uns que les autres, "Twilight in Olympus" (1998) et "V" (2000), concept-album qui voit les limites du style repoussé, surferont avec bonheur sur la vague du succès.
Après le live de 2001, "The Odyssey" (2006), leur 6ième album, est synonyme d’apothéose et de reconnaissance mondiale et après un temps de silence, "Paradise Lost" sort en 2007 et nous montre un Symphony X nouveau qui se tourne davantage vers le thrash metal, démontrant que leur immense talent n’est pas figé.

KAMELOT - Karma (2001)

En cette période estivale, alors que la majorité est en vacances, en train de se faire dorer la pilule sur une plage quelconque, ou de se balader en forêt, ou au bar du coin pour tromper un ennui malsain, quelques Trublions, réunis, attendent quelque chose autour d’une table, nerveux.

- BeerGrinder : Mais qu’est ce qu’il fout ce con, putain !! Il avait dit "dans deux jours ça sera bon", et là ça fait 3 semaines qu’on n’a pas une seule nouvelle, pas un signe, rien !!

- Eulmatt : Je pensais voir sa comm après mon retour, mais non, rien.

- BeerGrinder : On devait finir le 7 juillet bon sang !!! Le 7 juillet !! On est le 15 Août, et toujours rien, merdalore !!

- Eulmatt : Qu’est ce qu’il peut bien faire… Je sais bien qu’il travaille et qu’il est dans un coin plus que paumé, mais quand même…

- BeerGrinder : Et résultat, on est là comme des cons!!

- Ihopeyoudie, qui est en train de boire une bière avec Mamafucker un peu plus loin, lance d’un ton railleur : Alors les gars, ça avance cette sélection sympho ?

- BeerGrinder : Ben on attend ce putain de Morgoth, qui devait publier sa comm de Kamelot il y a 3 semaines, et depuis, plus de nouvelles, fais chier !!

- Mamafucker : Ah, ben c’est ça avec les genres de tarlouzes…

- Ihopeyoudie : En plus, Kamelot, voilà quoi… Rien que le nom… On a le choix entre Alexandre Astier ou de la Camelote ou quoi ? Ou les deux ?

- Eulmatt et BeerGrinder : Jamais écouté, peut pas dire…

- BeerGrinder : Oui, enfin, si il fait partie du top 15, ce n’est pas pour rien je pense.

- Ihopeyoudie : Si ça ne tenait qu’à moi, ce top 15 n’existerait pas. Ou alors dans l’autre sens.

- BeerGrinder : Ca veut dire quoi ça?

- Mamafucker : Ben, que c’est de la merde !

- Eulmatt : Petit con va !

- Ihopeyoudie : Vieux con va !

- BeerGrinder : Très drôle! Enfin, j’ai pas trop envie de rire, qu’est ce qu’il fout ce PUTAIN de Morgoth ???

- Mamafucker : Peut être qu’il est mort ? Ou alors il est resté coincé dans une fille, mode Lemmy qu’il disait… Mais je gage plutôt pour un indigène de son village coincé en lui.

- Ihopeyoudie : Peut être que son ordinateur a explosé, que son téléphone ne marche plus, ou que son patron a fini par le tuer… Le 56K c’est terrible.

- BeerGrinder : Ouais, enfin, il fait chier quoi !! Le salaud, modérateur de mes fesses, qui disparaît comme ça !

- Mamafucker : Ihope, ton portable sonne.

- Ihopeyoudie : Ah ouais, merci. Qui c’est ? Putain, quand on parle du loup !! C’est Morgoth !! Allô ? Ouais, ça va. Tu sais que certains manquent de t’attendre depuis 3 semaines ? Ah, tu l’as ? Quoi, tu veux me le dicter ? Putain, tu fais chier ! Ben tu sais quoi, je te passe BeerGrinder.

- Eulmatt : Ah, ben il n’est pas mort, mieux vaut tard que jamais…

- Archevil, qui était resté silencieux depuis le début : Là c’est plus que tard… Pire qu’un plombier… Enfin, je ne suis pas le mieux placé pour parler.

- BeerGrinder : Oui, mais au moins tu as tout fait. Ihope, passe le moi ! Allô ! Mais qu’est ce que tu foutais connard ??? Surbooké ? Mais merde quoi, tu donnes un signe, quelque chose. Ah ouais, les orages, le vélo, la maçonnerie toute la journée, le 56k, la fatigue, tout ça ? Oui, d’accord, mais merde… Bon, envoie ton truc, enfoiré ! Ok, je note.

Poursuivons notre tournée en Amérique. Après Angra, nous montons à Tampa en Floride pour faire la connaissance de Kamelot, groupe désormais incontournable de la scène metal symphonique, avec son chanteur charismatique Roy Khan, au registre vocal plus que bon, et ayant l’avantage de sortir des clichés helloweeniens ou angraesques.
Outre Roy Khan, le groupe est composé de Thomas Youngblood à la guitare, Glenn Barry à la basse, Casey Grillo à la batterie, et depuis peu, Olivier Palotai aux claviers. On trouve également quelques invités au fil des albums : Luca Turilli (Rhapsody Of Fire par exemple), Jens Johansson…
Cependant, si le groupe jouit d’une popularité assez importante aujourd’hui, ce ne fût pas toujours le cas. Les débuts furent difficiles. Les deux premiers albums ("Eternity" en 1995 et "Dominion" en 1997) sont plus que moyens. Production moyenne, chant moyen, batterie moyenne. Ce qui conduisit le leader Thomas Youngblood à virer le batteur et le chanteur de l’époque (respectivement Rickard Warner – ne pas confondre avec Richard Wagner – et Mark Vanderbilt), pour prendre Roy Khan et Casey Grillo. Depuis lors, le line-up n’a pas bougé. Ce qui est bon signe.
L’album "Siege Perilous" sort en 1998, avec le line-up remanié, mais même si il y a des progrès, ce n’est pas encore ça. On sent du potentiel, mais il manque quelque chose.
Il faut attendre "The Fourth Legacy" (2000) pour voir enfin un album prometteur. Il est suivi d’un live ("The Expedition", sorti en 2000 également), qui se défend pas trop mal d’ailleurs (surtout quand il est acculé), ainsi que de l’album "Karma" (2001), qui est une petite perle, non sans être dénuée de défauts. Il faut attendre l’album "Epica" pour voir ce qui à mes yeux reste comme leur chef d’œuvre. Il sera suivi de "The Black Halo", qui est également un chef d’œuvre, mais j’ai une préférence pour "Epica". Un double live sortira ensuite ("One Cold Winters Night"), suivi d’un The Ghost Opera" bien plus progressif que les autres.

Car le groupe joue un style assez unique. Niveau guitares, on peut penser un peu à Rhapsody. Mais c’est tout, la musique de Kamelot est bien moins "envolées épiques avec dragons et chevaliers et surtout le mighty warrior", malgré la présence de Turilli sur "Epica", qui est l’album le plus abouti du groupe. Pour ce qui est des orchestrations et arrangements, on trouve Sasha Paeth et Miro, que l’on retrouve dans le projet solo de Luca Turilli, dans Shaman, et bien d’autres encore.
Des orchestrations omniprésentes, mais pas grandiloquentes. Ceci constitue la différence fondamentale entre Kamelot et Rhapsody.
Enfin, la musique de Kamelot est toujours plus ou moins parsemée de touches progressives.
Et pour terminer, la voix de Khan, unique en son genre et chargée d’émotions. Le bonhomme s’est amélioré d’albums en albums.
Alors, ce "Epica" ? C’est le premier album du groupe que j’ai connu. J’avais accroché à quelques titres sans plus. Je ne m’étais pas trop investi dans l’écoute. Mais quelle erreur !! Quelle richesse que ce concept-album! Que ce soit "Center of the Universe", qui ouvre le bal avec son interlude au chant féminin et piano, "Descent of the Archangel" et sa touche electro, "Lost & Damned" qui est mon titre favori, ou "Snow", le bonustrack qui conclut magnifiquement l’album, rien à jeter. Et j’en ai passé…
Donc, l’album Epica est…

- BeerGrinder : Mais mais mais mais !!! Qu’est ce que tu nous fais ??? C’est Karma que tu dois commenter !!!! Karma !!! Pas Epica, mais Karma !!!! Tu rectifies ? Ok, fais vite ! Non mais je rêve…

Bon, "Karma", c’est l’album qui précède "Epica". Il est plus direct, tout aussi bien orchestré, mais à la différence de "Epica", il part moins dans tous les sens. "Epica" est bourré d’interludes, mais c’est un concept, contrairement à "Karma".
Niveau musical, c’est du pur Kamelot, du très bon donc. Mais, je me répète, plus direct, un poil moins progressif. La part d’hymnes est là : l’intro "Regalis Apertura", bien épique, qui fait voyager, peut-être arabisante sur certains côtés, épique, orchestrale uniquement. "Forever", un des hymnes du groupe, inoubliable. "Wings of Despair" et son riff de début assez "rhapsodien", "The Spell" et son intro electro. "Don’t You Cry", la ballade, traitant de la mort du père du guitariste. Je n’ai pas trop accroché au chant de Khan au début, partant trop dans les aigus à mon goût, mais des aigus pas encore trop maîtrisés. Le chant est en effet bon, mais pas encore au niveau de "Epica". Mais ce ne sont que quelques imperfections, il procure déjà son lot d’émotions.
Le titre éponyme est mon préféré de l’album, avec sa double-pédale, ses accords de piano, son refrain qui s’accroche dessus, la voix de Khan, magnifique… Inoubliable également.
La suite de l’album est semblable : "Across the Highlands" sonne bien épique, assez rhapsodien. Les 3 dernières chansons sont une sorte de concept-album dans l’album, intitulé "Elizabeth", avec un titre qui s’étend sur 11 minutes d’écoute agréable ("Fall from Grace").

En conclusion, que dire ? Le premier album de Kamelot frisant avec le "très bon", les précédents n’ayant pas passé la barre du "bon". Un groupe original, avec une musique très riche, que ce soit en émotions ou en arrangements, et qui atteindra la barre de "l’excellent" avec les deux albums suivants. (Excellent pour les fans du genre, je précise, je sais très bien que pour Mamafucker ou Ihope, ça ne sera pas excellent, hé hé…)
Presque très bon. 14,5 / 20.

- BeerGrinder : C’est tout ? Pas très long je trouve. Enfin, on n’a plus le temps. Allez Vinterdrøm, au travail, je suis sûr que ce cochon a fait plein de fautes d’orthographe !!

Article réalisé par BeerGrinder et Morgothduverdon (initialement publié le 1 Septembre 2008)

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