JUDAS PRIEST – DES DEBUTS DIFFICILES A LA CONSECRATION (1970 - 1982)


Judas Priest est le type même du groupe ignoré par les fans de metal actuels, et c’est un mal car Priest a une place très enviable dans le club des dix meilleurs heavy metal-gang du monde. Cela ne s’est pas fait sans mal et le prêtre a du ramer pendant près de dix ans avant de connaître la consécration avec son album "Screaming for Vengeance".

Judas Priest est né en 1970 dans les brumeuses Mildlands de Birmingham, ville célèbre pour les aciéries de la British Steel qui donneront d’ailleurs leur nom à l’un de leurs albums. Sont alors aux commandes K.K. Downing le guitariste et Ian Hill le bassiste. Viennent ensuite se joindre au gang Robert Halford, Glen Tipton et John Inch. "Rock Rolla", premier album enregistré en 1974 sur le label Gull passera inaperçu malgré son ingénieuse pochette parodiant une capsule de Coca Cola. Signalons tout de même que le Judas de ce premier disque n’a pratiquement rien à voir avec celui que l’on connaît actuellement.
L’ambiance et la construction des morceaux sont indéniablement influencées par Black Sabbath, et ils semblent affectionner les intros planantes à la Pink Floyd. Quant aux musiciens, ils sont vêtus de tenues psychédéliques et on reconnaît difficilement Rob Halford (qui se fait d’ailleurs appeler Bob) tant ses cheveux sont longs par rapport à la coupe de "garçon boucher" qu’il arbore de nos jours. Malgré cet insuccès le groupe décrochera quelques premières parties (tournent notamment avec les Pink Fairies qui sont les Motörhead de l’époque), mais Priest reste discret.

Plusieurs changements apparaissent lors de l’enregistrement de leur second LP "Sad Wings of Destiny" (sur le label Janus) en 1975. Tout d’abord, le batteur John Iinch démissionne pour être remplacé par un certain Alan Moore et, chose plus importante, ce disque est bien meilleur que le précédent. Il contient en effet des titres tels que "Victim of Changes", "The Ripper" et autres "Genocide" qui deviendront quelques-uns des morceaux de bravoure du groupe "on stage". Toutefois, Judas Priest reste dans l’ombre malgré une apparition au festival de Reading en août 1975. Le groupe décide alors de sortir un best-of, mais cela n’augmentera guère sa notoriété. Commence alors une période noire pour Judas qui durera jusqu’en septembre 1977. Le groupe doit jouer dans les clubs et dans les pubs afin de ne pas crever d’inanition. On se demande d’ailleurs comment ils ont pu tenir ainsi pendant deux ans…

Beaucoup d’autres auraient déjà jeté l’éponge tandis qu’eux persistent malgré les embûches jalonnant leur "chemin de croix". Ils vérifient ainsi la justesse de l’expression "travailler pour la gloire" comme l’ont déjà fait d’autres (et non des moindres). Toutefois, une bonne fée (Carabosse ?) semble veiller sur cette secte de maudits et en 1977, contre toute attente (on est alors en pleine punkmania et le goût du jour n’est pas au heavy metal, des formations telles que Maiden, Saxon ou Def Leppard nageant en pleine galère), le géant américain CBS les signe : la machine infernale peut alors se déclencher… Ils enregistrent immédiatement leur troisième album intitulé "Sin After Sin" contenant quelques titres ravageurs tels que "The Sinner" ou "Diamonds and Rust", chanson initialement créée par Joan Baez mais grandement "métallisée" par le groupe.

La batterie est tenue par un certain Simon Phillips qui jouera ensuite sur le premier MSG et avec Jeff Beck. Le groupe applique dorénavant une politique bien éprouvée dans le milieu du hard rock : ils battent le fer tant qu’il est encore chaud. C’est ainsi que sortent "Stained Class" (avec le magnifique "Beyond the Realms of Death" composé par Rob Halford et Les Binks, nouveau batteur du gang) puis "Killing Machine". Signalons que ce dernier a été rebaptisé "Hel Bent for Leather" pour la version américaine et qu’il contient la chanson "The Green Manalishi" (Fleetwood Mac) remplaçant la chanson titre de la version européenne. Ces deux albums montrent que le groupe a atteint alors sa vitesse de croisière. Mais avec l’énorme potentiel qu’il semble posséder, on sent qu’il peut faire encore mieux. Les musiciens ont abandonné leurs fringues de babas et sont vêtus de cuir et de clous arborant un look sado-maso.

Cependant, il est temps pour le groupe d’enregistrer le traditionnel album live. Et où croyez-vous qu’il l’enregistrât ? Mais au Japon bien sûr et plus particulièrement au Sun Plaza Hall de Tokyo. C’est un simple, il s’appelle "Unleashed in the East" et est indispensable aux fans du groupe malgré la longueur de "The Sinner" et de "Victim of Changes". En 1980, "British Steel" concrétise les espoirs portés sur le groupe avec "Breaking the Law" et le foudroyant "Steeler". Il s’embarque alors dans une tournée américaine dont on sentira les influences dans "Point of Entry" (il est d’ailleurs arrivé la même chose aux Scorpions lors de l’enregistrement de "Animal Magnetism").

De plus, Judas Priest sortira dans la même année une compilation intitulée "Hero, Hero" bien meilleure que la première. Juillet-Août 1982 : c’est les vacances ! … Pas pour toute le monde car le gang nous assomme littéralement avec son chef d’œuvre : "Screaming for Vengeance". Deux titres semblent plus "faibles" que les autres et encore, c’est un bien grand mot : il s’agit de "Take These Chains" et "Pain and Pleasure", mais l’album est d’une qualité exceptionnelle et Kerrang n’a pas hésité à le qualifier d’album du siècle, Tom Hallom, le producteur, a su doter ce disque d’un son énorme sans pour cela sombrer dans le gros bruit.

Biographie réalisée par Contresens (initialement publiée le 14 Février 2009)

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