LA SELECTION HEAVY METAL


BLACK SABBATH - Black Sabbath (1970)

Et Satan créa le heavy metal.
Oh bien entendu, il y a déjà quelques années que le Malin avait eu quelques échos de l’existence d’une prétendue musique de "possédé", nommée le rock n’roll. Cela lui avait d’abord provoqué un sourire amusé, en voyant ces vieux puritains américains hurler au diable, mais bientôt, une idée Diabolique - évidemment - germa dans l’esprit de Satan.
Celui-ci choisit d’aller faire un tour du côté de Birmingham, dans la grise Angleterre industrieuse, exsangue par la Seconde Guerre Mondiale. Là, il prit possession (au sens premier du terme) des esprits de quatre jeunes gens. Il commença son ouvrage avec le jeune Tony Iommi : son premier acte maléfique fût de sectionner deux phalanges du garçon alors apprenti, tandis que celui s’afférait sur une machine dans un atelier de métallurgie. Pour quel résultat me direz-vous ? Le Malin portant bien son nom, l’action de celui-ci, d’apparence dérisoire, fût le déclenchement de tout. Le jeune Tony, dont la passion pour la guitare n’était sans doute pas fortuite, fût contraint, les années passant, de jouer en sous-accordant ses cordes à cause de son handicap. Le son qui en découle est révolutionnaire, grave, sombre et tout à fait au goût du démon.
La deuxième recrue se nomme John Michael Osbourne, surnommé Ozzy. Même la famille de ce dernier se rendit à l’évidence que ce garçon était possédé : gagnant son argent de poche dans un abattoir, il gagnait surtout son pain en faisant dans le larcin, ce qui lui valut rapidement d’avoir un casier bien rempli.
Le troisième, Bill Ward, inquiétait lui aussi par une précaire santé mentale, qu’il parvenait tant bien que mal à canaliser en se mettant à la batterie. Satan ayant quand même bien étudié la question, il se rendit compte qu’il manquait un bassiste, et mit son grappin sur un jeune psychédélique et excentrique du nom de Terry Butler, étrange garçon toujours vêtu de vert…
Le Malin laissa quelques années aux jeunes gens pour se parfaire, leur soufflant à l’occasion quelques tuyaux pour les amener invariablement au résultat espéré. Jouant sous le nom de Earth, les Anglais se font un nom par le bruit de leur rock n’roll, très amplifié et bruyant.
Lorsque tout sembla en place, le diable prit définitivement possession du groupe, qui inconsciemment se rebaptisa Black Sabbath, du nom du morceau monstrueux qui venait d’accoucher : Black Sabbath, l’acte de naissance maléfique du heavy metal. Un univers désespéré de fin de monde inédit aux oreilles des fans de rock n’roll, subjugués par la noirceur, la puissance et l’inspiration démoniaque de ce premier morceau de l’histoire du Metal.

Le Mal était fait, et dès lors, l’histoire de Black Sabbath redevient une de ces légendes humaines, vivantes mais inspirées pour de longues années.
Le coup de tonnerre se répercuta en un longue écho, qui s’amplifia jusqu’à la sortie de…"Black Sabbath", le premier album éponyme du groupe, en Février 1970. Le premier disque de Heavy Metal est forcément voué à un culte mérité. Outre son premier morceau dont nous avons déjà parlé, Black Sab’ présente déjà de futurs grands classiques, comme "Wicked World" ou "N.I.B", typiques du jeu déhanché et lourd du groupe, avec les vocaux inquiétants d’Ozzy en maître de cérémonie. Ce premier opus reste toutefois largement influencé du hard rock de ses contemporains, malgré une thématique et une atmosphère en marge.
Le succès, sans être démesuré, est suffisant pour que la maison de disques du groupe invite les quatre musiciens à se remettre au travail : avant la fin de l’année 1970, le groupe a achevé la composition de "Paranoid". Le mythe explose, il n’est plus seulement l’étincelle, il devient le lourd socle fondateur de tout un mouvement. Désormais nettement détaché des influences blues-rock trop évidentes, Black Sabbath pose des bases musicales définitives : le riff légendaire de "Paranoid", son utilisation de la corde à vide pour donner cet effet rythmique imparable, l’hypnotique "Iron Man" et son ambiance de plomb, sans parler d’un hymne du heavy metal repris cent mille fois : "War Pigs". Là encore, Black Sabbath innove. La thématique anti-militariste, évoquée de manière aussi crue et noire, tranche avec les discours éculés et peace and love de beaucoup de ses contemporains. C’est surtout dans la manière de lier ces paroles dures, engagées (et évoquant Satan par dessus le marché), avec cette musique d’acier qui impressionne et frappe les imaginaires. La lente descente musicale en enfer, avec cette fin guitaristique jouissive, est d’un lyrisme unique. Le heavy metal et la profondeur de son impact auprès du public prend corps.
L’album comporte également des morceaux plus étonnants, comme l’étrange balade "Planet Caravan" ou l’angoissant "Hand of Doom", venant parachever une œuvre fondamentale, à la fois plurielle et homogène de par son atmosphère.
Mal accueilli par la critique, "Paranoid" devient la référence de toute une nouvelle génération qui va se lancer à corps perdu dans la voie tracée. Mais Black Sabbath ne s’arrête pas là, sa diabolique inspiration semblant sans faille.
"Master of Reality" sort courant 1971, et une nouvelle étape est encore franchie. C’est en effet sur ce troisième album que Black Sab’ parvient à ce fameux son légendaire, dû à un accordage plus bas de la guitare et de la basse. Des classiques comme "Children of the Grave" ou "Into the Void", une nouvelle fois, révolutionnent un peu plus le paysage musical. Le riffing de fer, très puissant et pesant, bien encadré par une rythmique implacable, sert d’ossature à des compositions dévastatrices, toujours diaboliquement inspirées pour créer des ambiances lugubres et impressionnantes. La césure définitive avec son cousin le hard rock est désormais achevée.
Le culte n’a jamais été aussi fiévreux, les concerts dantesques se multiplient. Black Sabbath varie un peu les plaisirs sur Vol.4, mais tout en conservant des hymnes de heavy metal de très haute volée ("Snowblind",…), et se montre plus audacieux encore sur un "Sabbath Bloody Sabbath" certes culte (surtout grâce à son morceau éponyme), mais s’éloignant indiscutablement de la sphère occulte du groupe. C’est que la drogue fait des ravages au sein du groupe, Ozzy en tête, et que la dispersion musicale s’en ressent. La première période dorée s’évapore au fur et à mesure des errements du groupe. Cette première période, celle de la légende, s’achève dans la douleur. Aucun des albums suivants, Never Say Die compris, ne retrouve le merveilleux impact de ses prédécesseurs. La nouvelle génération du heavy metal est désormais bien en marche, et il faudra attendre le remplacement de Ozzy Osbourne par Ronnie James Dio au chant pour que Black Sabbath retrouve la place qui lui échoit parmi les leaders du heavy metal. Mais ceci est déjà une autre histoire, celle où la légende survit.
Pour le reste, au travers de "Paranoid" ou "Master of Reality" (entre autres), Black Sabbath a tout inventé. Son immense aura, et les territoires musicaux défrichés permettent rapidement à toute une génération de se lancer dans l’aventure du metal. Dès la sortie de "Paranoid", un jeune groupe de Birmingham nommé Judas Priest est décidé à suivre la voie tracée par le maître…Rob Halford voit d’ailleurs en cet album un acte de naissance qui l’inspira pour la carrière que l’on sait.

A plus long terme, l’inspiration de Black Sabbath ressurgit de tous les pores du heavy metal : outre la structure musicale classique (le riff, le son, les structures), les thématiques abordées et le goût pour l’occulte et les ambiances plombées…du heavy au black metal, l’ombre des géants de Birmingham est partout.
La force primitive de sa musique est telle, qu’au milieu des années 80, à l’heure où le heavy metal vit sa transition la plus profonde, on trouve des groupes pour entretenir le flambeau et continuer à jouer la musique d’origine de Black Sabbath, l’essence la plus pure du heavy metal. Le doom est né, et quarante ans après les débuts de la légende, ce style demeure aujourd’hui l’un des plus authentiques et des plus profonds de l’univers tentaculaire du heavy metal.
Si la main de Satan n'est pour rien là dedans...

DEEP PURPLE - In Rock (1970)

Comment aborder un monument comme le heavy metal sans parler des pères fondateurs de ce mouvement musical. En effet, si le metal tel que nous le connaissons aujourd’hui en est là, c’est bien grâce à des groupes comme Black Sabbath, Led Zeppelin et Deep Purple. Non pas que la musique jouée par ces monstres du rock s’apparente à du Iron Maiden, du Manowar ou encore du WASP, les influences premières du heavy metal sont beaucoup plus fines et profondes qu’il n’y parait. Autant la suprématie de Black Sabbath au fondement du metal est indéniable, autant faire le lien entre Deep Purple  et le heavy est beaucoup plus discuté.
Formé en 1968 à Birmingham, ville connue pour avoir abrité des groupes comme Black Sabbath, Electric Light Orchestra, Spencer Davis Group ou encore Judas Priest, Deep Purple a vu le jour au noyau dur du rock et du metal. Nous pouvons constater que tout au long de sa carrière, le groupe a très souvent changé de style, apportant parfois des touches jazz, blues voire même classique. Le niveau exceptionnel des musiciens ayant intégré cette formation n’y est pas pour rien. Leur technique et leur polyvalence a pu permettre au groupe d’intégrer toutes ces influences diverses qui font le "son Deep Purple".
Parlons maintenant des différentes périodes du groupe. En effet, en 40 ans de carrière, vous imaginez bien que Deep Purple a vu le passage de bons nombres de musiciens. Avant d’adopter ce nom là en cette année 1967, le guitariste virtuose Ritchie Blackmore et Jon Lord qui lui, compose et joue de l’orgue et du piano, montèrent Roundabout. Ils ont été rapidement rejoints par Rod Evans au chant, Nick Simper à la basse et Ian Paice derrière les fûts.
Avril 68, Deep Purple est né. Cette première formation nommée Mark I, sévira d’Avril 68 à Juin 69. Ils sortirent leur premier album en juillet 1968 sur label anglo-saxon Parlophone. "Shades of Deep Purple" contient des morceaux comme "Hush" qui sont relativement rapides pour l’époque, mais aussi, une reprise qui en dit long. En effet, "Hey Joe" montre bien l’influence du groupe. C’est à l’origine un titre de Billy Roberts repris par Jimi Hendrix, extrêmement connu en 68, qui est sorti en single en décembre 66. Hendrix est un guitariste ayant influencé Blackmore, notamment avec son utilisation si particulière des pédales à effet. Il est aussi une influence majeure des premiers groupes de heavy metal et de tous les guitaristes qui suivirent. Il est évident que le clin d’œil avec cette reprise est non pas pour Roberts mais pour Hendrix. Avec ce premier album, Deep Purple joue dans un registre rock à tendance psychédélique voire pop avec plusieurs balades comme "Help" ou "One More Rainy Day".
En 1969, Deep Purple sort "The Book of Taliesyn", album toujours dans la lignée de "Shades of Deep Purple" mais introduisant quelques titres speedés comme "Wring That Neck" ou "We Can Work It Out" qui montrent bien la tournure que va prendre le groupe un an plus tard. Une influence classique est largement palpable sur le morceau "Anthem", qui montre la technicité imparable des musiciens.
Sorti au mois de Novembre de la même année, l’album éponyme, dernier avec Rod Evans au chant, est sûrement le plus varié de Deep Purple. Un recueil de morceau plus somptueux les uns que les autres mais tout aussi différents. L’album démarre sur "Chasing Shadows" qui donne le rythme. Batterie rapide, voix en retrait, morceau très rock & roll rappelant certains titres de Creedence Clearwater Revival. Un pas de plus vers la consécration "In Rock". Il y a deux titres qui m’ont particulièrement touché. Le premier ce nomme "Lalena", c’est une balade d’un peu plus de 5 minutes où nous pouvons voir toute l’ampleur du talent de Rod Evans, qui transporte littéralement avec son grain si particulier. C’est un morceau relativement mélancolique dans la veine du très connu "When a Blind Men Cries" sorti sur la réédition  "Machine Head Box".  Pour le second titre, il s’agit de "April" : morceau rappelant  le rock psychédélique des Pink Floyd, notamment sur "Atom Heart Mother" sorti un an plus tard. Une petite intro à l’orgue pour ce long voyage de 12 minutes qui n'est pas sans provoquer quelques frissons à l'arrivée de la guitare. Encore une fois, nous pouvons constater le niveau exceptionnel des musiciens, leur sens de la composition et surtout le feeling inimitable et inégalable de Sir Ritchie Blackmore qui nous livre là un solo d'une beauté indéniable qui met tous les amateurs de old-rock sur la même longueur d'onde. Nous pouvons constater des passages de musique classique et surtout un blues magnifiquement bien exécuté sur la fin du morceau. Le genre de composition que nous ne retrouverons jamais aujourd’hui à la vue de la scène rock actuelle.

Le mois de juin 1969 marque le départ de Rod Evans et de Nick Simper. Ils furent remplacés par Ian Gillan au chant et par Roger Glover à la basse. Ce nouveau line-up nommé Mark II sortira les deux albums les plus influents du groupe sur la scène metal et hard rock. L’influence première vient d’un Ian Gillan particulièrement efficace au chant. Son timbre exceptionnel, sa capacité de monter dans les aigus font de lui une influence majeure de tous les groupes de la NWOBHM.
Le temps d’adaptation des deux nouveaux arrivants fût de courte durée. En effet, de fin 69 à mi 70, le groupe enregistre ce qui va être l’album posant les bases d’un nouveau courant musical que les critiques de l’époque nommèrent hard rock / heavy metal, les deux styles n’étant pas réellement démarqués en cette année. La consécration "In Rock" est sortie en septembre 70, et quelle claque pour la scène rock. Un son nouveau, relativement proche de ce que faisait Blues Cheer, mis les anglais sous les projecteurs. En 70, Deep Purple est incontournable, enchaînant les concerts qui remplissent des salles entières. Quoi de plus normal après la sortie d’un best seller. Des rythmiques imparables, un Ian Paice monstrueux derrière les fûts, un Blackmore fidèle à lui-même, un Jon Lord d’une virtuosité exceptionnelle et sans parler d’un Gillan totalement monstrueux et novateur, qui grâce à sa puissance permet à Deep Purple d’explorer des contrées encore inconnues.
L’album démarre fort, le titre "Speed King" pose le ton : c’est énervé, ça va vite et c’est exécuté à merveille. Le changement par rapport au précédent est radical. Des titres comme "Flight of the Rats" qui finit d’une manière apocalyptique, ou encore "Into the Fire" qui est très rock & roll sont la preuve que le groupe peut toujours mélanger les influences à merveille. D’ailleurs, sur ce titre, Gillan montre qu’il peut durcir sa voix pour donner une autre atmosphère foncièrement plus hard à la musique de Deep Purple, ce qui est un atout majeur pour le groupe. Vous l’aurez compris, cet album regorge de titres plus terribles les uns que les autres, chacun influençant à différents points le futur heavy metal tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Cependant, un titre sort du lot. Il s’agit de "Child in Time", véritable monument de la musique rock, alliant parfaitement mélodie et mélancolie, mais aussi une vitesse d’exécution impressionnante avec un chant complètement barré. Le titre démarre sur quelques notes d’orgue où le style de Lord est immédiatement reconnaissable. L’arrivée du chant de Gillan vient nous cueillir pour entamer un voyage dans les méandres "Deep Purple". La structure du morceau est très complexe mais elle suit un fil conducteur particulièrement cohérant. Même lorsque Gillan monte dans les aigues avec sa voix si particulière mais qui n’est pas sans provoquer quelques frissons, nous avons le sentiment que tout est programmé à la seconde près. Les solos de Sir Blackmore sont toujours effectués avec ce feeling qui lui est propre, ce qui amène un peu plus de magie à ce titre. D’ailleurs, il marquera à jamais les esprits tant les influences sont là, les plus grands groupes de heavy comme Maiden ou Priest citent Deep Purple et "In Rock" comme leur première influence, à la différence que Deep Purple ne s’est pas débarrassé de ses racines blues largement palpables sur l’ensemble de leur carrière. Ainsi, une des premières pierres du heavy metal fût posée d’une manière remarquable et c’est ainsi que Deep Purple rentra dans le mythe avec un "In Rock" musicalement parfait et réellement novateur.

Un an s’écoule, après avoir sorti le single "Strange Kind of Oman", le groupe sort un album live enregistré lors du concert à Long Beach en Californie le 30 juillet 1971. Il y a 4 titres sur ce live, "Speed King" et "Child in Time" de "In Rock", "Strange Kind of Oman" et le morceau "Mandrake Root" du premier album "Shades of Deep Purple", également joué lors du premier concert du groupe aux États-Unis le 18 Octobre 1968 en première partie de Cream, sorti sous le nom de "Live at The Forum Inglewood" en 2002.
Deux mois après ce concert, le groupe sort son cinquième album, second de la période Mark II, qui se nomme "Fireball". Un album que l’on pourrait qualifier de passerelle entre les deux masterpieces que sont "In Rock" et "Machine Head". En effet, cet album n’est pas novateur comme "In Rock" mais il s’agit tout d’une très bonne œuvre, sa force se résume à des morceaux comme "Demon’s Eye" avec son riff monstrueux, qui à largement inspiré les Pink Floyd en 73 pour la sortie de leur album culte "Dark Side of the Moon", en particulier pour le titre "Money".
Leur séjour aux États-Unis n’a pas laissé le groupe indifférent, car à l’écoute de "Anyone's Daughter", nous pouvons sentir une certaine influence country, notamment au niveau des riffs de Blackmore. Une fois de plus, cette influence est parfaitement intégrée par rapport à l’ensemble de l’œuvre, et à aucun moment nous avons l’impression d’être dépaysé et c’est bien là que réside la force de Deep Purple. Cette capacité à intégrer des éléments complètement différents et à rendre le tout homogène. C’est aussi là que l’on peut faire la différence entre de bons musiciens et des virtuoses.

Après "Fireball", le groupe s’installe en Suisse, au bord du lac Léman dans le but d’enregistrer un nouvel album. Sorti en Mars 1972, "Machine Head" est à l’heure actuelle l’album le plus reconnu de Deep Purple. Il s’agit bel et bien de l’album le plus heavy metal du groupe. Le premier titre, "Highway Stars", met en jambe. Une rythmique furieuse qui donne envi de bouger les cervicales, un Ian Paice particulièrement efficace derrière les fûts. Mais le plus impressionnant dans ce morceau est la vitesse à laquelle Blackmore effectue son solo. Rien de tel n’avait encore était entendu en cette année 72. Blackmore inventa alors une façon de jouer, enchaînant les notes à des vitesses vertigineuses, il s’imposa alors parmi les plus grands et influença bon nombre de guitaristes.
Une petite anecdote flotte autour de ce disque et plus particulièrement autour de la chanson phare du groupe, "Smoke on the Water". En effet, après avoir assisté à un concert de Frank Zappa, un incendie frappa le casino où le groupe était installé. Un membre du groupe décrivit la scène en disant simplement : "smoke on the water, fire in the sky!". Blackmore fit le reste au niveau de la composition et c’est ainsi qu’est né l’hymne de Deep Purple, mainte et mainte fois reprise, notamment par Metallica. "Machine Head" s’éloigne un peu plus des influences blues largement présentes sur les précédentes réalisations, c'est pour cela que cet album est cité comme référence par la plupart des groupes de heavy post-75.
"Machine Head" fût l’album le plus influant sur la scène heavy metal avec "In Rock". Un an après cette révolution, et après avoir sorti un autre album,  "Who Do We Think We Are" en février 73, le 30 juin 73 marque la fin de la période Mark II avec l’arrivée au chant de David Coverdale. La machine étant lancée, il n’est pas nécessaire de parler de la suite du groupe qui, après s’être séparé en juillet 76, se reformera en avril 84 avec la même formation ayant sorti les deux masterpieces du groupe, à savoir Mark II.

A l’heure actuelle, ce monument est toujours en activité, et j’ai d’ailleurs eu la chance d’assister à un de leurs concerts en cette année 2008, 40 ans après la formation du groupe.  Nous retiendrons de Deep Purple un parcours exemplaire malgré un passage à vide avec l’arrivée de Joe Lynn Turner de 89 à 92, et un fort mauvais "Slaves and Masters" sorti en 90. Un détail à la vue d’une telle carrière.
Au delà des âges et des générations, la magie Deep Purple perdurera.

MOTÖRHEAD - Overkill (1979)

Généralement, lorsque l’on évoque Black Sabbath, le créateur du heavy metal, on stigmatise tous les aspects de sa musique qui présente une vraie rupture vis-à-vis du rock n’roll. N’allez donc pas jouer ce tour à Lemmy Kilmister, vous risqueriez de le fâcher. Le fondateur de Motörhead, lui, est un enfant du rock. Né à la fin de la seconde guerre mondiale en Angleterre, Lemmy a grandi avec une guitare et la rock n’roll attitude, qu’il n’a jamais quittée : sex, drugs and rock n’roll...et la vingtaine à peine passée, le voilà traînant ses guêtres en tant que roadie de Hendrix himself ! Après plusieurs expériences, il joue dans Hawkwind, un groupe de hard psyché plutôt solide, mais se fait virer pour une sombre histoire de stupéfiants au Canada... De retour à Londres, c’est la fondation de Bastard, son propre groupe. Sommé par son manager de le rebaptiser Motörhead, Lemmy et ses deux acolytes d’alors mettent en boîte un premier disque éponyme qui reste sans suite (1975). Les années qui suivent sont difficiles, mais permettent néanmoins à Lemmy d’établir le line-up historique, le punk Phil Taylor venant d’abord prendre la place de Lucas Fox derrière les fûts, puis Eddie Clarke s’imposant à la guitare au détriment de Larry Willis. Ces évènements ne sont pas anodins, car la force et l’énergie de Taylor justifiera la présence du jeu rythmique plus massif de Clarke, là où leurs deux prédécesseurs avaient un jeu plus conventionnel. Le tournant "brutal" de Motörhead prend source ici.

Ayant trouvé un label, le trio (re)sort son premier album éponyme en 1977, mais c’est surtout le single "Louie-Louie" qui fait connaître le groupe, bien que présentant encore un hard rock rugueux mais conventionnel. Peu importe, Bronze Records, leur nouveau label qui connaît le succès avec ce single leur offre la possibilité de pondre un second album. Motörhead a de l’énergie à revendre et lâche les chevaux pour de bon. Le résultat s’appelle "Overkill", et c’est le premier coup de tonnerre. Les racines rock du groupe, mêlées au contexte heavy metal explosant alors en Grande-Bretagne, et l’énergie punk de son batteur et de son guitariste vont faire accoucher Motörhead d’un nouveau style : précurseur du speed metal qui va bientôt ravager le petit monde du heavy, "Overkill" présente par moments (essentiellement sur le morceau éponyme introductif) une puissance jusque là jamais vue : riffs d’acier très rapides, double pédale et tempo enlevé, chant rauque et agressif, le tout dans une atmosphère aux antipodes du raffinement mélodique de certains groupes de hard rock de l’époque. La structure de l’album reste malgré tout de facture conventionnelle, collant avant tout avec un hard rock graisseux et rustique qui fait beaucoup, beaucoup de bruit. D’ailleurs, "Overkill" comporte quelques grands classiques imparables qui ont meurtri des générations de petits tympans lors de concerts mémorables. C’est que les "No Class, Stay Clean" et bien sûr l’imparable "Overkill" avec ses multiples rappels lancés à grands renforts de double, sont taillés pour la scène. Oh ne cherchez pas le refrain-hymne à la Judas Priest, Lemmy et sa bande font plus dans l’agression sonore par son implacable feu roulant rythmique et le débit éraillé de son bassiste/chanteur impayable.
Si les Anglais récidivent quelques mois plus tard avec un solide "Bomber", c’est l’année suivante, en 1980, que le clou en acier trempé est définitivement enfoncé à grands coups de masse. Avec "Ace of Spades", Motörhead passe la vitesse supérieure. Là encore, c’est le morceau éponyme qui sert de fer de lance et devient la nouvelle référence. Aussi bien en terme de riffing qu’au niveau du couple basse/batterie, la vitesse d’exécution et la puissance dégagée se rapprochent très nettement des bases du speed metal, avant même le hardcore frénétique de Discharge ou le black/thrash naissant de Venom. Mais là où ses congénères préfigurent une nouvelle génération du metal extrême, Motörhead reste viscéralement attaché à son imagerie de toujours. Groupe de rock n’roll, quelque part ultime, la bière, les filles, la coke, le vieux cuir tanné par des tournées incessantes, voilà l’univers définitif de Lemmy Kilmister et de ses deux acolytes, ce qui achèvera de le laisser associé au hard rock / heavy metal des années 70, bien que sa musique s’avère être un des plus puissants précurseurs de la vague brutale des années 80.

C’est que, 30 ans après, à soixante balais passés, Lemmy est toujours là, sa basse Rikenbacker en bandoulière, plus de vingt albums au compteur, en oubliant même les innombrables lives (dont certains sont peut être les disques les plus essentiels du groupe – je pense à "No Sleep ‘til Hammersmith"), et autres compilations... Et Motörhead joue toujours son rock n’roll immuable, n’ayant plus guère changé depuis lors. Et là, un jour de concert, ils sont toujours des milliers à frémir au moment du rappel, lorsque sonne "Overkill", ses soli légendaires et ses breaks imparables. Parce que pendant quelques minutes, un pan d’histoire du metal continue toujours de vivre.

DIAMOND HEAD - Lightning to the Nations (1980)

C’est en 1976 à Stourbridge en Angleterre que se forme la "tête de diamant" par deux potes : le batteur Duncan Scott et le non moins excellent six-cordiste Brian Tatler. Ils auditionnent et engagent un chanteur du nom de Sean Harris dans leur lycée accompagné de son pote, le bassiste Colin Kimberley. Le line-up enfin complet, le groupe peut démarrer l’aventure. Ce groupe peut être considéré comme l’un des tous premiers et plus importants groupes de ce que l’on appellera un peu plus tard la NWOBHM (New Wave Of British Heavy Metal), aux côtés de Angel Witch, Iron Maiden, Tank, Raven, Def Leppard, Venom entre autres…  Suivant Black Sabbath, Motörhead et Judas Priest, la vieille garde des 70’s qui répond toujours présent en ces 80's.
En 1978, le groupe enregistre sa première démo à Kidderminster, non loin de Birmingham, qui a vu la naissance du heavy metal en son sein grâce à Tony et Geezer qui ont ensuite inspiré Ian et Kenneth. Cette première trace discographique attire l’attention et le groupe gagne en notoriété à force d’intenses séries de concerts, ouvrant même pour les australiens d’AC/DC et les tous jeunes futurs célèbres Iron Maiden.
De manière à pouvoir sortir leur premier matériel autoproduit et autofinancé, les "têtes de diamant" créent leur propre label, sobrement baptisé Diamond Head Music. Ils réussissent toutefois à sortir deux premiers singles que sont "Shoot Out the Lights" qui s’ensuivra de "Helpless" sur le petit label Happy Face Music.

L’histoire concernant le premier album de Diamond Head est particulière, puisque, à la manière des Led Zeppelin, il n’a pas de titre officiel, on le connaît principalement sous le nom de "Lightning to the Nations" ou aussi "The White Album", en raison aussi de l’absence de pochette, constituée uniquement d’un fond blanc. L’album se verra pressé à 1000 exemplaires, chacun avec la signature de chaque membre du quatuor. Il sera distribué pendant les concerts ou par correspondance pour la modique somme de 3,50£. Un nouveau pressage de 1000 exemplaires avec le tracklisting s’ensuivra. La légende est en marche, mais disparaîtra par malheur bien trop prématurément. La même année, 1980, Iron Maiden et Angel Witch sortent leur premier opus, la nouvelle garde passe à l’attaque, peu s’en remettront.
Mais qu’est ce qu’un album sans pochette, sans titre officiel, autofinancé et autoproduit peut bien se targuer d’apporter dans l’histoire de notre musique tant adorée ? Et bien 7 titres qui forgeront la légende trop méconnue qu’est Diamond Head, car si le contenant d’un tel disque est relativement pauvre, ce n’est pas le cas de la musique développée sur ces 41 minutes de pure NWOBHM. Car on a à faire ici à l’excellence-même dans le domaine, un heavy très influencé par le hard rock des 70’s (Deep Purple et Led Zep’ principalement), mais en plus "couillu", caractérisé par un rythme de batterie et des lignes de basse très simples accompagnés d’un chant plus mis en avant et d’une guitare plus complexe, oui une seule, donc au revoir le mur de guitare. Car oui, ici, ce sont avant tout la voix superbe de Sean Harris et les riffs de Brian Tatler qui sont les maîtres de Diamond Head qui prédominent. Ils sont d’ailleurs les seuls crédités pour la composition de tous les morceaux du disque, c’est donc sur eux deux que je concentrerai mon commentaire.
Harris a un chant très "lâché", pas trop aigu, empli de feeling et d’émotions, se permettant quelques petits gémissements orgasmiques, se la jouant même à la Robert Plant sur les 9'30'' de "Sucking My Love" au titre plutôt évocateur… à coup de "Oh ! Yeah !" et "Tasty !" (très très sous-entendu tout çà !). Il peut aussi se montrer plus agressif notamment sur le sombre et étrange "Am I Evil ?"  ou pousser des cris comme littéralement transporté par les mélodies de Tatler à la manière de la chanson-titre et "The Prince", qu’on a encore dans le crâne après une seule écoute et qu’on a envie de chanter.
Au niveau musical, cet album ne souffre d’aucun défaut, tout est bien en place, caque titre a son petit truc à dire. Tatler démontre tout son talent de riffer sur le titre éponyme "Lightning to the Nations" ainsi que le très purpleien "It’s Electric" où l’influence 70’s est très palpable. Le paroxysme est atteint au cœur même du disque sur "Am I Evil ?", un titre qui porte d’ailleurs très bien son nom, un climat sombre et inquiétant, une mélodie en tapping en guise d’intro qui nous transporte, un riff mémorable, un refrain qui l’est tout autant avec un Harris littéralement possédé, le tout avec des paroles dans le but de choquer un petit peu et se faire remarquer : "My mother was a witch, and she was burn alive ! Thankless little bitch", c’est très… evil, quoi ! Incontestablement le morceau le plus metal de tout l'album.
Oui, Brian Tatler est un grand guitariste dans l’histoire du metal, même si pas reconnu à sa juste valeur, que ce soit pour sa maîtrise inspirée du bon riff killer ou pour son superbe toucher tant en mélodie qu'en solo. Il arrive à nous prendre aux tripes tout au long de ces 41 minutes de pure quintessence musicale métallique, ses soli et parties mélodiques sont toujours d’un pertinent et d’un ponctuel rarement vus, toujours bien placés, il n’en fait jamais trop, tout en justesse et en finesse. Sean, quant à lui, nous donne envie de nous égosiller sur chaque refrain, il arrive à rendre chacun d’eux indispensable à chaque titre, on a un petit frisson qui nous traverse sur le pré-refrain de "Helpless", tellement bien pensé et tellement en phase avec le reste.
Tout se tient sur ce disque, chacun des 7 titres est le fruit d’un intense travail de composition depuis 1976, donc 4 ans, tout est dit, rien ne manque, c’est complet, abouti, juste et bien joué. Tout comme le premier album de la Vierge de Fer sorti la même année, son aspect très abouti vient du fait que les compos ont été peaufinées pendant 5 ans depuis 1975.
Ici, il y a une envie qui transpire à grosses gouttes, on est face à un album qui marquera au fer rouge et ardent une nouvelle génération métallique plus féroce qui verra ses premiers émois un an plus tard aux Etats-Unis et en Allemagne. Tout autant que l’ont été et le sont encore Iron Maiden, Judas Priest, Black Sabbath et même Motörhead, Diamond Head a aussi sa place sur le podium des formations britanniques les plus influentes de l’histoire du metal.
Malheureusement pour le groupe, il sombrera vite dans l’oubli par la suite, l’album suivant "Borrowed Time" de ‘82 n’est pas un grand succès et le "Canterbury" un an plus tard signera l’arrêt de mort de ce groupe pourtant talentueux, faute d’un manque évident de promotion et de soutien de la maison de disque (MCA), n’y croyant plus tellement. Ce sera le cas de beaucoup d'autres groupes de cette vague comme Angel Witch, tandis que la Vierge de Fer a su dès le début se démarquer de ce courant, en écrasant tout sur son passage et montant rapidement aux sommets du succès.

Le groupe est toutefois encore actif, dans l’ombre des grands, qu’ils ont été le temps d’un album, ne restant que Brian Tatler du line-up original.
Mais la magie d’antant sera à jamais enfermée dans cette Ile au Trésor qu’est et sera toujours "Lightning to the Nations". Un des périples les plus palpitants qui m’ait été donné de vivre et qui me donne toujours envie d'y revenir, car il se renouvelle à chaque écoute.
Vous avez sans doute remarqué que je n’ai ici pas fait mention d’un groupe américain ultra connu, par l’intermédiaire duquel Diamond Head doit injustement et tristement sa célébrité par ses nombreuses reprises, je ne le ferai pas, et même si, en ce qui me concerne, j’ai découvert de cette manière la "tête de diamant", ce serait un manque de respect plus qu’évident dans une chronique qui leur est exclusivement et honorifiquement consacrée.

SAXON - Wheels of Steel (1980)

Issu de la célèbre NWOBHM qui a vu naître également Iron Maiden, Def Leppard, Angel Witch et bien d'autres, le groupe Saxon, après s'être fait appelé Son Of A Bitch, publie un premier album éponyme en 1979 déjà fort prometteur.
Il ne tarde pas à se faire une renommée en enfonçant le clou l'année suivante (Février 80) avec la sortie de ce "Wheels of Steel" qui squatta ainsi la 5ème place des charts anglais.
L'attitude bikers/rebel qui émane de l'album donne des sensations de liberté et un sentiment d'authenticité à l'auditeur, tout heureux qu'il est de prendre sa dose de metal à l'ancienne au feeling hard rock.
Les morceaux, malgré leurs structures simples, ne doivent pas faire oublier l'indéniable qualité des soli de guitares de la paire de mécanos du riff que sont Paul Quinn et Graham Oliver ni la voix criarde si caractéristique de Peter "Biff" Byford, les parties de batterie de Pete Gille (ex-Motörhead) jouant tel un mutant à quatre bras et enfin la basse de Steve Dawson très solide sur ce disque.
"Motorcycle Man" démarre les hostilités tout en rapidité et puissance donnant la marche à suivre : direct et efficace avec soli imparables. La suite directe est dans la même veine tout en étant moins vindicative, cela forme en tout cas une bonne entrée en la matière.
"747 (Strangers in the Night)", plus contrasté avec ses arpèges et la lourdeur de ses power chords (accords basiques du heavy metal joués sur 2 ou 3 cordes), est un incontournable du groupe sur scène, il possède de surcroit des paroles intéressantes sur les impressions que l'on peut ressentir lors d'un vol en Boeing.
Autre standard et autre ambiance avec "Wheels of Steel" qui use de la même rythmique tout au long du morceau, mais l'effet hypnotique que cela peut provoquer n'est pas gênant outre mesure tant la mécanique bien huilée parvient à s'incruster joyeusement dans notre tête.
"Freeway Mad", introduit par une batterie sauvage, déboule pied au plancher. C'est le titre le plus court de l'album et l'un des plus speed avec une sortie de route toute en finesse exécutée à la guitare.
Le dernier morceau "Machine Gun" est lui aussi un modèle de rapidité avec un pont bien trippant et une fin apocalyptique qui voit les guitares s'emballer, dérailler complètement, pour finir en roue libre à coup de vibratos.
Je ne me suis pas étalé sur toutes les pistes du disque mais apprêtez-vous, vous qui ne les connaissez pas encore, à passer des moments exaltants à leurs écoutes : c'est burné avec encore de bon soli de guitares et toujours cette stimulante signature vocale.
Je ne connais pas tous leurs albums car mon intérêt pour le groupe est récent mais la découverte de ce "Wheels of Steel" m'a convaincu de me procurer un max de leur discographie, même les plus inégaux car il y en a eu. Les dernières sorties ont redressé la barre et nous prouvent encore que Saxon est un groupe essentiel dans le monde du heavy/hard.

IRON MAIDEN - The Number of the Beast (1982)

A l'image de sa pochette représentant Eddie, la célèbre mascotte du groupe, manipulant telle une marionnette le Diable en personne qui lui même semble manipuler le genre humain, "The Number of The Beast" est un album emblématique de la scène heavy metal.
Tout d'abord, le recrutement de Bruce Dickinson (ex-Samson) au poste de chanteur symbolise un nouveau départ pour le groupe déjà auteur de deux albums remarqués ("Iron Maiden" et "Killers" avec Paul Di'Anno au micro) et ce dernier ne se contente pas de faire de la figuration, bien au contraire il impose directement son style puissant et racé, faisant corps avec la musique devenue à la fois encore plus heavy et mélodique.
Deux titres sont un peu à part sur cet album: "Children of the Damned" au rythme proche d'une power-ballade s'énervant sur la fin avec un magnifique solo de gratte, l'ensemble est magique, et "Gangland", titre assez rapide que je trouve très bon même s'il dénote du reste des compos de par son côté épuré.
Tous les autres titres, justement, ont leur place dans le panthéon du heavy metal, gravés dans le plus pur granit créé par la section rythmique, rehaussés d'une bonne couche d'or sortant des guitares de Dave Murray et Adrian Smith, ces deux-là s'entendant parfaitement dans l'enchevêtrement des mélodies purement imparables.
Le jeu de basse de Harris est lui aussi un délice avec ses célèbres cavalcades qui constituent la moelle épinière des morceaux qui sont avant tout les siens.
Les véritables hits que sont "Invaders", "The Prisoner", "22, Acacia Avenue", "Run to the Hills", "The Number of the Beast" ne peuvent laisser indifférent : votre tête, vos pieds se mettent à bouger tout seuls, martelant le sol telle une danse de possédé en imitant les différents instruments à tour de bras.
Le début de "The Prisoner", juste après la courte intro, est un pur bonheur, Clive Burr à la batterie nous montre qu'il sait aussi groover.
Et que dire du dernier titre "Hallowed be thy Name" ? Ses atmosphères sombres, prenantes, ses phrasés de guitares magistraux, le chant complètement habité de Bruce et une section rythmique du tonnerre ont rendu ce morceau monstrueusement culte.       
Si Iron Maiden est si populaire aujourd'hui c'est grâce à cet album, qui remporta un vif succès et leur permirent, avec l'appui d'un très grand chanteur et un nouvel esprit de cohésion, de repousser toujours plus loin leurs limites.
Steve Harris, le bassiste leader de la formation, avec tout son talent d'instrumentiste et d'auteur compositeur peut enfin laisser libre court à son imagination en ayant laissé de côté les problèmes de drogues et d'alcool de son ancien chanteur pour nous offrir encore pleins de pépites metalliques qui ne manqueront pas de jalonner la carrière de la Vierge de Fer.

JUDAS PRIEST - Painkiller (1990)

Judas Priest est le plus vieux groupe de heavy metal encore en activité aujourd’hui. Rendez vous compte : près de 40 ans de carrière (Judas Priest s’est formé en 1970), 16 albums studio (en comptant le petit nouveau "Nostradamus"), et des tournées triomphales partout dans le monde.
Après un début de carrière où les influences rock et psyché sont plus présentes : "Rocka Rolla" (1974) et "Sad Wings of Destiny" (1976), le combo va ensuite définitivement se tourner vers le heavy metal dont il sera un groupe majeur.
Les anglais, que beaucoup considèrent comme le chaînon manquant entre le hard rock et le heavy metal tel que nous les connaissons aujourd’hui, ont traversé toutes les époques en tenant bon le cap et en restant indifférents aux modes : le punk des années 70, le thrash metal des 80’s, le death des 90’s, le neo et le black des 00’s, le quintette de Birmingham a toujours pratiqué son heavy metal, style qu’il a contribué à créer et fait considérablement évoluer.
En tout cas, il est certain que Judas Priest a laissé son empreinte musicale dans chaque décennie qu’il a traversée, nous gratifiant au passage de quelques galettes cultes : "Sin After Sin" (1977), "British Steel" (1980), "Defender of the Faith" (1984) et surtout "Painkiller" (1990) que nous développerons plus en détail à la fin de ce topo.
Bien sûr, leur carrière exceptionnelle de longévité a aussi été jalonnée de quelques problèmes et après le départ du légendaire chanteur Rob Halford en 1993, on a bien cru le Priest disparu à jamais. C’est également à cette époque du début des années 90 que le groupe a connu des problèmes avec la justice et cette fameuse histoire des messages subliminaux de la chanson "Better By You / Better Than Me" (sur "Stained Class" en 1978) dont vous trouverez quelques détails sur ma chronique (ici).
Glen Tipton et ses comparses, après avoir soufflé pendant plusieurs années, recrutent Tim "Ripper" Owens et la machine redémarre. Mais après deux albums, dont le semi-ratage "Demolition" (2001), Tim Owens est remercié pour la simple raison que malgré son talent vocal indéniable, celui-ci a du mal à faire oublier son illustre prédécesseur et après diverses expériences en solo avec Fight, Two ou Halford, le chanteur chauve réintègre enfin les rangs en 2004 après plus de 10 ans d’absence pour le plus grand bonheur des fans, qui n'attendaient que ça.
"Angel of Retribution" (2005) marque un retour réussi et prouve que "les papis du metal" ne sont pas morts et "Nostradamus" (2008) marque un changement d'orientation vers le prog : Judas Priest sait se renouveler et s'adapter.

Parmi la riche carrière phonographique du Priest, "Painkiller" restera définitivement au-dessus du lot pour de nombreuses raisons. Faisant suite au bon mais sans plus "Ram It Down" (1988), rien ne laissait présager que "Painkiller" aurait l’effet d’une bombe à neutrons.
Tout d’abord, l’intégration de Scott Travis à la batterie (ex-Racer X) va considérablement brutaliser la musique de Judas Priest par sa vélocité, sa double-pédale omniprésente et son jeu agressif. Ensuite, au niveau des guitares, la paire Tipton / Downing va se surpasser pour pousser les duels de soli à leur paroxysme avec une efficacité, une vitesse et pourtant aussi un sens de la mélodie jamais égalés depuis. Des atmosphères angoissantes de "Night Crawler" aux ambiances épiques de "One Shot at Glory", en passant par la puissance et la virtuosité (d’ailleurs présentes à chaque seconde de cette galette) de "Leather Rebel", tout est parfait du début jusqu’à la fin.
La transformation du Priest transparaît jusque dans l’artwork où ce personnage imaginaire, le "Painkiller", règne en maître sur sa mécanique de combat, au-dessus d’une ville dévastée sur laquelle le Metallian, symbole du groupe bien avant de devenir un magazine, s’élève des entrailles de la terre.
La particularité de ce disque a été de repousser les limites du heavy metal, dans un style qui n’est pourtant pas du thrash, les anglais parviennent à insuffler une puissance et une agressivité hors du commun : des titres comme "Painkiller", "Metal Meltdown" ou "All Guns Blazing" dévastent tout sur leur passage.
Et enfin, "last but not least", cette voix du Metal God, cette satané voix reconnaissable entre milles (bien que parfois copiée n’est-ce pas Mr Ralph Sheepers…) et jamais égalée qui atteint sur "Painkiller" son apogée de puissance, de diversité et de talent.
"Painkiller" est un disque que même les fans les plus endurcis de metal extrême apprécient, peut-être même l’album le plus fédérateur de l’histoire du metal. Voilà en quoi ce bijou constitue l’œuvre ultime du Priest, considéré tout simplement par de nombreux metalleux comme le meilleur album de heavy metal jamais sorti.
Alors pour les plus jeunes d’entre vous qui trouvent que Stratovarius est ce qui se fait de mieux au niveau de la puissance et de la virtuosité dans le heavy metal, il est grand temps de vous pencher sur "Painkiller" de Judas Priest.

WASP - WASP (1983)

WASP voit le jour au début des 80’s sous l’impulsion de Blackie Lawless (Steve Duren pour les intimes) qui après avoir joué dans différents projets décide de monter son propre groupe. Pour se faire, il s’adjoint les services de Chris Holmes avec qui le bonhomme partage quelques points communs, comme le fait d’avoir par exemple été tous les deux virés de l’école…
Et avec ses deux olibrius dans ses rangs, WASP va se montrer provocateur et subversif dès ses premières productions, avec en particulier le Single "Animal F**k Like a Beast" à la pochette évocatrice, on y voit en effet un membre du groupe avec une scie circulaire entre les jambes faisant office de vous savez quoi.
En ce qui concerne son look, le combo s’inspire aussi bien du glam, du heavy metal (cuir à la Judas Priest) et du punk, et c’est aussi un peu le cas de leur musique, sorte de glam / heavy vraiment violent pour l’époque. Les américains véhiculent une image sulfureuse à l’image de leurs concerts mouvementés, du style boire du sang dans un crâne ou couper des bouts de viande à la hache pour les balancer sur le public. Ajoutons à cela quelques filles nues sur scène et la passion pour l’occultisme de Blackie Lawless et il n’en fallait pas plus pour déclencher les foudres du PMRC, une sorte de ligue puritaine à la mors-moi-le-nœud dirigée par la femme d’Al Gore (à ne pas confondre avec le pote d'Actarus dans Goldorak hein…) qui causera également plus tard des ennuis au grand Dee Snider. Cela dit, les cerveaux liquides du PMRC auront contrairement à leurs intentions, servi grandement les intérêts du combo en prétendant que WASP signifiait en fait We Are Sexual Perverts, ce qui ne fera qu’augmenter leur notoriété, des Marylin Manson avant l’heure en somme.

Cependant, contrairement à ce que prétendaient certaines mauvaises langues du moment, WASP n’est pas qu’une mise en scène et des provocations pour attirer l’attention sur eux, le groupe va prouver avec son premier full-length qu’il n’est pas seulement un produit marketing mais bien un combo talentueux et inspiré. Ainsi le premier album "WASP" (1985) connaîtra un succès assez impressionnant avec 500 000 albums vendus et au vu de la qualité, l’authenticité et l’énergie de celui-ci, ce n’est que justice.
Rien que le premier titre "I Wanna Be Somebody" est culte à mourir, Blackie y hurle avec une intensité rarement atteinte et sa voix caractéristique et venimeuse prend aux tripes dès les premières écoutes, culte comme cette pochette ou Chris Holmes (guitare), Randy Piper (guitare), Tony Richards (batterie) et bien sûr Blackie Lawless (chant / basse) posent d’une façon qui prêterait désormais à sourire mais qui faisait grincer des dents les bien-pensants de l’époque avec squelettes, torches et bien sûr la fameuse scie circulaire de Blackie (mais pas au même endroit cette fois…). Le titre "Animal F**k Like a Beast" devait à l’origine figurer sur ce disque mais Capitol, déjà affolé par les vagues déclenchées par le quatuor, fait pression et convainc le groupe de la retirer de la tracklist.
Peu importe, il y a bien assez de morceaux énormes sur "WASP", comment oublier "Love Machine", les extraordinaires couplets a capella de Blackie Lawless et ce refrain entêtant s’incrustant dans vos esgourdes ? Impossible également d’oublier la magnifique balade "Sleeping (In the Fire)" montrant tout le savoir faire de Blackie Lawless qui sait faire jouer l’émotion et prouve qu’il n’est pas un hurleur quelconque. Et comment oublier le final "The Torture Never Stops" ? La paire Holmes / Piper distillent ici des rythmiques puissantes et des soli simples techniquement mais tellement jouissifs, et puis ce qui fait la grande force de ce disque en général : quel refrain une fois de plus !
Sur des chansons comme "Hellion" (au solo très Judas Priest) ou "The Flame", on sent nettement une nette influence de Twisted Sister et pas seulement dans la puissance du chant et les chœurs, ils sont de la même école pas de doute. Dans tous les cas, ce premier jet est une réussite totale qui amènera le groupe à se produire entre autres avec Judas Priest aux US.
Les albums suivants sont tous d’excellente facture : "The Last Command", "Inside the Electric Circus" et le fantastique "The Headless Children" montrant le combo au sommet de son art, sont tous recommandés pour ceux qui ont aimé ce premier album. Au fil du temps, WASP deviendra le joujou de Blackie Lawless et il deviendra rapidement le seul maître (tyran ?) à bord,  jusqu’à composer l’intégralité du disque "The Crimson Idol" (1992), dernier album culte des américains.
Blackie continuera par la suite à sortir régulièrement des albums dont le récent "Dominator" (2007) de pas trop mauvaise facture, les productions post-"The Crimson Idol" ayant tout de même perdu un peu d’éclat, je conseillerai aux "débutants" de se cantonner à la première période de WASP.

- Bonjour Monsieur je voudrais acheter un album de WASP à Pau s’il vous plait, c’est possible ?
- C’est vous qui voyez, mais y’en a qui ont essayé ils ont eu des problèmes.
- On peut les acheter ou bien on peut pas les acheter les albums récents?
- C’est vous qui voyez….
- Oui mais on peut ou pas ?
- C’est vous qui voyez…

DIO - Holy Diver (1983)

On ne présente plus Ronnie James Dio, à la fois petit farfadet à la voix en or massif et géant de la scène heavy metal, à la carrière aussi longue que le bras. Personne ne peut dire avec certitude l’âge du bonhomme, mais il approcherait aujourd’hui de la soixantaine. On dit qu’il serait né en 1942 à Portsmouth dans le New Hampshire aux Etats-Unis. De son vrai nom Padavona, il ne prendra le nom de "Dio" ("Dieu" en italien) qu’au début des années 60 avec son groupe Ronnie Dio & The Prophets. Ronnie serait aussi à cette époque celui qui aurait popularisé les "Devil’s Horns", ce fameux signe de la main, index et auriculaire levés, cher à tout metalhead pendant les concerts, devenu un symbole dans le monde du Metal. D’ascendance italienne, Ronnie se serait inspiré du geste de sa grand-mère italienne "mano cornuta" (main cornue) aussi appelé "malocchio" (mauvais œil), à l’intention des personnes mauvaises et malignes. Voilà pour l’anecdote.

Après un certain nombre de groupes formés depuis la moitié des années 50, Ronnie se voit engagé dans le projet du non moins grand Ritchie Blackmore : Rainbow en 1975. C’est à ce moment que la carrière de Ronnie va exploser, sa voix transporte littéralement les compositions du hard rock intelligent de Ritchie, et après trois albums studios et un live, il se voit remercié en 1978 après l’album "Long Live Rock'n'Roll".
Dio a travaillé avec un grand pendant trois ans, et c’est un autre qui lui tend la main en cette année 1979, j'ai nommé Tony Iommi, véritable icône et fondateur de Black Sabbath. Car après le départ d’Ozzy Osbourne, celui-ci cherchait un nouveau chanteur de talent. On peut dire que Ronnie a littéralement transformé le "Sabbath Noir" : sa voix est plus lyrique et moins haut-perchée que celle de son prédécesseur, se révélant parfois aussi agressive sur les morceaux plus durs, il vient de trouver une nouvelle terre musicale correspondant à ses attentes. L’album "Heaven & Hell" sorti en 1980 nous montre un groupe totalement renouvelé et plus en phase, qui a encore quelque chose à dire, Dio ayant grandement participé au travail de composition, notamment sur le classique "Children of the Sea" pour lequel il rappellera maintes fois par la suite être le premier titre coécrit avec Tony et Geezer. Il se révèle donc être, en plus d’un grand chanteur, un compositeur de talent. Après l’album "The Mob Rules", sorti un an plus tard, dans la lignée du précédent, qui verra le départ du batteur Bill Ward et la venue de l’américain Vinnie Appice derrière les fûts, c’est en 1982 que Dio enregistre son premier live avec le groupe, où il reprend avec aisance les classiques de la période Ozzy tels que "Iron Man" ou  "N.I.B.". C’est en cette année là qu’arriva le fameux clash entre Ronnie et Tony, la légende veut que ce dernier accusa Dio d’avoir voulu mettre sa voix en avant lors du mixage pour lancer sa carrière solo, Ronnie ayant toujours nié avoir eu à cette époque l’idée de monter son propre groupe, il accuse même le Tony d’avoir mis sa guitare en avant... Las de cet échange de pierres, le Ronnie s’en va former son propre groupe, emportant Vinnie Appice sous le bras et laissant pour compte Tony et Geezer, qui auront beaucoup de mal à s’en remettre. En cet an de grâce 1982, le groupe Dio est né. L’aventure commence pour notre lutin chanteur.
Mais Ronnie doit tout d’abord s’entourer d’un line-up solide, à la hauteur de son talent, ayant déjà Vinnie sous le bras, il recrute son ancien pote de Rainbow, l’écossais Jimmy Bain à la basse. Et là, nous arrivons à la question essentielle, le choix du guitariste… Le doigt est pointé sur un tout jeune totalement inconnu, l’irlandais Vivian Campbell qui se révèle être un très grand six-cordiste tant sur scène qu’en studio, ayant déjà joué avec le groupe de NWOBHM Sweet Savage. Avec ce nouvel arrivant tout frais et sortant de l’ombre, Dio a voulu éviter toute querelle d’ego. Cette collaboration ne durera que trois albums, et encore aujourd’hui, on a pu voir quelques querelles par presse interposée entre les deux hommes.
Le groupe ainsi formé arrive en 1983, en plein "boom" de la scène heavy metal, avec le succès d’autres géants tels Judas Priest et Iron Maiden alors en pleine gloire, ainsi que l’effervescence du tout jeune thrash metal avec Slayer et autre Metallica. Il se doit donc de marquer sa patte au fer rouge pour pouvoir s’imposer parmi les grands.

C’est en mai 1983 que sort le premier méfait de la bande à Dio, il s’intitule "Holy Diver", à la pochette très controversée à l’époque, car on y voit la mascotte du groupe, un monstre dénommé Murray, noyer un prêtre catho enchaîné. Ronnie a d’ailleurs soutenu que cela pouvait aussi bien être un prêtre noyant un monstre (sacré Ronnie !). De plus certains ont soutenu pouvoir lire "Die" si on lit le logo du groupe à l’envers… Malgré tout, on a beau dire, l’artwork en question est très réussi et même devenu culte au sein du heavy.
L’album est enregistré aux Sound City Studios de Fortuna en Californie, produit par Dio lui-même, il est signé chez Warner Bros et Mercury Records.
Ce que l’on peut dire de prime abord sur ce disque, c’est qu’il est musicalement très influencé par la NWOBHM, et c’est à s’y méprendre, ne serait-ce qu’au niveau du son, très typé, de même pour les compos : lignes de basse et rythmes de batterie simples, guitare et chant davantage mis en avant. De plus, il n’y a qu’une seule guitare, donc pas de mur, on entend ainsi bien distinctement tous les instruments, y compris la basse. Certains disent même que l’on a affaire à un pur album de heavy britannique, ce n’est pas si faux finalement, mais il y a un atout supplémentaire… La voix de Ronnie.
Pour se démarquer un peu plus encore, l’album doit démarrer avec un titre fort qui montre que cette nouvelle formation a son mot à dire dans le milieu. C’est chose faite avec la speederie "Stand Up & Shout", sûrement à l’heure actuelle le morceau le plus rentre-dedans et violent du groupe. On peut y voir un Ronnie agressif, moins lyrique qu’à l’accoutumé, comme on en avait l’habitude sur Rainbow ou Black Sabbath, le bonhomme pose sa marque et se montre un chanteur polyvalent, touchant à tous les registres.
On ne peut parler de cet album sans mentionner sa chanson titre, tube parmi les grands tubes de l’histoire du heavy metal, avec sa fameuse intro aux claviers par Dio lui-même. C’est un mid-tempo lourd au riff très heavy, on sent l’influence de la bande à Iommi sur ce titre, et Ronnie est en terrain connu : écoutez-moi cette ligne de chant, ces couplets, ce refrain, c’est une pure réussite, un véritable hymne du style, ça y est, c’est fait ! Seul le solo se montre un peu plus faible par rapport au reste, mais ça n’enlève rien, strictement rien à ce titre mythique !
Le meilleur solo du disque est probablement celui de "Don’t Talk to Strangers" où Vivian nous démontre toute sa virtuosité et sa folie, Ronnie ne s’était pas trompé dans le crucial choix du six-cordiste ! Ce titre est un "Die Young" (cf. album "Heaven & Hell" de Black Sab') revu à la sauce Dio. Un début en ballade soutenu par un Ronnie lyrique et velouté à souhait, pour ensuite rentrer dans le lard  par un riff des plus sombres et lourds, quand arrive ce fameux solo, qui place ce titre au rang des tubes de l’album. Son passage en tapping est une pure jouissance, quel frisson !…
Un peu de rock'n'roll pour faire respirer le tout, "Caught in the Middle" et "Invisible", sont le parfait exemple de l’héritage hard rock du style, que l’on retrouve aussi dans certains albums de la NWOBHM de l’époque.
L’un des titres les plus célèbres du groupe, n’est d’autre que le "Rainbow in the Dark", encore joué en concert, sa ligne de clavier très joyeuse permet de l’identifier à la première écoute, Vivian Campbell est une fois de plus impérial sur ce titre, sans parler du refrain enjoué de Ronnie.

En conclusion, ce "Holy Diver" se montre un disque très varié, on peut y trouver de tout : de la ballade, de l’hymne intemporel et du direct sans fioriture. Mais il ne serait rien sans la voix de Ronnie, il peut enfin s’exprimer librement sur cette première offrande, et le fait d’une des plus belles manières possibles. Il se montre moins lyrique que par le passé et nous produit ce mélange si particulier d’agressivité et de ce fameux lyrisme, ce qui en fait une voix carrément unique dans ce milieu et qui le propulse en première place du podium des plus grands chanteurs de heavy aux côtés des Dickinson, Halford et Adams. A plus de quarante balais, le bonhomme nous montre qu’il n’est pas prêt de disparaître. Il faut saluer aussi la performance de Vivian Campbell, nous démontrant qu'il est un jeune guitariste des plus prometteurs, et cela même s'il sera remercié deux albums plus tard. Tant ses soli que sa rythmique font, en plus de la voix de Ronnie, de cet album ce qu'il est : un grand disque !
Et même si ce disque révèle encore les influences qui ont marqué les expériences précédentes du chanteur américain, il sera un succès retentissant dans le monde du metal, certifié Disque d’Or aux US en 1984 et deuxième meilleur album de l’année 1983 dans la presse française.
Il est un classique incontournable du heavy metal, il ne faut surtout pas passer à côté, ce serait hérésie pour tout metalhead qui se respecte.
L’année suivante, l’effort est confirmé par un "The Last in Line" puissant et égalant en excellence son prédécesseur. Ce dernier, par son aura et son contexte, le rend à mon humble avis supérieur à tout autre album qu’ait pu sortir le groupe. Une carrière riche et pleine de succès se profile encore pour ce cher Ronnie…

MANOWAR - Hail to England (1984)

Les américains de Manowar sont un groupe unique dans le paysage heavy metal, représentant tout ce que ce style a de plus brut, définissant leur musique comme du true-metal et s’autoproclamant les  "Kings of Metal", ils ne font pas appel à la demi-mesure, aussi bien adulés jusqu’au fanatisme que détestés pour leur côté mégalo et prétentieux, ils ne laissent pas indifférents. Manowar ça se résume à des muscles, du sexe, de la bière, un mur d’amplis et du pur rock'n'roll, le tout  appuyé par une imagerie guerrière heroic-fantasy à la Conan le Barbare sur  fond de mythologie scandinave. N’y cherchez aucune correspondance avec les  fleurons du heavy britannique, nous sommes dans un univers radicalement différent.

C’est en 1980 que Joey DeMaio, technicien basse/pyrotechnique pour Black Sabbath durant la fin des 70’s, rencontre un compatriote du nom de Ross Friedman grâce à Ronnie James Dio, alors guitariste du groupe français Shakin’ Street (connu surtout aux Etats-Unis). Le courant passe très bien entre les deux hommes, ils décidèrent de fonder ensemble un groupe de heavy metal, le plus puissant au monde. Ils recrutèrent ensuite Eric Adams au chant et Donnie Hamzik aux fûts, le navire Manowar est prêt à prendre la mer pour de glorieux horizons.
Après une première démo enregistrée en 1981, le groupe est repéré par l’écurie Liberty Records (rachetée par Capitol Records à la fin des 70's), ils signent même le contrat avec leur propre sang (sacré Joey) la même année, et sortent en 1982 leur premier album du nom de "Battle Hymns", un concentré vitaminé de heavy metal très influencé par la scène hard rock contemporaine, ils se payent même les services du grand Orson Welles, cinéaste américain très célèbre dans l’histoire du 7ème art, pour narrer une partie du titre "Dark Avenger", les premiers textes narrés dans l’histoire du metal. Joey nous démontre ses grands talents de musicien, avec l’instrumental "William’s Tale" de Rossini, le bonhomme est un sacré musicien. La basse de DeMaio est l’atout principal du groupe, Joey est crédité pour l’écriture de l’intégralité des paroles, certains titres sont coécrits avec l’aide de Ross Friedman, baptisé Ross "The Boss".
En 1983, nos guerriers se séparent de leur batteur Donnie Hamzik, qui ne peut plus supporter la vie en tournée, et recrutent Scott Columbus aux fûts. Ayant auparavant travaillé dans une fonderie d’aluminium, le gaillard s’est vu obligé de jouer sur des kits en alu, car tous les jeux habituels de batterie s’écroulaient sous sa frappe de mastodonte. Techniquement pas irréprochable, sa puissance de frappe est toutefois primordiale dans le son Manowar. Le line-up durera jusqu’en 1989.
En cette même année, le groupe décroche un contrat avec la toute récente écurie Megaforce de Jonny Zazula. Dans la lignée du morceau éponyme de clôture du précédent opus, un heavy lent, épique et fédérateur, Manowar enregistre une démo qui sera finalement leur disque suivant : "Into Glory Ride", affublé d’une pochette d’un kitsch assez hilarant représentant nos quatre guerriers vêtus de peaux de bêtes et d’armes de guerre. Après le titre d’ouverture, on oublie tout de suite le côté rock'n'roll de "Battle Hymns", pour se fondre dans un univers épique de magie, de fantaisie et de mythologie (nordique, première mention dans le monde du metal). Les morceaux sont plus longs (l’album dure pas moins de 45 minutes pour 7 morceaux seulement !), plus pesants, plus mystiques… Manowar plus épique que jamais avec un Eric Adams ne faisant qu’un avec tous les titres… Ses performances vocales en concert impressionnent, avec ses poussées dans les aigus interminables ! Le groupe développe une puissance sonore gigantesque grâce aux murs d’amplis. Un clip faisant la promo du grand classique qu’est "Gloves of Metal" est shooté, épées en plastoc et demoiselles en peaux de bête : c’est kitsch, sans finesse mais bon… C’est Manowar !

Passons maintenant à l’album qui nous intéresse, et qui a marqué le nom de Manowar au fer rouge dans l’histoire du heavy metal, le non moins connu "Hail to England", nommé en hommage aux fans Britanniques de l’époque, qui ont été en cette année 1984 la majeure partie de la fan-base du groupe. Une pochette de goût moyen très "époque", représentant un Musclor portant le drapeau de la Perfide Albion. Sang, batailles et magie nous attendent. Manowar change une fois de plus de maison de disques pour Geffen, ce qui sera encore le cas les années suivantes. Le groupe finira d'ailleurs par créer son propre label, dans sa volonté de faire comme il l’entend et non comme on le lui dit.
Au départ destiné à être un simple EP, cet opus de 7 morceaux pour 33 petites minutes revient à quelque chose de bien plus brut que l’album précédent "Into Glory Ride". Si on excepte le morceau de clôture, aucun ne dépasse les 4'30''. Au niveau du son, il fait moins "vieillo", la basse de DeMaio est claquante et métallique, la batterie de Scott est lourde et bien mise en avant, dans la plus radicale définition du heavy metal, le pur. Le chant de Eric Adams est à son apogée, poussant à fond dans les aigus, faisant toujours aussi bien passer les émotions et sentiments, sans conteste, et il le confirme ici, un des plus grands chanteurs du style. L’album reste toutefois très épique, dans la lignée de son prédécesseur.
Nous avons ici tous les ingrédients qui font un excellent album de Manowar.
Les marches guerrières de "Blood of My Enemies" ou du morceau-titre "Hail to England", avec des refrains à pleurer tellement c’est bon. On a envie de tout défoncer, de hurler les refrains avec Eric, de tous se réunir pour une même cause. Le second cité est particulièrement entraînant de bout en bout, c’est headbang obligatoire tout le long.
Le bijou dark  "Each Dawn I Die" avec son ambiance ésotérique, son pas lent écrasant et ses paroles sur fond de magie et autres sorcières, incantées par un Eric totalement possédé, la basse de Joey tissant ses lignes les plus sombres autour.
Le carton "Kill With Power" et son fameux refrain en "Die ! Die !", titre le plus speed du disque, Eric est plus enragé que jamais !
Le morceau dédié aux fans comme les Kings en feront à la pelle par la suite : "Army of the Immortals", cela vient du fond du cœur et ça se sent.
L’instrumental de basse dispensable "Black Arrows" où Joey torture des cordes à coup de disto et d’effets en tout genre, je tiens à préciser que ce genre d’instru est la marque de fabrique des Kings, même si non pourvu de valeur purement musicale. Une voix démoniaque annonce ce qui arrivera à tous les "False Ones" s’ils daignent  ne serait-ce qu’une fois affronter le Navire de Guerre !
Attention ! Pépite ! Le long morceau épique de clôture et le plus beau composé à ce jour, j’ai nommé le grand "Bridge of Death" sur fond d’Enfer et de Satan, le chant d’Eric n’a jamais été aussi beau, on n’a jamais eu autant envie de balancer ses poings sur les battements de Scott et les accords de Joey. Une ambiance vraiment envoûtante, on s’envole et frissonne sur les textes chantés par Eric, complètement possédé, une de ses plus belles performances en studio. On ne pourrait se passer de superlatifs pour décrire un tel voyage, 9 minutes, on aimerait plus et mourir avec !
On pourrait pourtant hurler à l’arnaque, 7 titres pour à peine plus d’une demi heure de musique ! Mais attention, nous sommes à une époque où les morceaux bouche-trous n’étaient pas encore légions. Ici on a 7 titres, 7 perles, 7 classiques (l’instru dispensable étant un élément essentiel d’un bon disque de Manowar), rien à jeter sur cette petite galette.
Je tiens à saluer aussi la performance de Ross "The Boss" qui nous gratifie sur ce disque de plusieurs grands soli bourrés de feeling, caractéristique de son jeu, où chaque note est pertinente et pose sa pierre à l’édifice.  

Vous l’aurez compris, cet album est tout simplement un indispensable du groupe, d’une puissance et d’une homogénéité sans failles. Il représente au mieux ce qu’est un groupe comme Manowar, chaque mot, Heavy et Metal, est honoré comme il se doit, par un son, une aura, un esprit unique au sein de cet univers… Chaque musicien se transcende sur ce disque, la palme à un Eric Adams qui vit sa musique à pleins poumons.
A tous ceux ne connaissant pas le groupe ou ayant de fausses appréhensions, ce disque est pour vous, il démentira toutes les critiques habituelles dont Manowar est sujet, vous ne serez pas déçu du voyage !

ACCEPT - Metal Heart (1985)

1985 : Accept est à l'apogée de sa carrière débutée en 1971, en ayant sorti consécutivement trois albums majeurs du heavy metal que sont "Restless and Wild" (1982)," Balls to the Wall" (1984) et donc ce "Metal Heart" qui nous intéresse aujourd'hui.
D'ailleurs, intéressant, il l'est assurément car tout porte à croire qu'il n'a pas besoin d'un pacemaker pour continuer à battre dans nos cœurs et dans ceux de nos descendants pour des siècles et des siècles.
Parce que ce Cœur de Metal a de la gueule! Non seulement sur la pochette mais aussi dans le contenu musical : aucune artère bouchée, tout circule abondamment sans anicroche. On se laisse porter par les afflux électriques de la guitare de Wolf Hoffmann qui varie fort bien ses soli et les refrains éructés avec conviction par notre cher Udo Dirkschneider donnent un sacré coup de fouet.
Ce que j'aime particulièrement dans Accept est ce contraste entre une musique certes percutante mais surtout mélodique et le timbre éraillé de son chanteur Udo qui aurait du mal à nous faire gober qu'il a un passé d'enfant de chœur !?!
Cette voix extraordinaire est devenue la marque de fabrique du groupe (d'ailleurs l'album "Eat the Heat" en 1989 avec un autre vocaliste n'a pas bien marché). Elle lui donne une originalité, et au vu de la concurrence qui est rude, avoir de bons morceaux ne suffit pas toujours : il faut savoir les faire vivre au travers du chant.
Mais revenons à l'album si vous le voulez bien... Bien que certains morceaux soient dans la même veine, l'ensemble de l'album reste suffisamment diversifié si bien qu'à aucun moment on ne sent venir poindre l'ennui. Les trois premiers jouent quasiment sur le même rythme mais chacun possède un truc magique qui le distingue aisément des autres.
On sait à ce moment là que l'on va aimer cet album d'autant que "Wrong Is Right" arrive pour accélérer le tempo, très appréciable à ce moment de l'album, le speed laisse ensuite la place à "Screaming for a Love-Bite" aux allures de standard pour les radios.
Les hostilités reprennent avec "Too High to Get it Right" et "Dogs on Leads" qui pose le décor avec sa petite intro et ses breaks qui m'évoquent une sortie nocturne avec la crainte de se retrouver en face d'une meute de chiens enragés. Ce titre est mon préféré justement grâce à cette recherche d'atmosphères.
"Teach us to Survive" bouscule quelque peu le schéma établi dans le sens où elle constitue la chanson la moins immédiate, en effet on ne tape pas forcément du pied mais on salue la mélodie de guitare simplement efficace.
Avec tous ces rebondissements et sans parler d'un "Living for Tonite" très académique mais délicieux, nous nous retrouvons au dernier titre "Bound to Fail" qui résonne comme une ultime pulsation fiévreuse d'où filtre une agréable ambiance de stade de foot, un morceau que les fans adorent.
Enfin, comment ne pas parler de "Metal Heart" sans faire ne serait-ce qu'une allusion aux passages de musique classique qui se trouvent sur le premier titre, qui est d'ailleurs éponyme?
En guise d'intro, nous avons droit à "La Marche Slave" de Tchaïkovski, et ensuite à  "La Lettre à Elise" de Beethoven intégrée au solo avec un brio du tonnerre.
Une petite question entre deux headbangings : sachant qu'Udo se consacre à sa carrière solo, est-il possible qu'une réelle reformation ait lieu un jour ?
Moi je l'espère et en attendant, faites comme moi et complétez votre collection d'Accept !

KING DIAMOND - Abigail (1987)

Projet solo du chanteur de Mercyful Fate, King Diamond donne son nom à cette nouvelle entité du metal qui, après un premier méfait ("Fatal Portrait" en 1986) intéressant mais manquant encore de personnalité, porte sa seconde attaque l'année suivante d'une manière plus convaincante.
De tous les skeuds présentés ici, Abigail est peut être bien celui qui est le plus technique : en effet, la batterie de Mickey Dee brille par sa vélocité, elle fabrique une trame alambiquée et implacable qui pour autant ne mise pas tout sur la puissance.
Les drums vont d'ailleurs de paire avec l'éclatante performance d'Andy Larocque à la guitare, générant de multiples successions de plans rapides. Ce grand guitariste a joué sur un album du groupe Death ("Individual Tought Patterns" en 1993), c'est dire s'il est particulièrement doué !
Les lignes mélodiques sont bien entendu présentes mais ce n'est pas ce qui caractérise le plus la musique de King Diamond, les soli par exemple vous traversent comme des frissons au lieu de s'étendre sur de longs phrasés, c'est un régal que cette féroce jubilation auditive.
Ecouter King Diamond c'est un peu comme se plonger dans un bon film d'épouvante car à chaque album il nous régale d'une histoire sur fond d'occultisme ou d'ésotérisme où les guitares se font tranchantes et le chant théâtral.
Le King possède un chant atypique, le bougre est capable de moduler sa voix pour passer d'un registre aigu (voix de fausset) à un registre plus grave tout en nous gratifiant de ses narrations inspirées dont lui seul détient le secret.
Sur l'ensemble de ses albums, les parties narratives sont souvent complétées par des rires sadiques, des bruitages, grincements de portes ou même de rocking-chair, parfois Diamond prend la voix d'un enfant ou d'une vieille femme, toujours dans le but d'enrichir les atmosphères.
Ayant découvert le groupe en 1995 avec l'album "Spider's Lullaby", puis "The Graveyard" en 1996, j'ai mis un certain temps avant de me pencher sur les anciennes productions et c'est peut-être pour ça que mon speech sur Abigail n'est pas très étoffé.
Ce n'est pas mon favori mais il représente très bien le style du groupe tout en comportant bien des hits horrifiques en puissance.
Au final, c'est un recueil de titres homogènes que nous propose cet album, avec toutefois quelques surprises comme des passages acoustiques sur "The 7th Day of July 1777" ou des claviers judicieux sur "Omens" qui est mon titre favori, grâce à sa construction assez basique contrairement au reste plus compliqué même si les émotions arrivent à passer malgré tout.
Vous l'aurez compris : il faudrait être damné pour ne pas connaître ce disque aux trésors insoupçonnables !  

HELLOWEEN - Keeper of the Seven Keys Part 1 (1987)

Penchons-nous maintenant sur un groupe qui a sa part d'importance pour le heavy metal, car il a créé un sous-style très important, que pas mal de ses contemporains transformeront en style à part entière - le power metal (européen, à ne pas confondre avec le power US) - j'ai nommé les citrouilles de Helloween. Pourquoi des citrouilles? Pour plusieurs raisons. D'abord parce que la citrouille est l'emblème du groupe, qui est donc plutôt tourné vers l'humour plus ou moins débile (en témoignent les nombreux dessins de personnages à têtes de citrouilles qui hantent les livrets de leurs albums) et ensuite à cause du nom lui-même : Helloween. On pense immédiatement à Halloween, et donc aux citrouilles. Et là, tout se tient.
Après cette étude étymologique fort intéressante, penchons nous sur le groupe en lui même. Il (le groupe, donc Helloween) fut fondé en 1983. Le line-up jusqu'au premier album ("Walls of Jericho", sorti en 1985) fut le suivant : Kai Hansen à la guitare et au chant, Mickaël Weikath à la guitare et aux chœurs, Marcus Grosskopf à la basse et aux chœurs, Ingo Schichtenberg à la batterie et non, pas aux chœurs. Par la suite, et à partir de leur second album longue durée "Keeper of the Seven Keys Part 1" (celui qui nous intéresse ici), Kai Hansen décida de se consacrer essentiellement à la guitare, laissant le chant à Mickael Kiske, autant à l'aise dans les aigus que dans les graves, mais privilégiant les aigus malgré tout. Le line-up tint bon jusqu'à "Chameleon", album-échec pour le groupe, et marquant la fin de la première ère Helloween : le batteur se suicide, Kiske est viré pour digressions d'opinion et d'orientation musicale, Kai Hansen s'en va fonder l'excellent Gamma Ray... Le Helloween seconde ère (je viens de m'apercevoir que je viens de faire un jeu de mots, les puristes n'aimant pas trop le Helloween de la nouvelle ère, et lui préférant largement l'ancienne ère.... Allez, je vous aiguille : Helloween secondaire, ah ah ah!) connaîtra plusieurs changements de line-up (au niveau des batteurs et second guitaristes, le chant restant stable en la personne d'Andi Deris, dont le registre est assez particulier et s'éloigne de celui de Kiske. On aime ou on n'aime pas....), voyant passer Uli Küsh, Roland Grapow... Le line-up actuel est constitué, outre Marcus Grosskopf et Mickael Weikath, les survivants, de Sasha Gerstner à la guitare, Andy Deris au chant, et Dani Löble à la batterie. Mais comme je l'ai dit, cette période ne sera pas traitée ici.

Après ce petit résumé, focalisons-nous sur la musique d'Helloween. Le premier album "Walls of Jericho" était une sorte de heavy bien speed, bien influencé par Iron Maiden et Judas Priest, lorgnant presque vers un thrash sobre (ils participèrent à un split intitulé Death Metal, avec Running Wild et... Hellhammer, groupe dont l'influence sur le black metal fût importante.). Des guitares bien rapides, des soli à gogo, et la voix de Kai Hansen, lorgnant carrément vers les aigus, et pas encore totalement maitrisée à l'époque. Il a fait des progrès depuis.
Et que dire de ce "Keeper of the Seven Keys Part 1" sorti en 1987 ?
Heavy ? Oui.
Speed ? Oui.
Mélodique? Oui.
Old School ? Pas vraiment, mais pas loin.
Novateur ? Oui.
Incontournable ? Oui, et encore oui !
Il s'agit de l'album référence du groupe, et d'un des albums référence du style qu'ils ont inventé : le power metal. On entendra l'influence de Helloween chez plein de représentants du genre : Rhapsody, Heavenly, Angra (qui ajouta la touche symphonique), et bien d'autres encore.
Mais qu'est ce que le power metal, sinon un terme qui peut prêter à confusion (notamment avec le power US, qui est très voisin du thrash) ? Musicalement, ça lorgne vers du heavy bien speedé, avec mélodies et soli à la pelle, des refrains qui restent ancrés dans la tête. Et surtout une musique relativement facile d'accès, puisque très mélodique, ajoutant parfois des orchestrations plus ou moins pompeuses. Les puristes diront que les groupes de power metal n'ont rien de heavy, et ont même contribué à décrédibiliser le style, presque à le tuer (pourtant il n'est pas mort !), et ils n'auraient pas tout à fait tort. En effet, si un certain nombre de ces groupes ont du talent, quiconque écoute Sonata Arctica (au hasard l'album "Silence") et un bon vieux Judas Priest (allez, "Defenders of the Faith") verra vite la différence... L'un est clairement heavy metal et sent la bière, le cuir et les femmes, l'autre beaucoup moins. Par contre, l'autre sentira autre chose : des paysages enneigées, de la finesse musicale, des mélodies biens recherchées, le tout avec un son aseptisé. Génial et novateur pour certains, pas du tout dans l'esprit du metal pour d'autres, chacun voit midi à sa porte. Pour ma part, j'apprécie ces deux styles. Bref, le power metal n'a, pour la plupart de ses représentants actuels, plus grand chose de heavy metal (j'entends par là le bon vieux heavy metal, à la Judas Priest, Running Wild, ou simplement Iron Maiden).
Mais ce n'était pas le cas de ses fondateurs à l'époque. En effet, Helloween, à cette époque, joue du heavy metal, d'une façon certes novatrice et différente de ses camarades de l'époque, mais du heavy quand même. Avec tout ce qu'il y a de nouveau, au milieu des influences de Iron Maiden et Judas Priest (écoutez donc le solo de "Freewheel Burning", sur l'album "Defenders of the Faith" de la bande à Rob Halford, et vous verrez une des influences de Helloween) dont ils arrivent à se départir, sans les oublier totalement.

Et ce "Keeper of the Seven Keys Part 1" regorge d'hymnes, que ce soit le heavy "A Little Time" et son interlude sombre à la guitare acoustique rapide, le speed "I'm Alive" et ses soli géniaux, le très helloweenien "Twillight of the Gods" (pour la mélodie d'intro), l'incontournable "Future World", la ballade "A Tale That Wasn't Right", ou le chef d'œuvre épique de 13 minutes "Halloween", qui regorge de soli bien efficaces, mélodiques ou simplement ahurissants, et de mélodies qui restent ancrées dans la tête, tout comme les refrains.... La patte de Kai Hansen, qui est le compositeur de 6 des titres de l'album, dont ce chef d'œuvre, y est pour beaucoup.
L'intro "Initiation" débute par la mélodie de "Happy happy halloween, halloween". Et les guitares prennent le relais, jouent sur les harmonies. Dans l'esprit, elle me fait penser à "The Ides of March", qui introduit avec brio l'excellent "Killers" de la Vierge de Fer.
Sur l'outro "Follow the Sign", l'influence d'Iron Maiden est encore plus marquée.
L'influence de Judas Priest se sent par ci par là, notamment sur le solo de "I'm Alive" (je pense au solo de "Freewheel Burning", sur l'album "Defenders of the Faith").
Voilà pour les influences.
Au niveau technique, les musiciens sont au top. Les guitares font la course à la mélodie et au solo avec vélocité, se lançant très souvent dans des joutes excellentissimes, parfois jouant ensemble sur le même plan, parfois en harmoniques (que ce soit sur les soli ou les riffs), ou parfois tout simplement en rythmique/lead. Les soli sont souvent relativement impressionnants. Les mauvaises langues qualifieront ça de branlette de manche. Y 'a pas à dire, la branlette ça peut avoir du bon, la preuve.
Le jeu de Marcus Grosskopf est excellent également, bien technique (écoutez donc son jeu sur "Halloween", notamment ce passage ponctué d'enchainements de slaps de dingue à partir de 6 minutes !), et surtout indispensable, car il apporte une vraie touche, un vrai plus, ne se contentant pas de faire une copie fade et sans intérêt (sinon celui d'un peu plus de puissance) des mélodies.
La batterie est bien efficace, breaks quand il faut, double pédale à gogo.
Et le chant enfin : Kiske a un registre vocal assez grand : il couvre pas loin de 3 octaves. Et même si sa voix n'est pas la plus hargneuse qui soit, il se débrouille foutrement bien. Les mauvaises langues (encore et toujours, alalala...) diront qu'il a influencé pas mal de chanteurs de groupes de "gay metal"... Qu'il soit heavy metal ou pas, c'est un excellent chanteur.
On peut noter la présence de quelques orchestrations par ci par là. Particulièrement dans l'intro et "Halloween" (qui je le répète est un chef d'œuvre parmi les hymnes de cet album). On peut d'ailleurs noter dans ce dernier un solo reprenant à quelque chose près la mélodie de la danse hongroise la plus connue de Brahms.
Dans ce melting-pot musical, on entend parfaitement chaque instrument. Aucun n'est mis en retrait.

Et tous ces ingrédients font de Helloween, et particulièrement de cet album, un incontournable du heavy metal, même si les fruits des graines semées s'en éloigneront. Les semeurs de ces graines, eux, arrivent à jouer du mélodique, tout jouant du heavy metal. Et ça, peu de groupes peuvent se vanter de l'avoir réussi, surtout avec autant de brio.
Incontournable, musicalement et historiquement.

RUNNING WILD - Under Jolly Roger (1987)

Oyé, oyé, moussaillons ! Bienvenue à bord du "Under Holly Roger".
Apres deux albums "Gates to Purgatory" (1984) et "Branded and Exiled" (1985) produisant un speed evil sans compromis avec des  rythmiques qui bastonnent, crient dans les aigues, et des paroles dédiées au Malin tel que "Black Demons", "Soldier of Hell", "Mordor" ou "Evil Spirit", où le visuel rejoint la musique : pentagramme sur les pochettes, cuir et bracelets à clous de sortie, Running Wild se classerait a cet époque plus dans le speed que le pur heavy.
Changement de cap à partir du troisième album qui nous intéresse. Fini le côté obscur de la force (exit le pentagramme) et place aux aventures de la piraterie et de son navire ornant la pochette de ce "Under Holly Roger".
Musicalement, la bande du leader "Rock'n'Rolf" Kasparak, qui reste le seul maitre a bord dans ce navire en perpétuel mouvement (Jörg Michael, le batteur de Stratovarius, a même officié dans ses rangs), va définitivement définir son style, variant les tempos par rapport à ses deux précédents albums, avec une voix plus rock donnant moins dans les aigus, des rythmiques entrainantes, des refrains accrocheurs : voici la marque de fabrique des allemands qui, malgré les modes, ne changeront pas d'un iota. Ici, pas de place pour les ballades ou le synthé.
Les histoires de démons ont laissé la place aux aventures des flibustiers, aux histoires de convoitise, de pouvoir, d'argent et de trahisons.
Cet opus va nous offrir des brulots qui sentent bon la poudre à canon, le titre éponyme ouvrant le bal et nous transportant tout de suite vers le grand large avec son refrain qui sent bon le houblon.
"Raise Your Fist", avec son super solo, est une hymne par excellence, tandis que "Land of Ice" sait se faire inquiétant avec son rythme lent et lourd pour finir le voyage avec un "Merciless Game" à la rythmique de plomb et au solo endiablé.
Pour la tournée qui suivra, les costumes d'époque seront de sortie, de même que les effets pyrotechniques et le navire illustrant le décor scénique. Running Wild sort les grands moyens et publiera le premier album live de sa carrière "Ready for Boarding".  
Malheureusement, le groupe ne percera pas vraiment hors de sa contrée et c'est bien dommage au vu de la qualité de ses concerts. Le Gibus s'en souvient  encore à l'occasion de la rare venue de Running Wild en France, lors de la tournée "Death or Glory" en 1989. Le groupe était alors à l'apogée de sa carrière, la salle afficha complet et de nombreux fans ne purent accéder à la salle bouillante, pouvant laisser des regrets aux organisateurs qui auraient pu (du) voir plus grand.
Running Wild poursuivra le concept de la piraterie pendant 6 albums d'excellente qualité, tels que "Port Royal" (1988) ou le moins connu mais aussi bon "Pile of Skulls" (1994) et passera ensuite au concept napoléonien avec "The Rivalry" (1998) en même temps qu'il changera d'écurie (de Noise Records à Guns Records) et continuera à nous pondre des albums de pur Running Wild comme le dernier en date "Rogue en Vogues" (2005).
Alors si vous voulez vivre des aventures de corsaires, hisser la grande voile, levez l'encre et partez à l'abordage du "Under Jolly Roger".

SAVATAGE - Gutter Ballett (1989)

La deuxième moitié des années 80 aux USA a connu une vague de heavy tirant sur le prog, pratiquement oubliée de nos jours. On y trouvait des groupes comme Fates Warning, Queensrÿche, et donc Savatage qui nous intéresse ici.
Savatage se forme à Tampa, en Floride, en 1981 sous le nom de Avatar. Les fondateurs en sont les frères Oliva (Jon au chant et Criss à la guitare), le batteur Steve Wacholz et le bassiste Keith Collins. Les premiers enregistrements du groupe remontent à 1982, où ils apparurent sur la compile d'une radio locale. L'année suivante marqua un premier changement dans l'histoire du groupe. D'une part, leur nom Avatar, pour des raisons légales est changé en Savatage. D'autre part, le premier album "Sirens" est réalisé, après la sortie d'un EP, encore estampillé Avatar, "The City Beneath the Surface". Cette réalisation est devenue un objet de collection. "Sirens" est encore un peu hésitant au niveau des compositions et de la mise en profondeur de la musique, mais on sent un talent immense au sein de la formation. En effet, la griffe Savatage est déjà bien marquée. Les qualités du groupe ne laissent pas Atlantic Recordings (major ayant vu passer Led Zeppelin, Yes et AC/DC entre autres) indifférent et fait signer la bande en 1984.
Le groupe rentre aux studios Bearsville dans l'Etat de New York, d'où sont natifs les frères Oliva. Ce studio a vu passer des pointures comme Hendrix, les Stones ou encore John Lennon. Dixit Jon Oliva, c'est la première expérience du groupe dans un vrai studio, avec 5 semaines de travail allouées pour enregistrer l'album, alors que "Sirens" avait été bouclé en 26 heures, réparties sur un jour et demi, dans un "poulailler", pour employer ses termes, avec un unique enregistreur à bandes. "Power of the Night" bénéficie en effet d'un meilleur son et de compos plus approfondies. Le heavy metal développé ici reste dans l'apanage de ce qui se faisait à l'époque aux USA. On y retrouve d'ailleurs quelques similitudes avec Armored Saint qui avait sorti son "March of the Saint" l'année précédente. Cependant, Savatage fait montre de son savoir-faire en matière de soli et de performances vocales. Oliva cite "Power of the Night" comme leur premier véritable album. En effet, on y trouve déjà l'atmosphère et le groove typique du 'Tage.
Le succès de "Power of the Night" promeut Savatage au rang international. En 1986, Johnny Lee Middleton intègre le groupe en tant que bassiste, remplaçant Collins. Savatage tourne avec Ted Nugent et Blue Öyster Cult, deux monstres sacrés de la première vague hard rock. En Europe, ils ouvrent pour Motörhead fraichement devenu une légende. Cette année connut aussi le premier écueil avec leur troisième album "Fight for the Rock". Une pochette dans une imagerie patriotique, thème alors très peu voire pas du tout abordé dans les opus précédents. Musicalement, le tout est adouci, probablement pour davantage séduire le public. Son plus retenu et approche plus FM. Au final, il est très mal reçu et restera dans les "moins bons" du groupe.
Une petite remise en question et 1987 voit la sortie de la quatrième réalisation "Hall of the Mountain King". Revenus dans le sillage de "Power of the Night", Savatage nous offre un très grand moment de heavy metal encore plus personnel et performant qu'il ne l'était auparavant. Les membres sont encore plus épanouis et nous proposent des morceaux puissants et rudement bien ficelés, tels le morceau éponyme ou encore "24 Hours Ago" qui ouvre de manière majestueuse cette pièce. On retrouve ce fameux groove, la voix de Jon encore plus poussée, de même que les soli de Criss.

Mais c'est en 1989 avec la sortie de "Gutter Ballet" que la musique du 'Tage atteindra son paroxysme.
On remarque à la vue de la pochette que de nouveaux thèmes sont abordés : le théâtre, le drame, le baroque et dans une moindre mesure, l'horreur. Jusque là, l'imagerie restait dans un domaine plutôt guerrier. Evidemment, la musique suit aussi cette voie, cependant on peut paraître bluffé par le morceau d'ouverture, ''Of Rage and War'', campant les thèmes précédemment employés et on y retrouve le heavy metal typique de Savatage. Mais dès l'intro de la deuxième piste, ''Gutter Ballet'', on remarque le virage à 90° : une intro au piano plutôt dramatique avec l'ensemble guitare/basse/batterie qui marque à grands coups les temps forts, comme dans une pièce de classique. La voix de Jon arrive et là, elle ne dénote pas avec le reste. Elle est remplie de tristesse et de complainte. On continue avec l'instrumental ''Temptation Revelation'' où Criss nous montre que lui aussi est dans le délire dramatico-baroque. On se sent littéralement transporté dans la pièce représentée sur la pochette.
La ballade ''When the Crowds Are Gone'' et ''Mentally Yours'' avec sa magnifique intro au piano accompagnant la voix de Jon, sont les plus représentatives de ce côté dramatique. On retrouve même un côté opéra avec ''Hounds'', le morceau le plus mystique et le plus sombre, au niveau du thème, de l'album. On a l'impression d'être dans un château abandonné, habité par des fantômes, des vampires et autres créatures de films hantés. On sent un côté kitsch volontaire pour faire ressortir cet aspect "hanté" avec un orgue en nappes derrière le riff du refrain, le tout soutenu par un Jon Oliva à la voix de gargouille. Savatage s'est aussi essayé à la power-ballade, très en vogue dans les années 80, avec ''Summer's Rain'', tout en suivant le fil rouge de l'album décrit précédemment, et c'est un succès. Jon y pousse sa voix sûrement au maximum qu'il puisse atteindre et cela dégage une telle puissance qu'on ne peut pas éviter de se sentir propulsé par tant d'énergie.
On sent quand même que Savatage veut montrer qu'il est un groupe de heavy metal avant tout, d'une part avec leurs riffs si typiques et d'autre part avec les deux morceaux entrecoupant le reste : ''She's in Love'' et ''The Unholy''. Le thème général de l'album n'est presque pas abordé ici, voire pas du tout et on observe plus du Savatage époque "Power of the Night" – "Hall of the Mountain King". Pour clôturer l'album, l'OVNI kitschounet, mais excellent ''Thorazine Shuffle" (bonus-track pour l'édtion CD). Les "aaaahs choirs" en nappe font penser à la bande son d'un film d'épouvante des 50's.
"Gutter Ballet" reste avant tout un album de heavy metal, mais avec un côté très personnel (on ne remarque aucune influence directe) et un univers bien développé. On y retrouve la griffe Savatage en matière de riffs et soli uniques habilement maîtrisés et bourrés de feeling. Au chant, le répertoire est très large et parfaitement adapté au concept dramatique. Une telle performance ne sera jamais égalée tout au long de leur carrière. On a donc ici une pièce maîtresse du heavy "sophistiqué" de la fin des 80's.  A ranger aux côtés d'un "Awaken the Guardian" (Fates Warning) et d'un "Operation : Mindcrime" (Quennsrÿche). A noter d'ailleurs quelques vagues ressemblances avec le "Rage for Order" de Quennsrÿche sur certains aspects.

Par la suite, le groupe a continué dans une optique plus ou moins dramatique et orchestrale. "Streets : A Rock Opera" sorti en 1991 est, comme son nom l'indique, un opera-rock un peu dans la lignée de Meat Loaf, mais en moins novateur et grandiloquent. On y retrouve moins la magie de Savatage mais la performance d'Oliva est là. En Octobre 1993, quelques mois après la sortie de "Edge of Thorns", le guitariste Criss Oliva, alors âgé de 30 ans, trouva la mort dans un accident de voiture. Les circonstances du drame : un chauffard en état d'ébriété l'a percuté. Un hommage lui a été rendu avec la publication en 1995 de "A Ghost in the Ruins : A Tribute to Criss Oliva", une compile de lives enregistrés entre 1987 et 1990.

Article réalisé par BeerGrinder, Eulmatt, IllusionLord, Mamafucker, Morgothduverdon, Paganthrasher, Poupoune et Steelhardos (initialement publié le 14 Février 2009)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"ce fameux signe de la main, majeur et auriculaire levés, cher à tout metalhead pendant les concerts"

Alalah ! Ça nous pond des articles toujours plus complets et enrichissants et ça ne connaît même pas le nom des doigts de la main !

Vinterdrom a dit…

Précision qui avait échappé à notre vigilance. Ça arrive, nous ne prétendons pas non plus être parfaits. Erreur corrigée.

Anonyme a dit…

Je plaisantais hein, j'espère que tu ne l'as pas mal pris ! Sinon excellent boulot comme d'hab, j'ai hâte de vous relire (surtout que si je me rappelle bien, j'avais lu qu'un article sur le death européen était envisageable :bave:) !

Vinterdrom a dit…

Pas de soucis, j'avais bien senti que tu plaisantais ;-)
Concernant les prochains articles, il y a pas mal de projets en cours mais nous sommes un peu en stand-by, très occupés par ailleurs. Néanmoins, nous ne sommes pas morts !