LA SELECTION PUNK / HARDCORE 80'


Les fans de hardcore n'ont jamais été légion en France et très peu de metalleux connaissent vraiment les origines et la définition de ce style. Pour preuve, nous étions seulement deux au début de cette sélection, Barback et moi, le premier ayant du quitter les Trublions pour des problèmes de temps. Me voilà donc tout seul face à un style que j'affectionne énormément mais où les infos ne tombent pas du ciel et les renseignements doivent s'arracher. Je tiens tout de même à remercier Barback qui m'a aidé dans mon orientation, mes chroniques, le choix de certains albums et qui m'a fourni quelques infos. J'ai essayé de faire une sélection aussi diversifiée dans le temps à travers toutes les 80's ainsi que musicalement.
Si le hardcore n'est pas très commercialisé en France, c'est avant tout car celui-ci à su dominer toute l'Amérique du Nord dans les années 80 en restant souterrain. L'Angleterre a également été touchée par ce "phénomène" notamment par les groupes de punk les plus furieux qui voulaient briser les limites de la vitesse et de la brutalité par des accords simples, lourds et répétitifs. D'autres ont misé sur l'intrusion de courants musicaux différents ou de "bizarreries" tout en restant dans un esprit très keupon. J'espère que vous prendrez plaisir à écouter les albums proposés autant que j'ai eu plaisir à faire certaines découvertes ainsi que la chronique de tous ces chefs d'œuvres.

THE EXPLOITED - Punks Not Dead (1981)

Lorsqu'on parle de punk/hardcore, le premier groupe qui vient à l'esprit de beaucoup est bien entendu la mythique bande de punks écossais des "Exploited". Ce qui au fond est un peu normal car c'est surement l'un des premiers groupes dont toute la scène punk/hardcore est partie, petit retour en arrière…
1977, la mouvance punk apparue quelques années auparavant aux USA avec des groupes comme les Ramones, New York Dolls...voit son étendue s'agrandir tandis que les Sex Pistols font leur apparition afin de déferler sur toute l'Europe, le punk est à cette époque une mode internationale et révolutionnaire. 1979, le split-up de ce même groupe suite à la mort de Sid Vicious essouffle le punk qui ne sera plus une mode mais le véritable cri de guerre de la classe ouvrière révoltée par les abus et les injustices sociales du système. 1979 est aussi l'année de création du groupe The Exploited avec comme line-up Wattie Buchan au chant, Big John Duncan à la guitare, Garry McCormack à la basse et Dru Stix à la batterie, qui sortiront deux ans plus tard un album aussi culte que explicite du nom de "Punks Not Dead".
A présent, passons au contenu plus musical de cette œuvre. Quelques accords simples et hargneux, une batterie rapide et un chant "braillé" avec un accent écossais qui rend le tout encore plus agressif, cette recette sera la marque de fabrique du punk/hardcore durant toutes les années 80 avec d'autres groupes aussi violents que English Dogs, GBH, Crass, Chaos UK, Disorder, Bad Brains... qui sortiront par la suite des albums aussi mythiques que ce "Punks Not Dead". Les textes sont tout aussi révoltés que la musique avec notamment les expériences du chanteur Wattie Buchan lors de son séjour à l'armée pour servir sa "chère majesté" ou bien les profondes envies du groupe de renverser cette société affligeante et injuste.
The Exploited sortira l'année suivante l'album "Troops of Tomorrow" qui est aussi punk que celui qui nous intéresse aujourd'hui, mais en peut-être un peu moins rapide. Dans le milieu des années 80, la direction musicale frôlait le speed/thrash voire le grindcore pour être plutôt tachée "metal" dès le milieu des années 90. Il est d'ailleurs à noter que ce groupe n'est jamais resté très longtemps avec le même line-up et que seul le chanteur est encore membre originel, sont frère Willy, batteur du groupe de 1983 à 1987, occupe depuis 1996 ce poste de manière fixe.

AMEBIX - No Sanctuary (1983)

Froid, sombre, décalé, torturé, nihiliste... Tel est le style de Amebix influencé par des groupes comme Motörhead, Black Sabbath et Killing Joke avec la vision anarchiste du collectif Crass. Cette bande, formée en 1978 à Bristol en Angleterre, composée du leader Rob Miller à la basse et au chant ainsi que d'autres amis de lycée et de son frère qui seront souvent changés au niveau du line-up, ne parle pourtant pas à tout le monde. Malgré le coté discret de Amebix, celui-ci reste une valeur sûre de la musique "extrême et violente", ayant influencé bon nombre de groupes à présent cultes comme Sepultura, Napalm Death, Neurosis ou par exemple Devianted Instinct qui ont tous rendu un jour ou l'autre hommage à Amebix, définisseur du style crust.
A présent, pour le coté plus musical, le tout est vraiment difficile à décrire à cause du style unique de ce groupe, on a donc le droit à des éléments hardcore, une touche de thrash metal et un soupçon de heavy nappé de temps à autres de claviers lugubres pour rendre la musique encore plus oppressante et intrigante. Le genre est d'ailleurs plutôt difficile d'accès, j'ai mis un bon bout de temps avant de me rendre compte que la musique de Amebix était vraiment recherchée et ici, la violence ne se fait pas ressentir avec la rapidité du jeu des musiciens ou les hurlements primaires du chanteur, mais avec les rythmes décalés, les guitares vrombissantes, le timbre très spécial et poussif de Rob Miller, ainsi que les claviers joués plus graves et sombres, empruntés à l'influence new-wave du groupe. L'imagerie du groupe colle d'ailleurs très bien avec la musique : photos de cadavres, de guerres, d'un futur des plus angoissants....
Amebix peut se vanter de n'avoir jamais sorti de bouse infâme, leurs futures réalisations resteront toutes dans le même style que cet EP en se diversifiant à chaque fois sans perdre de son charme et de son esprit. Un gros coup de cœur découvert seulement cette année.

DISCHARGE - Hear Nothing See Nothing Say Nothing (1982)

Avant de commencer à lire ce commentaire ou bien à écouter cet album, vous devrez vous munir de : un poing américain dans chaque main, une bonne paire de rangers à coques pour la furie des pogos, un perfecto à spikes et une bonne vieille crête faite "maison". Voici Discharge, plus violent que The Exploited et plus pessimiste que Amebix.
Formé à Stroke-on-Trent en Grande Bretagne, Discharge apparait dans le paysage punk anglais en 1977 (très en avance sur son temps). Le groupe se compose alors des frères Roberts, Terry et Tony, de Roy Wainright et Tony Axon. Dès sa première démo, le groupe se démarque énormément de la scène punk contemporaine par un son très agressif et une saturation au niveau des guitares incroyable, puisant ses influences chez les Clash, The Damned et plus tard chez Motörhead.
La musique de Discharge est minimaliste, simpliste mais efficace et le tout est prouvé avec cet album qui sera réédité en 1988 avec 12 bonustracks (soit 26 chansons au total). Ces anglais inventent une nouvelle vague musicale nommée le D-Beat, les frontières de ce style ne sont pas vraiment délimitées, on a à faire à un mélange de gros punk/hardcore lourd et extrêmement rapide. Le son et la violence des guitares sont aussi tranchants que des lames de rasoirs, le chant de Cal (Kelvin Morris de son vrai nom) ressemble à des grognements de pitbull en furie qui braille la misère du peuple ouvrier et les injustices sociales de l'époque avec en vue un futur vraiment pas optimiste. Quand à la batterie, elle reste assez bateau, se contentant de suivre la rapidité du tout, mais cela va avec l'esprit du groupe.
Je n'ai réellement découvert ce groupe que très récemment et je dois avouer avoir été surpris par la violence et la haine qu'il dégage, un petit merci à Barback pour m'avoir conseillé sur ce groupe sur lequel je n'ai jamais vraiment pris la peine de me pencher jusqu'à présent, mais dont je ne pouvais éviter de parler du fait de son statut culte et surtout de sa grande influence sur le thrash et le grind.

BAD BRAINS - Attitude, The Roir Sessions (1982)

Bad Brains, un groupe aussi étonnant que diversifié et culte. Le style mélange punk/hardcore et reggae (!!!!) et la bande est composée seulement de black américains à la dégaine très "rasta". Formé en 1977 au USA, Bad Brains sort tout d'abord deux démos qui font beaucoup de bruit dans le milieu punk et surtout près de la scène new-yorkaise, ce qui leur permettra de réaliser bon nombre de concerts dans la célèbre salle du CBGB, avec sur scène, une énergie aussi débordante de la part du groupe que du public.
Et cette même énergie nous la ressentons bien avec ce véritable premier album sorti en 1982 sur le label We Bite Record, le groupe ayant entre temps changé de chanteur pour recruter le célèbre leader qui se fait nommer "H.R".
Dès le premier morceau, le ton de l'énergie et de la vitesse est donné avec sûrement l'un des titres les plus connus et les plus cultes de Bad Brains, "Sailin'On" avec son introduction reconnaissable parmi tant d'autres. Tant d'hymnes sur cet album, tant de morceaux qui ont permis à la reconnaissance musicale de ce groupe si varié. Au niveau de l'instrumentation, on a à faire ni plus ni moins à un bon gros punk/hardcore avec cette petite touche "diversifiée" qui enrichit la musique de Bad Brains et surtout la voix très reggae et poussée de H.R qui n'est pas sans rappeler celle de J.Rotten des Sex Pistols. Quelques morceaux purement reggae viennent détendre l'atmosphère même si personnellement je ne suis pas fan, je dois avouer que c'est plutôt culoté, donc bien joué.
Malgré les longues années d'existence de Bad Brains, ceux-ci n'ont sorti que quatre véritables albums parmi bon nombre de démos, de lives et de EP/LP. Une valeur sûre de toute cette génération punk en pleine évolution et ceux qui ont eu la chance de voir ce groupe mythique sur scène se souviendront à mon avis toute leur vie de leur expérience.
HORS-NORME !!!

AGNOSTIC FRONT - Victim in Pain (1984)

Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas spécialement fan de Agnostic Front, mais après tout, si ce groupe est si connu et si culte autant dans la scène hardcore que metal, voire apprécié par certains groupes de thrash, c'est qu'il y a forcement quelque chose derrière, je vais donc être le plus objectif possible sur ces terres inconnues. De plus, parler hardcore sans évoquer Agnostic Front serait comme parler science-fiction sans parler de Star Wars, sûrement le leader de tout un mouvement. Ne connaissant pas bien, j'ai du me baser sur plusieurs conseils ainsi que plusieurs chroniques et une écoute approximative de la discographie de Agnostic Front qui, je dois l'avouer, est vraiment très diversifiée. Il s'avère donc que c'est ce premier album "Victim In Pain" qui a tout déclenché. Groupe formé à New-York, Agnostic Front est l'un des fondateurs du punk/hardcore "maison". Le chanteur Roger Miret est le frère de Freddy Cricien, chanteur de Madball.
Au début des années 1980, la ville de New-York était en pleine récession, la criminalité était très présente, la scène underground n'avait jamais connu une si grande activité. De nombreux jeunes de la classe ouvrière habitant Manhattan et le reste de la ville ont commencé à former des groupes de rock dur, inspirés par la scène punk-rock du CBGB pour lutter contre les épreuves et les dangers de la vie urbaine. New-York est donc devenu logiquement la scène de l'épanouissement du hardcore (NYHC) qui a vite remplacé le mouvement punk.
Musicalement, on sent bien le coté punk par la vitesse, l'agressivité, la voix de ce cher Roger et la durée des titres. Seulement voila, on ne peut pas classer cet album de simple "culte punk", la violence, la hargne et les thèmes de dénonciation sans compromis nous montent au niveau du hardcore. Même si chaque morceau ne se différencie pas par les accords et encore moins le jeu de batterie, cette simple puissance jetée en bloc suffit, et on sent que le tout a été fait avec le cœur et surtout les poings couverts de sang, ce qui nous donne vite l'envie de nous retrouver dans une fosse à éclater tout ce qui se trouve autour de nous.
J'ai découvert ce chef d'œuvre sur le tas pour cette présentation, et je ne regrette pas de m'être penché sur ce premier album qui est vraiment génial. Juste une petite parenthèse, c'est que chaque production est assez différente de la précédente, peut être ce qui m'a gêné chez AF, sachant qu'avant "Victim in Pain" je ne m'étais qu'attardé sur les derniers. Merci les Trublions !

DIRTY ROTTEN IMBECILES - Crossover (1987)

Dirty Rotten LP ou Crossover ? Crossover ou Dirty Rotten LP ?... Choix difficile au vu de ces deux bombes atomiques lancées par Dirty Rotten Imbeciles formé le 2 mai 1982 à Houston, Texas, appelé plus couramment DRI. Le premier étant sorti en 1983 et celui-ci en 1987 avec entre les deux, un simple bon album, "Dealing With It" et une compile.
Le choix est tout fait, je ne vais pas m'en cacher, j'ai une nette préférence pour Crossover. Pourquoi ?! Tout simplement parce que contrairement au punk sale et plutôt désordonné des deux premiers albums, Crossover, sur une base hardcore, frôle le thrash comme un poing frôlerait notre visage dans un pit. Ainsi est né le crossover qui sera même plus tard considéré comme un style à part entière influençant des groupes comme Municipal Waste ou les plus furieux et cultes bands de grindcore comme Napalm Death et Nasum. Les rythmiques de batterie se ressemblent comme à l'habitude, mais le tout est tellement propre, tellement carré, les guitares toujours aussi tranchantes mais plus lourdes et moins mises en avant où l'on sent un équilibre des instruments avec la surprise de quelques solos biens travaillés mais plutôt courts et une basse des plus furieuses et tapeuses suivant sans fautes la "mitrailleuse". Quant au chant, on sent que ce groupe vient du hardcore et pratique le hardcore, mais le brailleur en herbe donne des tons beaucoup plus metal dans les mêmes timbres que Paul Baloff de Exodus mais en peut-être beaucoup moins grave. Des morceaux plus longs et mieux construits dans l'ensemble qui classent DRI à la limite du metal.
Un groupe et en particulier un album pour les moshers qui n'ont pas peur de mouiller le maillot et de se mettre les poings en sang. DRI, l'une des valeurs sûres de toute une génération et fondateur d'un mouvement des plus furieux.

DEVIATED INSTINCT - Welcome to the Orgy (1984/1987 - Sortie 2006)

Deviated Instinct est un groupe de crust formé en 1984 au Royaume-Uni et splitté en 1991 avec à son actif quelques compiles sorties notamment sur Peaceville Record et surtout ce best-of qui résume bien la carrière de Deviated. De plus, la plupart des albums (si ce n'est peut être tous) de DI sont quasiment impossibles à trouver. Formé de Snapa à la basse, Charlie à la batterie et Rob Middeleton à la guitare et au chant qui remplaça Leggo au chant parti en 1988. Peu d'informations sont délivrées sur ce mythe vivant.
Apparu un peu plus tard sur le tas comparé aux autres groupes aussi cultes, Deviated Instinct pratique tout d'abord un anarcho-punk des plus violents et chaotique. La suite se fera un peu plus diversifiée avec des éléments hardcore, thrash, un tantinet de death des 80's et surtout, si j'ose dire, un soupçon de Hellhammer.
Le son est toujours un peu grésillant mais rien de bien choquant, les guitares très graves et rythmées sans jamais faire de la vitesse grand V, les vocaux sont également très graves et même si les paroles nous sont inconnues, ont sent un grand univers malsain et crasseux derrière ce groupe qui n'est pas sans nous rappeler Amebix et Hellhammer, Discharge et le collectif Crass. Pas de solos, pas de fioritures, on va droit au but avec ce coup de barre en fer rouillée, les titres étant disposés sans réel ordre. Le tout n'est pas toujours très carré et la basse est noyée dans cet amas de crasse mais le pire, c'est qu'on en redemande, comme si se rouler dedans était devenu plaisant....
Une autre pochette existe également pour ce best-of avec les mêmes 25 titres des plus furieux. Pour ceux qui recherchent les premiers méfaits en original, je vous souhaite bon courage. Pour ceux qui ont la chance de les avoir, je vous dis : gardez-les précieusement !

ENGLISH DOGS - Where Legend Began (1987)

Si English Dogs n'avait pas été ce qu'il a été, cet album aurait sûrement eu sa place dans la sélection thrash. Seulement voila, English Dogs est un groupe culte du punk et non de thrash. Formé en 1982 à Peterborough en Angleterre, ED sort une première démo cette même année et deux ans plus tard un premier album résolument punk. Pour "Where Legend Began", le groupe est à l'époque composé de Adie au chant, Gizz assurant la guitare rythmique et soliste, Wattson à la basse qui est aujourd'hui le seul membre encore restant et Pinch à la batterie.
Musicalement, le groupe s'est aujourd'hui "assagi" comparé aux premiers méfaits totalement hardcore. En revanche, le charme est toujours présent.
L'album commence très bien avec un premier morceau instrumental où l'on distingue clairement les guitares rythmiques rapides et régulièrement agrémentées d'un solo finement joué tout le long. Le reste n'est pas moins plaisant avec toujours cette même recette aussi efficace, une voix fluide et aigue typique d'un groupe de crossover nous transporte avec ces riffs de guitares magnifiquement exécutés et bien souvent un solo des plus plaisants. On a même droit à une petite ballade vraiment pas désagréable avec "Calm Before the Storm" pour partir sur un ensemble thrash/heavy joué par un groupe de punk. Le son est bien entendu impeccable, mettant en valeur tout le charme de "Where Legend Began", ses solos, ses parties mélodiques et bien entendu la fluidité de la voix de Adie. La batterie est très basique, répétant souvent les mêmes plans mais rien de lassant en somme car le tout est très bien tenu et pour moi tout repose vraiment sur les guitares.
Un excellent album que je conseille à ceux qui veulent écouter du thrash/heavy joué par un groupe de punk mythique, je le rappelle. On peut également noter que la pochette sort vraiment du "cliché" punk.

MINOR THREAT - Out of Step (1983)

Minor Threat est un groupe auquel je n'ai jamais vraiment accroché mais que je ne pouvais pas laisser sur le carreau de par son statut culte et surtout le mode de vie des plus spéciaux qu'ils ont inauguré.
Originaire de Washington DC, fondateur du mouvement "Straight Edge", ce groupe marqua profondément l'histoire de la musique punk malgré la courte durée de son existence (1980-1983). Toutefois, Ian MacKaye (chanteur) refusa plus tard de se considérer comme le "leader" de la scène "Straight Edge". Le groupe, composé de Brian Baker à la basse, Jeff Nelson à la batterie, Ian Mackay au chant et Lyle Preslar à la guitare, est tout d'abord connu dans sa région avec la sortie de deux démos en 1981, "Minor Threat" et "In my Eyes".
Le choix de l'album n'a pas été des plus difficiles. Les chansons sont courtes, et plus très punk-rock teinté de oï que vraiment hardcore. Les paroles souvent très engagées sonnent comme des slogans pour les futurs punks adoptant le mode de vie proposé par Minor Threat que sont l'abstention de drogues, d'alcool et l'abstinence, très rare dans le rock, avec cette célèbre phrase : "Don't smoke / don't drink / don't fuck / at least I can fucking think / I can't keep up / I'm out of step with the world." ("Ne fume pas / ne bois pas / ne baise pas / au moins je peux - putain - de penser / je ne peux pas suivre / je suis hors du coup avec le monde"). Une musique qui ne sort pas de l'ordinaire mais souvent jouée avec une grande vitesse, des guitares claires, une batterie simple et efficace avec un chant très punk-rock assez aigu. Le son est limpide et efficace, où les influences de l'époque se font énormément ressentir.
Un groupe que seuls les vrais fans de hardcore connaissent mais que je conseillerais aux personnes aimant les premiers Agnostic Front et le son moderne, très loin de l'agressivité de Bad Brains ou de la scène anglaise par exemple.

BLACK FLAG - Damaged (1981)

Black Flag est un groupe de punk/hardcore originaire de Hermosa Beach (Californie, États-Unis). Il est parmi les premiers à conjuguer le punk Do It Yourself avec le hardcore. Le son hybride qui en résulte rallie de nombreux fans de metal au début des années 90.
Fondé par Greg Ginn et Chuck Dukowski, Blag Flag comprend également Keith Morris au chant et Brian Migdol à la batterie en 1977. La même année, leur démo atteint le label local indépendant Bomp qui, après plus de six mois, décide de ne pas sortir le 45 tours "Nervous Breakdown". MCA-Unicorn n'appréciant pas le contenu des textes, Ginn et Dukowski fondent donc avec leurs sonorisateurs Mugger et Spot leur propre label S.S.T. (Solid State Tuners) et sortent "Nervous Breakdown" en 1978.
La sortie de leur premier album "Damaged" en Novembre 1981 s'accompagne de changements de personnel : Keith Morris est remplacé par le légendaire leader du groupe, Henry Rollins. La musique est à l'image de la pochette : hargneuse, rapide et entrainante. Des accords très primaires et simples avec des solos sûrement pas toujours justes, une batterie des plus basiques avec un chant très punk se rapprochant bien plus du oï que du hardcore pur et dur. Une drôle de surprise avec le morceau "No More", l'introduction sert une combinaison basse/batterie pendant plus d'une bonne minute et le tout part en total délire complètement décalé, mais bon sang, que du bonheur. Le son "cra-cra" n'enlève en rien le charme de cet album, il y rajoute au contraire un esprit authentique et garage. Un groupe précurseur du punk/rock actuel, à une époque où celui-ci avait des couilles et n'hésitait pas à taper fort et vite. Les concerts, souvent déchainés, rameutaient autant de punks que de skins pour une bonne partie de pogos et de doigts levés à la société !
Je le conseille au fan de Agnostic Front et à ceux qui aiment toute cette scène américaine de l'époque.

DEAD KENNEDYS - Plastic Surgery Disasters (1982)

Les Dead Kennedys se sont formés en 1978 à San Francisco en Californie, ville emblématique du punk/hardcore. Leurs chansons expriment un mélange de propos délibérément choquants, de commentaires engagés politiquement à gauche, d’humour acerbe et sarcastique, et de satire virulente, qui visaient notamment les questions politiques et sociales de l’époque, en particulier celles des États-Unis. Plusieurs des chansons du groupe ont critiqué les idéologies de la droite conservatrice, les politiques reaganiennes et les stéréotypes de la culture de masse américaine.
Le plus étrange dans ce groupe est surement la "déstructure" des morceaux et l'intrusion d'instruments plus ou moins farfelus dans leur punk, comme des instruments à vent ou des rythmes blues derrières des guitares ultra-saturées et agressives. Du jamais vu si j'ose dire. Le premier morceau sort une sorte de boucan instrumentiste en guise d'intro puis part sur un punk déjanté avec une basse/batterie rockabilly, ce genre de rythmes se retrouvera tout au long de l'album. Chaque morceau est une nouvelle surprise inattendue, country, jazz, gros hardcore de cogneur, chœur féminin, alarme de police... Le tout sans jamais perdre cet esprit dérangé et même dérangeant qui donne une tout autre dimension à la musique. Les guitares sont fluides, souvent rapides et très rock'n'roll. Le duo basse/batterie est très marquant non par sa complexité de note, mais par ses rythmes magnifiquement exécutés et tenus avec grande classe. La voix très spéciale et poussée de Jello Biaffra risque de choquer et peut être déplaire à certains mais il faut voir ça comme faisant parti d'un tout ! Le son est quant à lui parfaitement lisse et l'on sent bien que chaque instrument a sa place, y compris cette basse hyper vrombissante ! Les morceaux durent rarement plus d'une minute trente, ce qui permet de ne pas se lasser.
Un groupe à part entière qui n'a pas fini d'être sur le fil du rasoir de par la difficulté d'accès de sa musique et ses provocations.

Article réalisé par Sathanas (initialement publié le 15 Mars 2009)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bon article que j'ai bien aimé lire :) juste une petite précision... dans l'article sur "punks not dead" de exploited, il y a écrit : "...avec d'autres groupes aussi violents que English Dogs, GBH, Crass, Chaos UK, Disorder" il faut savoir que CRASS est plus vieux que exploited (crass est d'ailleurs le principal groupe d'anarcho punk) et que le nom de l'album d'exploited est une réponse à la chanson "punk is dead" de Crass.... voila voila :)