EDITO : LE CADEAU DE NOËL DES TRUBLIONS (SELECTION 2008)

- Jingle bells, jingle bells, la la la la la

- Hein ? Mais keskecé z'bordel, kestu fous là, le vioque ? Et c'est quoi ce pyjama rouge de mes deux ?

- Et bien … hum … vois-tu, mon garçon, j'ai été dépêché par les p'tits gars des Trublions pour venir t'offrir tout plein de jolis cadeaux metalliques. Joyeux Noël, mon garçon !

- Noël, non mais t'as cramé un fusible, t'as pas vu ? Hé, le 25 Décembre, c'est passé, on est en Février, là ! T'es bigleux ou quoi ?

- Hu hu hu, je comprends parfaitement ton emportement, hu hu. Mais si les p'tits gars ont pris leur temps, c'est pour mieux te gâter, mon garçon. Et puis … mmmh … (comment m'ont-ils dit déjà ?) … mmmh … oui, c'est bien ça, ils voulaient revenir aux fondamentaux, aux racines.

- Racine, c'est pas un scribouillard à la con, ça ? Et Trve Blyon, c'est quoi ce groupe ? Ils jouent quoi ?

- Hu hu, non, mon garçon, ce n'est pas un groupe musicalement parlant, bien que certains de ses membres pratiquent la musique. Il s'agit d'une équipe de rédacteurs qui publie des articles sur le blog de Spirit Of Metal traitant de différents courants du metal ou styles associés, abordant parfois certains genres très … underground, comme ils disent.

- Connais pas. Et puis t'façon, moi, je lis que Metallian. Ça, c'est du mag underground qui déchire sa mère. Le reste, m'en fous, c'est d'la merde.

- Si je puis me permettre une remarque, mon garçon, tu ferais bien d'aller y jeter un coup d'œil, leurs articles sont très instructeurs … (marmonnant dans sa barbe … et ça t'mettrait un peu d'plomb dans la cervelle, vin diou)…

- Hein, t'as dit quoi à la fin, j'ai pas entendu ?

- Hum hum, je disais que … je prendrai bien un peu de Morgon ou de Tavel, vin diou. La route a été longue et je ne serais pas contre un petit remontant, hu hu … (pfffiou) …

- C'est des trucs de snob ça, y'a que d'la piquette ici. Et tes boniments à deux balles, tu peux t'les carrer bien profond. Bon, t'as ram'né quoi alors ?

- Et bien, pour commencer, j'ai avec moi un best-of de l'année 2008, que les p'tits gars des Trublions m'ont chargé de t'apporter en guise de compensation pour le retard de livraison. Et ils m'ont dit aussi que … mmmh, attends … voilà ! … qu'ils en avaient marre des best-of aseptisés et mainstream, et qu'ils voulaient offrir quelque chose de plus original, de plus barré. Et montrer qu'ils assument pleinement leur réputation de farouches combattants de l'extrême et de l'underground.

- Extrême ? Underground ? Ils déconnent là, attends, y'a même pas le dernier Cradeule, le meilleur album 2008, alors qu'ils en ont parlé dans Metallian. Ca craint, leurs cadeaux !

- Mmm bon (moue perplexe) … mais dis-moi, mon garçon, quelles sont donc ces sonorités en … hum, comment dire … polymère de synthèse, qui sortent de tes haut-parleurs. Pourrais-tu baisser un tantinet le volume, mon garçon, eu égard à un pauvre vieillard comme moi dont les oreilles s'affaiblissent de jour en jour ?

- V'a t'faire voir, j'baiss'rai pas. Et ça le vioque, t'y touche pas, tu dis pas du mal hein, sinon j'te crame le cul. Ca, c'est In Sorte Diaboli, le meilleur album 2007. L'est trop fort, ct'album. J'arrête pas dl'écouter, c'est du trve de la mort !

- Hu hu, toutes mes excuses, mon garçon, mais vois-tu, dans le best-of 2008, question … hum, trve de la mort comme tu dis, il y a des groupes qui enregistrent dans des caves et des cimetières, il paraît.

- Ah ouais, c'est vrai ? Trop d'la balle, faut que j'écoute ça alors !

- (Marmonnant dans sa barbe … Bigre, qu'est-ce-qu'il faut pas inventer pour les appâter, ces p'tits vauriens) …

- Hein, tu disais quoi, j'ai pas entendu ?

- Hum hum, je disais que … on pourrait peut-être continuer à déballer, si tu le veux bien ? … (pfffiou) …

- Bon alors, c'est quoi la suite ?

- Un bon gros cadeau pour les grands et les petits, qu'ils disent. Une sélection heavy metal présentant les pierres fondatrices du genre. La base de tout, qu'ils disent.

- Du heavy metal ?! Attends, c'est pourri, que des tarlouzes en falzar moulant, j'veux pas d'ça moi !

- Hu hu, mais d'après eux, il paraît que sans ces groupes-là, la musique que tu écoutes aujourd'hui, mon garçon, n'existerait certainement pas, et ils savaient également bien … hum … balancer la sauce, comme on dit, si tu me permets cette petite gaillardise, hu hu !

- Ouais, OK, j'vais filer ça à mon vieux, il arrête pas de radoter avec ses Médeune et ses Manauouare, ça l'calmera. Mais que des feukin' poseurs ça !

- Hum, soit … Et bien, je suis très heureux que tout le monde puisse profiter de ces cadeaux. Et bonne année et bonne santé, mon garçon, à toi et à tes proches, de la part de toute l'équipe des Trublions.

- Ouais, c'est ça, et qu'ils crèvent avant la fin de l'année. Maintenant, barre-toi.

- (Crève toi-même, p'tit trve dv kvlt !)

- Hein, quoi ?

- Hu hu hu … jingle bells, jingle bells, la la la la la …

KILL THE CLIENT - Cleptocracy

Aïe, putain la baffe dans la gueule! On a pourtant eu du lourd cette année avec des galettes de Misery Index, Brain Drill et des invincibles Origin... Mais avec ce deuxième album, les grindeux  texans de Kill The Client tirent dans le tas et se font une place de choix dans les albums 2008 à grande rafales de M16.
Comme tout groupe de grind/death revendicatif qui se respecte, Kill The Client vomit sa haine à grands coups de riffs dévastateurs, de paroles accusatrices soutenues par les blast-beats déchainés de Brian Fajardo.
Ceux qui apprécient l'incroyable brutalité de "Chaos Dissection Order" et "In for the Kill" des hollandais d'Inhume doivent se jeter sans attendre sur ce Cleptocracy aussi débridé que précis. Le côté death est un peu moins présent que chez les hollandais au profit du côté punk, mais dans tous les cas, l'efficacité est bien présente.
Pas de chichi, des titres entre 1' 00'' et 1' 30'' qui déblayent tout comme "Bullet Proof Vultures" ou le monumental "Spartacus "et le tour est joué. Bon ,18 titres pour 22 minutes de zique, c'est court mais au vu de l'intensité de la galette c'est presque suffisant.
Un cadeau injustement oublié cette année qui ravira les plus brutaux d'entre nous.

LIFELOVER - Konkurs

Troisième album en trois ans pour les névrosés de Lifelover. Subtil mélange entre l'agressivité maladive de "Pulver" et le spleen urbain de "Erotik", "Konkurs" s'ouvre également à la nostalgie et la mélancolie, suivant une progression logique et implacable, véritable maelström de pulsions morbides et suicidaires (à peine) dissimulées sous une apparence lisse et respectable.
Œuvrant dans un melting-pot rock/metal aux influences black, new-wave, jazz, electro voire même ambiant, avec des morceaux construits selon un format tubesque et des mélodies simples à la fois accrocheuses et venimeuses, le sextet suédois présente avec "Konkurs" ce qui n'est rien de moins que leur album le plus riche et le mieux produit à ce jour. Leur album le plus abouti, leur meilleur, en somme.
Original, varié et artistiquement top, cette galette n'est rien de moins qu'un pur concentré de drogue dure. Gare à l'addiction … et à l'overdose !

PENDRAGON - Pure

Attention cet album est une pépite de prog metal !
Pourquoi Prog Metal et pas Metal Prog me direz-vous?
Parce qu'à l'écoute du disque on remarque plus facilement l'aspect prog que metal. Toutefois, la combinaison des deux styles est une vraie réussite faite de hauts pics d'émotions et d'un degré technique enviable, le tout servi par des riffs en béton.
A ceux qui aiment Ayreon, Porcupine Tree, Pink Floyd ou même le "Damnation" d'Opeth : écoutez-le, offrez-le à votre meilleur ami ou à vos parents, faites-vous-le en cadeau et alors là, vous m'en direz des nouvelles.
Pour les amateurs de belles guitares, c'est aussi l'occasion de toucher le paradis grâce aux envolées splendides ici présentes.

MAR DE GRISES - Draining the Waterheart

L'Amérique du Sud est une terre de metal bien connue des fans de thrash, de death, de black ou même de prog. Le Chili n'est cependant pas son représentant le plus connu, et quand il s'agit de parler de doom, là il s'agit d'une première.
Pour leur second opus, les Chiliens ont pondu une merveille. Du doom-death de grande qualité, très respectueux des fondamentaux (ce qui est un gage de qualité en doom), allant lorgner vers des univers atmosphériques pour alléger ce qu'il faut leur musique, qui demeure d'une grande élégance (l'influence d'Anathema se révèle par instants).
Une sombre masse en mouvement, jamais pesante, toujours fluide et chargée d'émotion. Un grand disque de doom-death trouvant parfaitement sa place dans une scène de plus en plus fournie.

IMPIETY - Dominator

Un simple EP hyper efficace d'un groupe qu'on ne présente plus.
Pas beaucoup d'albums à écouter datant de cette année mais si il y en a un que j'ai retenu, c'est vraiment "Dominator" avec sa batterie/mitraillette/coup de canon, ces riffs hyper-soignés, accrocheurs, rapides et ultra-violents avec des vocaux sortis de l'enfer, tout aussi diaboliques que les paroles. La petite reprise de Sarcofago "The Black Vomit" faite à 200 km/h et de manière plus moderne sans enlever le charme de l'originale. Pas une minute de répit et encore moins de lassitude.
Encore merci à Impiety pour leur live au Lyon's Hall et pour ce "Dominator".

OPETH - Watershed

Jamais un groupe n'aura su imposer avec autant d'assurance une quasi-unanimité auprès d'un aussi grand nombre d'auditeurs si divers et variés.
Opeth, on aime ou on n'aime pas, mais on s'incline respectueusement devant les qualités et la démarche de ce travail de recherche musical captivant. Aidé de ces sept morceaux explorant des horizons musicaux étonnants, Opeth poursuit sa quête initiatique aux confins d'un univers où se croisent des influences qu'on pourrait croire contradictoires, mais qu'il réunit pourtant avec un talent et une audace incroyables, enfantant ainsi un mélange subtil et délectable.
De telle sorte que Opeth redonne tout son sens au terme "progressif", repoussant les limites toujours au-delà...

NYKTALGIA - Peisithanatos

A vrai dire, je ne pensais pas tomber sur une telle révélation. Etant farouchement hostile au black metal ambiant enrobé de mélodies gentillettes et de mid-tempos à endormir un pompier en plein brasier, voilà que je tombe nez à nez avec l'une des plus belles définitions de BM mélodique et posé que Lucifer puisse m'apporter.
Nyktalgia, formation germanique, en est à son deuxième album, un concentré de black metal très mélodique, parfois doucereux. Mais ô joie, rien de tout cela ne renifle le miel bon marché, la musique du groupe reste rugueuse et appuyée par des rythmiques rigoureuses, aucune de ces envolées guitaristiques n'est prise à la légère, chacune a été minutieusement réfléchie par le musicien, laissant parler à la fois sa logique et ses émotions, on a droit à un bassiste mis incroyablement en évidence, offrant au riffing toute sa profondeur. Le chanteur, quant à lui, excelle dans un registre proche de Varg Vikernes, dégageant cependant davantage de colère que le norvégien.
Les morceaux sont longs, rien que "Nekrolog", morceau le plus court de la galette dure 7 bonnes minutes, morceau d'ailleurs à la palette la plus sombre, intégrant une lourdeur death bien prononcée (oui oui, vous avez bien lu !), gros changement par rapport aux premier et troisième titres tout en dentelle. Le dernier reste absolument mid-tempo, comme une dernière ode aux lamentations.
Ce magnifique album m'a apporté de l'espoir et une nouvelle vision du black metal plus posé. Sachant se montrer inventif, malicieux et surtout suffisamment nerveux, il jouit d'un répertoire atmosphérique singulier, abouti grâce à cette manière de composé tellement intelligente. L'album de 2008, sans hésitations.

DEAD CONGREGATION - Graves of the Archangels

La scène grecque est certes peu développée, et les bons groupes ne sont à mon goût pas légion. Sauf qu'œuvre depuis 2004 les death-metalheads de Dead Congregation.
J'aime énormément leur musique, les mecs ont leur patte, c'est incontestable. C'est particulièrement sombre et ambiancée pour du death, que je trouve pas si éloigné que ça pour ce côté d'un Immolation (l'aspect technique en moins, cf. le "Teeth into Red", ou le mini-album "Purifying Contesting Ground"), avec la simplicité d'un Incantation et de temps à autres des plans furtifs à la Morbid Angel, ainsi que des relents de Deranged dans la voix (avis perso mais bon).
Il n'y a pas tout à fait l'aura très noire d'un Necrovation, piochée chez Belial ou Incantation par exemple, mais on sent que les mecs aiment aussi pas mal le black pour cet aspect funèbre et très noir qui ne se retrouve généralement que dans un disque de black metal. Puis avec cette intrusion en quelques endroits de chants orthodoxes, qui renvoient assez bien le caractère sataniste de leurs paroles, et l'ensemble glauque du truc. Du tout bon.

KORUPTURE - The Book of Time

Alors qu'en 2008, certains s'animaient à redonner des couleurs au thrash en lui procurant un revival et que d'autres fournissaient des albums de death metal mémorables, en Alaska, cinq metalheads fondaient Korupture pour créer la passerelle entre les deux mouvements.
Les efforts passés voulant mélanger le death et le thrash n'ont pas toujours été glorieux et le résultat pas si savoureux.
Grace à son chanteur maniant le chant clair du thrash et le growl du death, des lignes mélodiques pas empruntées qui accompagnent des riffs massacreurs, Korupture nous offre "The Book of Time" qui devra ravir à n'en pas douter les amateurs des deux genres.

Edito réalisé par l'équipe des Trublions (initialement publié le 14 Février 2009)

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