LA SELECTION DEATH METAL GREC


Autant vous le dire tout de suite, la scène grecque est assez singulière en ce qui concerne le death metal. Les clones de Cannibal Corpse ou Morbid Angel ne sont pas légion et les groupes de death brutal connus sont plutôt rares, mais c’est justement la spécificité de cette scène et ce qui a contribué à la reconnaissance des groupes qui seront cités ici.
Tout d’abord il est impossible de disserter sur le death metal hellénique sans parler de la maison de disque française Holy Records. C’est en effet sous l’impulsion de ce label que la scène grecque s’est progressivement imposée au grand public au milieu des années 90.
Cette période était un moment charnière car certains vieux groupes de death metal commençaient à donner dans la redite stérile (Dismember,…) ou dans la reconversion à un style éloigné du death plus ou moins réussie (Gorefest, Morgoth, Benediction…).  De plus, sur le plan des musiques extrêmes, le black metal commençait à prendre une place prépondérante par rapport au death, tout en sachant que les groupes de death nouvelle génération (Nile, Hate Eternal,…) n’avaient pas encore explosé au grand jour.



Ce sont autant de facteurs qui font que certaines places restaient à prendre, et Philippe et Sévérine de Holy Records l’avaient bien compris en donnant sa chance à Nightfall. Alors certes, les débuts du groupe avec "Parade Into Centuries" (1992) sont un peu balbutiants, mélangeant death mélodique et doom d’une façon un peu anarchique. Le groupe persiste et "Macabre Sunsets" (1993) est plus abouti, les morceaux mieux structurés et leur style death mélodique / mélancolique commence à se mettre en place, simplement gâché par une production bâclée.
Mais Nightfall a enfin gagné la confiance de Holy Records et c’est avec un budget plus adapté que le groupe enregistre "Eons Aura" (1994), superbe EP 4 titres révélant enfin leur talent, mais l’apothéose de leur répertoire est bel et bien "Athenian Echoes" (1995). En effet, tel Poséidon soufflant sur les océans, la furie mélodique des guitares se déchaîne ici et atteint son apogée sur des titres comme "Azure Aye" ou "Iris". Nous passerons ici sur la chute progressive du groupe vers des contrées plus electro / heavy.

Pour davantage de détails, voir les chroniques de "Parade Into Centuries", "Macabre Sunsets" et "Athenian Echoes".



Leurs compatriotes de Septic Flesh ont profité du travail de fond de Nightfall pour eux aussi se retrouver signés sur le label. Au niveau de la maturité, Septic Flesh est en avance sur Nightfall et dès leur première offrande "Mystic Places of Dawn" (1994), nous avons à faire à un death subtil, intelligent et original qui marie parfaitement puissance guitaristique et mélodie.
Le combo enchaînera d’ailleurs deux chefs d’œuvres dans la lancée : "Esoptron" (1995) et "The Ophidian Wheel" (1997) sur lequel ils se sont adjoint les services de la talentueuse chanteuse soprano Nathalie Rassoulis, qui magnifie à merveille des morceaux comme "The Future Belongs to the Brave" ou "Geometry in Static".

Voir aussi, pour leur chef d'œuvre "Esoptron", notre précédente sélection sur le Metal Symphonique.



Toujours chez Holy Records, il faut également se pencher sur On Thorns I Lay et son deuxième album "Orama", un très bon concept-album basé sur l’Atlantide et exécuté au travers d’un death gothique à chant féminin. Ce ne fut qu’un passage éclair dans le groupe vu que OTIL se tournera ensuite vers un gothic rock très intéressant, mais trop éloigné du sujet qui nous tient à cœur aujourd'hui (le death metal bien sûr !).

Pour davantage de détails, voir la chronique de "Orama".



Allez encore un petit dernier de chez Holy : Exhumation, transfuge de chez Die-Hard après son premier album et auteur de deux galettes de death metal mélodique un peu dans le style de Godgory ("Dance Across the Past" - 1998 - et "Traumaticon" - 1999).



En se penchant du côté de choses un peu plus récentes, il y a Inactive Messiah (encore un groupe Holy Records, décidément je me demande si Philippe ne nous cache pas des choses…) évoluant dans un dark metal moderne et symphonique qui plaira sans problème aux adeptes du genre.

Pour trouver en Grèce des combos de death plus brutaux, il faut se pencher davantage vers l'underground. En voici un petit aperçu…



Quatre ans avant la sortie de "Extermination of Millions" (je vous renvoie à la très bonne chronique de Fabien : ici), Inveracity sortait en 2003 "Circle of Perversion".
Hélas, Ô Hélas, si "Extermination of Millions" propose un death brutal de plutôt bonne facture, son prédécesseur ne laisse pas cette impression. Comme souvent, la production peut s'avérer être le point faible de ce genre de galettes et peut-être auraient-ils du s'approprier les soins d'un réel producteur plutôt que de tenter de faire le boulot seuls comme des grands.
La batterie, ou plutôt ses sonorités, tue littéralement ce qui aurait pu être un bon disque (le roulement de tambour sur "Multiple Homicide", le dernier track de cet album, vient finir de vous arracher ce rire qu'on ne voulait pas éructer...). Quoique. Le vocaliste Marios, depuis remplacé (et heureusement) par George, est également insignifiant et remplit son office sans grande conviction. Au final, le son étouffé de "Circle of Perversion" avec cette batterie (peut-être le seul atout réel de cette sortie ratée … La batterie en death metal : do's and don'ts) n'offre rien de nouveau aux auditeurs.
Dommage parce que les tracks sont relativement agréables et rappellent à l'occasion leurs glorieux aînés de Suffocation sans toutefois chercher à les dépasser ou à innover un poil.
Je ne suis certainement pas réellement objectif car si on enlève certains aspects de la production, si on n'est pas trop allergique au chant somme toute classique de Marios et si on se satisfait de clones de Suffocation, et bien ma foi, rien n'empêchera d'écouter cet album de Inveracity voire même de l'apprécier.



Terrordrome offre un death grind sans concession mais également et malheureusement sans originalité.
S'ils se présentent comme influencés par Nile ou Hate Eternal, leur musique néanmoins n'offre pas la "subtilité" des groupes précités. Jeu de batterie à la Gigantic Brain mixé avec du Circle Of Dead Children, chant qui oscille entre Goratory et Last Days Of Humanity...
Bref, passons sur les comparaisons car c'est justement là où le bat blesse. Terrordrome n'offre que du réchauffé peu goûteux et donc ne satisfera que les fans les plus endurcis d'un mouvement death grind qui, malgré ses ténors les plus connus, n'offre que trop souvent de pales copies de leurs aînés. De Nile ou de Hate Eternal, Terrodrome n'a retenu principalement que la vitesse des compos, mais pas la hargne ni la qualité. La guitare sonne à mon sens trop heavy metal et le batteur a réellement beaucoup de mal à garder le rythme, la basse est quasi inexistante et si le grunt du chanteur semble à la hauteur, il est réellement sans aucune originalité.
En résumé, la production de "Vehement Convulsion" est plus que moyenne, les compos sans âme et rébarbatives, et il faudrait soit être féru de Moussaka Metal soit blindé de thunes pour faire consciemment le choix de vouloir acheter cette galette.



Sorti en 1996, "The Inheritors of Pain" est une des toutes premières productions de Obsecration. Est-ce ma chance ou ma punition d'avoir à découvrir les pires bouses du metal grec...?
Obsecration, tout en restant dans un registre (doom) death, ose pénétrer dans le blackisant en nous sortant des vieux soli de clavier Bontempi qui ponctuent l'album soit avec des nappes ridicules, soit (encore pire) en en faisant l'instrument principal (le monstrueux "For the King of this World"). N'est pas Rotting Christ qui veut.
Se cherchant indéfiniment, les titres se veulent tantôt death, tantôt doom, tantôt black. La guitare est accordée à la Manowar et les soli sont d'une heavy metalitude intolérable et de bas étage, la basse est (volontairement ?) presque funky, la batterie est "ok" mais sans grande originalité et ce chant... God bless me.... Heureusement que Monsieur Bontempi nous fait bien rire.
Le cinquième morceau ironiquement intitulé "Suffering the Unnamable" nous rappelle que cet innommable a bien un nom : Obsecration.
Autre moment fort : le ridicule "The Serenity of the Crystal", balade acoustique qui se veut le penchant grec de "Eerie Inhabitants" de Testament...
Au final, une bonne tranche de rigolade et un groupe à jeter du haut de l'Olympe...

Article réalisé par BeerGrinder et vastAire (initialement publié le 1 Novembre 2008)

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