EDITO : VASTAIRE

La sélection approche…

Le stress augmente. La crispation peut se lire sur les visages et l’anxiété est pratiquement palpable. Sommien depuis bientôt un an, j’attends près la porte de l’Über-Kommität de sélection et de révision des chroniques.
Les rumeurs les plus folles circulent, les Über-membres du Premier Cercle entourés de leurs minions veulent mettre un terme à la spéculation ambiante. Des têtes vont tomber, c’est sûr.
Dans le couloir, quelques membres effrayés du Cinquième Cercle jettent des regards discrets vers mon banc. J’ai beau arboré l’écusson du Quatrième et lorgné de près vers le Troisième, la purge récemment entreprise fait trembler même les plus forts et ceux qui osent affirmer en public que les orientations récentes du Premier Cercle dénaturent l’esprit originel ne sont pas en odeur de sainteté. Sur mes genoux, cinq dossiers attendent fébrilement leur acceptation.

La scène grecque death metal semble ne devoir pas causer de problèmes. Fruit du travail de plusieurs Sommiens, les huiles du Premier Cercle devraient l’entériner sans même la relire. On ne cherche pas à trouver de points faibles dans un travail collectif. Entendez : trop de ménage à faire par la suite. L’Über-Kommität préfère les brebis esseulées, celles qui ne peuvent répondre sans avoir à subir l’opprobre des membres de tous les cercles confondus.

La sélection Fusion également devrait bien s’en sortir. Même si on n’atteint pas volontairement les quinze albums voulus pour faire figure d’ Über-Incontournables, quatorze ce n’est pas si mal. La Fusion de toute façon est regardée comme un genre mineur. Mélanger la musique du Cercle à d’autres blasphèmes relève de l’hérésie. Malgré tout, on veut se donner une image d’ouverture d’esprit alors on fera comme si en attendant une sélection digne du support des siens (même si pertinemment on sait que dans cette sélection, en coulisses, beaucoup semblent apprécier tel ou tel album, il ne faut pas le dire trop fort sous peine de rectification par les membres de l’Über-Kommität).

Restent les trois autres…

Je sais que mon style est lourd, pas assez aéré. Des fois j’en fais peut-être même un peu trop mais surtout mes chroniques ne s’insèrent pas dans le sacro-saint prédéfini moule. Pourtant j’ai essayé… Ah quelle était belle la vie insouciante du Cinquième Cercle. On nous faisait miroiter à nous les nouvelles recrues tant de privilèges. Seulement à force de travail et de persévérance. Arbeit Macht Frei, comme ils disaient.
Passés quelques chroniques de groupes dont tout le monde se moque éperdument, l’épreuve des pairs peut commencer. J’ai choisi de défendre trois groupes. 

Mon premier, mon coup de cœur, le dernier album de Vicious Art, intitulé "Pick Up This Sick Child". Je sais que je ne prends pas trop de risques.
Je ne marche sur aucune platebande de l’Über-Kommität, Vicious Art est une sorte de super-groupe du death metal que nos glorieux aînés du Premier Cercle pourront avaliser ne serait-ce que par bienveillance et au nom de l’éclectisme.

Mon second dossier est mon chef-d’œuvre oublié. Ici je vais devoir prendre plus de risques. En effet, j’ai choisi Tool et son premier album "Undertow".
C’est un peu ma passerelle vers la sélection Fusion. J’avais trouvé que cela pourrait aller mais désormais que les secondes s’égrènent comme des sentences, je ne suis plus tout à fait sûr de mon choix. Bah… Il faut bien se lancer… au pire ils me rétrograderont (pourraient-ils me lapider ? … me déshonorer sur la place publique ? … je frissonne…).
De toute façon, c’est hors de question, que cet album ait une chronique façon "carte d’identité"… Ils y survivront.

Mon troisième est réellement délicat, un choix cornélien… un album qui ne m’a pas plu. Le choix est vaste mais l’exercice n’est pas aisé.
Il ne s’agit pas de prendre le premier album venu de Linkin Park et le mettre dûment en pâture. Ca c’est trop simple, à la portée du premier Cinquième Cercle venu, c’est indigne de mon rang et l’Über-Kommität saurait me le rappeler, à juste titre. Non, il faut vraiment que je prenne des risques ici, mais sans pour autant faire sourciller les Über-membres.
C’est décidé, même si je joue gros, il le faut, je prends donc sur moi de chroniquer le dernier Bloodbath qui s’intitule "The Fathomless Mastery" (ou death metal d’ascenseur, ou easy-deathening, ou  comment vous faire croire que c’est du bon quand au final ce n’est rien qu’un peu de vent).

L’horloge sonne 15 heures… C’est l’heure. Un membre de l’Über-Kommität sort m’ouvrir la porte. Il est cagoulé comme d’habitude pour qu’on ne puisse pas le reconnaître mais je devine son regard inquisiteur… Je serre une dernière fois mes dossiers… Je me jette dans la gueule du loup…

Edito réalisé par vastAire (initialement publié le 1 Novembre 2008)

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