EDITO : EULMATT

L’air de rien, notre bon vieux metal va bientôt souffler ses quarante balais, pour peu que l’on respecte l’usage qui veut que Black Sabbath en soit le géniteur, en jour de février 1970. Vu sous cet angle, on saisit un peu mieux pourquoi notre style favori est aujourd’hui si riche, si pluriel, si lourdement chargé d’histoires et de légendes. On comprend mieux aussi que se plonger dans le metal est une véritable profession de foi, un sacerdoce. Et comme pour rentrer en religion, la connaissance des fondements et leur compréhension sont essentiels. Du moins, cette vision des choses est le lien fondamental qui unit Les Trublions.
Les présentations se feront au fur et à mesure, mais il est déjà nécessaire d’évoquer un poil cette drôle de confrérie. Réunion hétéroclite et hasardeuse de caractériels impulsifs, de têtes de lard obtuses, de pinailleurs patentés et de râleurs indélicats, les Trublions ont pour seul point commun une passion sans limite pour le metal, complétée par un degré d’exigence qui confine parfois à une forme de jusqu’au-boutisme. Notre mission, plutôt que de prétendre jouer les gardiens du temple, est plutôt de partager notre vécu et nos expériences. Le travail des Trublions en interne est fait de débats, de discussions enflammées, et le fruit de ce qui frise parfois le catch virtuel vous est livré sur un plateau. Nos coups de gueule, nos coups de cœurs, nos divers articles sont là pour être partagés, discutés, commentés.
Vous aurez ainsi à disposition une certaine vision du metal qui, à défaut de se prétendre comme la référence, ne devrait manquer ni de caractère ni de personnalité. Pour en revenir à ce vieux metal, rendez vous compte qu’à bientôt quarante ans, il se porte à merveille, merci pour lui. Un des signes évidents de sa bonne forme est l’extraordinaire santé du death metal, qui est en train de vivre une deuxième jeunesse historique, pas loin d’être aussi brillante que celle de sa naissance il y a vingt ans. Et histoire de bien se préparer à prendre conscience du phénomène, cette semaine est consacrée à notre sélection des vieilleries intemporelles du death metal, histoire de repartir sur de bonnes bases pour mieux apprécier sa version contemporaine… Et comme à chaque parution, un Trublion proposera sa sélection personnalisée à sa guise. J’ouvre donc les hostilités.

Mon top : HATE ETERNAL - Fury & Flames

Il date déjà du mois dernier, pourtant il n’a pas quitté ma platine. Je ne suis pas allé vous chercher un truc de derrière les fagots. Du très attendu, bien connu, et pourtant qu’il est bon de se prendre une grosse baffe dans sa face alors qu’on s’y attend…J’ai sélectionné le dernier Hate Eternal, la superbe confirmation d’un mouvement initié déjà depuis plusieurs années, qui réunit les éléments à la fois les plus brutaux et les plus techniques de ce qu’avait pu proposer le death des années 90.
A ce niveau, "Fury & Flames" est tout bonnement incroyable. Mais le plus fort est la faculté à recréer une atmosphère très marquée, très riche émotionnellement. De la colère noire, furieuse, mortuaire à souhait. Soit une synthèse parfaite de tout ce qui a fait la grandeur et la pureté du death metal.

Mon flop : CHILDREN OF BODOM - Blooddrunk

Bien plus médiatique que "Hate Eternal", dix mille fois plus abordable, mon flop concerne Children Of Bodom. Non pas que les Finlandais se soient rendus coupables d’une grosse daube avec leur petit dernier "Blooddrunk".
C’est juste que depuis l’année dernière, entre un Dimmu Borgir autoproclamé roi du black metal et omnipotent médiatiquement pour pondre un "In Sorte Diaboli" aussi consistant et goûteux qu’une endive cuite à l’eau, et un COB qui s’accapare les devants médiatiques pour accoucher d’un disque aussi authentique que celui d’un jeune promu de la Star Academy, ce metal de façade qui figure en bonne place des charts et s’attire les faveurs d’une foule de jeunes metalleux en herbe agace fortement. Là où cela devient horripilant, c’est que ces excès médiatico-commerciaux intéressés avaient jusque là épargnés la frange la plus extrême du metal.
Espérons au minimum que l’accessibilité de ces "figures de proue" puisse convertir à terme quelques nouveaux fans qui feront l’effort de découvrir toute la richesse et la force du metal authentique qui se cache derrière cette vitrine clinquante et superficielle. Je le dis d’autant plus facilement que ces deux groupes ont un brillant passé artistique qui plaide pour eux…

Mon chef d’œuvre oublié : DEPRESSIVE AGE - Lying in Wait

Jouer du thrash metal au début des années 90 n’était définitivement pas gage de succès. Groupe de l’ex-RDA, Depressive Age ne bénéficie pas non plus de la plus grande attention de la part de son label modeste.
Et enfin, comble du comble, nos amis se contrefoutent des modes et des influences pour pondre un disque très personnel, absolument anachronique, où le thrash se mêle abondamment à des formes progressives puisant dans des racines rock et heavy, avec un chant atypique qui sert de cinquième instrument, le tout pour peindre un univers abstrait, profondément mélancolique et assurément jamais entendu.
Un bijou de musicalité qui plaira autant aux fans de Coroner qu’à ceux de Porcupine Tree, et plus largement aux oreilles ouvertes et aux musiciens en puissance.

Edito réalisé par Eulmatt (initialement publié le 27 Mars 2008)

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