DEATH METAL : LES 15 ETERNELS

La sélection que vous nous proposons est le fruit d’un travail collectif, de votes, d’échanges, de débats parfois houleux. Elle n’a pas pour prétention d’être la référence, on sait assez le côté subjectif de ces exercices.
L’idée est d’extraire quinze disques fondateurs, de ceux qui représentent en quelque sorte les reliques du death et du grind dans ce que ces styles ont de plus pur et de plus éternel. Nous nous sommes donc limités au premier âge d’or du death, en ne sélectionnant qu’un seul album par groupe.
En se focalisant sur l’impact d’un seul album, des groupes essentiels se sont vus écartés, malgré des discographies exemplaires (Cannibal Corpse, Bolt Thrower, Vader). Qu’importe… Voilà notre sélection toute personnelle, et si l’un de ces disques ne figure pas dans votre discographie et que vous comblerez ce manque par la suite, on se dit que la noble cause du death metal sera servie de toute façon !
Pour le reste, les commentaires et réactions sont les bienvenues…


ASPHYX - Last One on Earth (1992)

La polémique va enfler à cause de la présence de ce disque, c’est sûr ! Les reproches seront de plusieurs ordres, j’imagine. D’avoir trop privilégié ce death old-school, ce metal pachydermique tournant au gazole, monolithique et mid-tempo. De vouloir mettre en avant la scène européenne old-school derrière sa légendaire consœur américaine et sa non moins fameuse cousine suédoise. Et quand bien même, quitte à évoquer ces années 89-92 et accepter la présence de son death metal européen obsolète, j’entends déjà les voix s’élever pour stigmatiser la non-présence des Bolt Thrower et autre Morgoth !
Et pourtant, les Trublions portant là bien leur nom, nous persistons. Parce que justement, "Last One on Earth", loin d’être l’album le plus spectaculaire, n’en est pas moins le plus significatif d’un death certes peu technique, lent, linéaire, mais qui concentre l’essentiel : l’authenticité. Comment ne pas adhérer à ses vocaux éraillés, dont l’influence Tardy-Schuldiner fait sourire, cette basse très présente qui sert presque de lead mélodique sur des riffs imparables d’efficacité, ces rares envolées rythmiques à pas plus de 2000 tr/min qui se sont faites délicieusement attendre…et puis cet univers glauque et poisseux, qui vous imprègne et finalement vous captive bien plus que ces centaines de productions cliniques et ultra-techniques mais définitivement exemptes de personnalité.
Allez, replongez un peu dans cet univers impayable, et vous nous remercierez…et puis, ce choix, il est aussi fait pour saluer une scène néerlandaise qui mérite un sacré hommage, pour son œuvre lors de cette courte mais décisive période.

BRUTAL TRUTH - Extreme Conditions Demand Extreme Responses (1992)

Notre sélection ayant déjà fait la part belle au death-grind via Terrorizer, Napalm Death et Carcass, on pourrait discuter de la pertinence de cet album ici. Au travers de notre regard actuel, BT pourrait presque apparaître comme un second couteau…ceci dit, ceux qui auront vécu cette époque bénie ne me contrediront pas si je présente "Extreme Conditions…" comme une pièce culte.
Son importance reste fondamentale pour l’enracinement et la maturation de la scène grind, là où Terrorizer avait tout dit en un coup, et où les ex-grinders anglais s’orientaient implacablement vers un death metal pur et dur. Remettant le couvert avec une approche à la fois respectueuse des bases (des titres courts et nombreux, un chant alternant growls et hurlements, une explosivité de tous les instants) et résolument moderne (un son époustouflant, une rigueur dans les compositions et l’exécution), la bande du grand Danny Lilker assoit définitivement les bases de la scène grind moderne, puisant judicieusement dans les sphères du death metal pour donner une ossature solide à la fureur colérique de sa musique.
Véritable concentré d’énergie brute, parfaitement maîtrisé (sans maîtrise, la puissance n’est rien…), "Extreme Conditions…" impose le leadership de BT sur la scène grind, qui pour le coup voit s’ouvrir un futur prometteur, ce qui ne semblait pas évident. Une scène grind qui mérite bien mieux que les atermoiements de pseudo-grindeux déjantés pour fin de soirée trop arrosée. Non mais !

CARCASS - Symphonies of Sickness (1989)

Dans la psyché populaire, Liverpool est le berceau fondateur du plus grand groupe de rock de tous les temps. Ou devrais-je dire des deux plus grands groupes de rock de tous les temps. Si le style de Carcass diffère de leurs aînés, les hymnes sont tout aussi fédérateurs. Il est vraiment difficile de choisir un album dans la discographie de Carcass. Chacun est un joyau unique qui constitue leur couronne. Aussi, pour arriver à ce résultat, avons-nous dû faire preuve tantôt de diplomatie, tantôt du plus pur instinct totalitaire.
Nul doute qu’Eulmatt (le deuxième plus grand fan de Carcass sur SOM après moi) aurait préféré "Heartwork" quand d’autres ne juraient que par "Necroticism"… Deuxième album de ce qui n’était encore à l’époque qu’un trio, "Symphonies of Sickness" propulse le groupe au rang d’idoles sanglantes là où "Reek of Putrefaction" avait commencé à aiguiser la curiosité. La production y est plus soignée et on commence désormais à pouvoir savourer les individualités musicales de Steer, Walker et d’Owen. Spécialistes nécrologiques de la torture musicale, Carcass dissèque chaque titre dans un style qui, sans délaisser le grindcore, annonce une couleur plus death metal. Le scalpel est laissé aux soins de Colin Richardson, le chirurgien de l’ombre. Sans renier la violence de "Reek Of Putrefaction", "Symphonies of Sickness" délivre de nouveaux pics d’une brutalité soyeuse avec un songwriting de qualité.
Simplicité et efficacité des mélodies, chant surnaturel de Walker et Steer, le groove d’Owen à la batterie, l’imagerie gore en sus… Toujours copié et jamais égalé, Carcass reste aujourd’hui, malgré une carrière relativement courte, un des groupes les plus influents. Sinon le plus influent.

DEATH - Leprosy (1988)

Faisons fi du débat sans fin autour des origines du death metal. Que Chuck Schuldiner en soit ou non le créateur par le biais de "Scream Bloody Gore" n’a pas d’importance, au final. C’est en fait un après, en cette année 1988 qui voit les cousins britanniques s’agiter avec virulence (Napalm Death, Carcass, Bolt Thrower) que Death met tout le monde d’accord outre-Atlantique.
"Leprosy", sa pochette impayable, son titre éponyme hallucinant, ses huit morceaux intemporels. La messe est dite, n’en jetez plus. La rupture avec le thrash/death gore et obscure est cette fois consommée. Balançant une puissance pas entendue jusque là, mais également une maîtrise instrumentale et un art de la composition qui feront la légende du grand Chuck, Leprosy regorge de riffs légendaires, de soli de grande classe, d’accélérations et de breaks bluffants. "Born Dead", "Left to Die", ou le fameux "Open Casket", pour n’en citer que quelques uns, des titres insubmersibles et légendaires, qui font pleurer de bonheur tout death metalleux qui se respecte. Il serait d’ailleurs faux de voir en "Leprosy" un acte fondateur et une inspiration globale pour la future scène death metal. Certes, son influence reste indéniable sur pléthore de groupes (Pestilence,…), mais le génie de Death est tellement unique que "Leprosy" bâtit avant tout sa propre légende, intemporelle et inimitable.
Le groupe, ou plutôt son leader, traceront ainsi leur route dans cette veine, avec une classe et un génie jamais démentis au travers des cinq albums suivants "Leprosy". Tu nous manques, Chuck.

DISMEMBER - Like an Ever Flowing Stream (1991)

Alors que la Floride a déjà accouché des monstres sacrés du death metal et a donné quelques longueurs d’avance aux USA, la Suède vient montrer l’exemple de la plus belle manière pour l’Europe. Skogsberg et ses Sunlight Studios qui ont déjà montré la voie avec le "Left Hand Path" d’Entombed produisent le mythique "Like an Ever Flowing Stream".
Pour certains, cet album est l’essence même de ce que se doit d’être le death metal. Rythmique agressive, riffs tantôt rapides tantôt plus mid-tempo mais toujours lourds et ultra-saturés et un chant qui dégage toujours une violence exacerbée. Si on passe outre les deux bonustracks présents sur le CD, l’album dépasse à peine trente minutes, enchaînant les titres fougueusement pour laisser l’auditeur essoufflé et néanmoins rassasié un peu comme l’avait fait le "Reign in Blood" de Slayer en son temps.
Ce premier opus des Suédois ne souffre pas la discussion. Du mythique "Override the Overture" jusqu’à la note finale, la bande de Matti Kärki met tout le monde d’accord à coups de brûlots tous aussi indispensables les uns que les autres.

ENTOMBED - Clandestine (1991)

C’est de pure fibre nostalgique dont il s’agit ici. De ce genre de frissons qui vous parcourent l’échine et qui vous font remonter des souvenirs éternels. Tout concourt à la légende de ce disque et à l’impact qu’il a pu avoir sur une génération de jeunes metalleux.
La pochette de Dan Seagrave, sublime et tellement évocatrice, puis ces premiers riffs abrasifs de "Living Dead", son break incroyable d’émotion et de noirceur glaciale, qui finit lentement, pour une nouvelle accélération jouissive…j’en tremble rien que d’en parler. Si Entombed a tant marqué les esprits avec "Clandestine" (et "Left Hand Path" bien entendu), c’est sans doute parce que les Suédois se sont montrés capables de produire un death metal empreint de groove et de feeling, ce qui assure une fluidité et un impact redoutables, s’appuyant sur ce son de guitare si particulier qui fait mouche à chaque accélération et chaque break. Et au-delà de son côté accrocheur, l’atmosphère globale très froide et haineuse du disque le rend définitivement impressionnant.
Ah, ces breaks effroyables et magnifiques, ces soli tortueux, ces lenteurs lourdes d’ambiances glacées…et une accélération dans les dents, un riff roulant et rugueux dans les gencives ! Les centaines d’écoutes n’y font rien, je vous le garantis : ça marche à tous les coups…

GRAVE - Into the Grave (1991)


"Au delà de Grave il n’y a rien sauf le chaos" … Cette phrase tirée d’un descriptif du groupe sur la superbe compilation "Masters of Brutalities", résume bien le buzz créé à l’époque par "Into the Grave".
On précisera que leur son est largement différent de leurs compatriotes de l’époque, beaucoup plus sombre et avec des guitares accordées très bas. Les chansons de Grave sont simples et directes, mais quelle impact ! Les suédois martèlent ici leurs riffs avec une conviction inébranlable et une sincérité rare. Les vocaux monstrueux de Ola et Jörgen finissent d’appuyer brillamment les hymnes que sont devenus avec le temps "Hating Life", "Extremely Rotten Flesh" ou "Deformed". La vitesse n’est pas la qualité première de Grave et le mid-tempo est majoritaire ici, mais l’atmosphère et la lourdeur de "Into the Grave" sont ainsi omniprésentes et emportent tout sur leur passage.
Grave a ici trouvé un son unique qui influencera nombre de formations par la suite (Fleshcrawl entre autres). Une référence pour les amateurs de death bien lourd.

IMMOLATION - Dawn of Possession (1991)

A l’aube des années 90, dans l’ombre de la flamboyante scène death metal floridienne, a grandi en parallèle son homologue new-yorkaise, non moins talentueuse mais définitivement plus underground. Et pour aller au bout de la comparaison, l’équivalent de Morbid Angel à NY se nomme Immolation.
Celui qui aurait dû bénéficier de la même gloire que l’Ange Morbide n’a jamais eu les circonstances pour lui. Pourtant très actif dans l’underground dès le milieu des années 80, Immolation ne parvient à sortir son premier album qu’en 1991, à l’heure où Morbid Angel a déjà marqué magistralement son territoire. Si j’insiste sur cette comparaison, c’est que "Dawn of Possession" s’impose avec évidence comme l’un des disques fondamentaux de la scène death metal moderne, cumulant avec brio technicité, brutalité et lourdeur mystique et suffocante. Etonnamment moderne, d’une richesse incroyable et d’une force effrayante, "Dawn of Possession" incarne sans doute le death metal le plus pur qui soit. Hélas, on peut regretter que ce monstre sacré ait dû attendre cinq années de plus pour sortir un successeur à "Dawn of Possession", privant définitivement et injustement Immolation d’une reconnaissance à la hauteur de son immense talent.
Le passé est le passé, et le fan de death metal qui ne possède pas "Dawn of Possession" se doit désormais de réparer cette lacune incommensurable au plus vite.

MASSACRA - Enjoy the Violence (1991)

Remettons en premier lieu les choses dans leur contexte : Massacra fut un pionnier du death metal français au côté de formations comme Agressor, Crusher ou Loudblast, ça méritait d’être précisé.
Le deuxième album de Massacra est aussi le plus fracassant, après un "Final Holocaust" bestial et agressif mais un peu approximatif au niveau de la mise en place, cet "Enjoy the Violence" est une sacrée tarte dans la gueule. Les titres, plus violents les uns que les autres, s’enchaînent sans coup férir et Massacra délivre des compositions de haute volée, frénétiques et ultra maîtrisées. Un seul coup d’œil à la pochette et vous aurez immédiatement compris la dose de haine contenue dans "Enjoy the Violence".
N’écoutez surtout pas "Ultimate Antichrist", "Gods of Hate" ou "Sublime Extermination" en présence d’un voisin gênant, vous risqueriez de défoncer sa porte et le frapper jusqu’à ce que mort s’en suive. L’une des plus belles réussites du death français et même européen.
RIP Fred.

MORBID ANGEL - Altars of Madness (1989)

On ne va pas présenter Morbid Angel ici, tout de même. On pourra asséner quelques évidences, comme celle que le death metal a trouvé en "Altars of Madness" une sorte d’évangile fondateur, repoussant les limites de la vitesse d’exécution, de la technicité, de la violence, pour créer un univers mystique jamais entendu.
On pourra également avancer, sous un angle purement technique, que le death metal dans sa forme la plus pure et la plus aboutie prend forme ici, abandonnant toute influence trop marquée issue du thrash, allant puiser ce surplus de vitesse et de puissance chez son jeune cousin le grindcore, voire héritant d’une certaine façon d’une atmosphère sulfureuse et démoniaque du proto-black. Non content de redéfinir les contours du metal extrême, cet album impressionne par sa maestria artistique et sa technique inouïe. Il va sans dire qu’un tel chef d’œuvre est sans doute l’influence la plus majeure de tout le mouvement death metal, regroupant tout ce que ce style peut engendrer de génial. Ecoutez donc "Maze of Torments" ou "Chapel of Ghouls", histoire de vous convaincre qu’en death metal comme en religion, il est des fondements sacrés qu’on ne peut ignorer.
Il va sans dire qu’avec ce disque, Morbid Angel prit immédiatement possession du trône du death metal. Sa grandeur est telle qu’encore aujourd’hui, presque vingt ans après, on ose à peine le lui contester. Si il ne devait en rester qu’un, "Altars of Madness" aurait sans doute sa place…

NAPALM DEATH - Harmony Corruption (1990)

En 1990, lorsque paraît "Harmony Corruption", tout le monde connaît déjà Napalm Death. "Scum" et "FETO" ont propulsé le groupe sur le devant de la scène internationale, asseyant leur réputation du groupe le plus rapide au monde et mettant définitivement Earache sur un piédestal comme label leader de la scène extrême.
Si "Scum" et "FETO" sont les dignes représentants du grindcore "politisé", "Harmony Corruption" opère un virage serré pour servir un death metal sans transition. Exit Lee Dorrian et Bill Steer qui se consacrent dès lors respectivement à Cathedral et Carcass, bienvenus "Barney" de Benediction et Pintado de Terrorizer. La bande de Mick Harris s’envole pour la Floride pour enregistrer dans les fameux studios Morrisound sous la houlette de Scott Burns. Les titres s’enchaînent impeccablement et la basse de Embury alliée à la batterie de Harris montrent les réels progrès en termes de musicalité du groupe, accouchant de structures catchy à souhait qui chatouillent le "headbanging muscle". Si musicalement, l’album est en soit jouissif, il ne fallait plus que l’addition de Barney pour le rendre indispensable. A l’aise dans le growl comme Yvette Horner a l’accordéon, Barney concentre toute l’attention avec son animalité et son enthousiasme.
Que ce soit sur l’ultra rapide "Extremity Retained" ou sur "Unfit Earth" en compagnie de Tardy et Benton, Barney délivre une performance mémorable, conférant à Napalm Death ses nouvelles lettres de noblesse.

OBITUARY - Slowly We Rot (1989)

Si dans notre sélection, vous deviez retenir l’album qui a suscité le plus de controverses, prenez "Slowly We Rot". La raison à cela est somme toute relativement simple. Au regard de leur discographie entière, Obituary n’a pas toujours brillé ni su se renouveler. Ce qui justement fait de "Slowly We Rot" un album définitif dans un groupe qui, depuis 1989, cherche à renouer avec la bombe que fut leur premier album.
Entendez bien, "Slowly We Rot" n’est pas une merveille de technicité et il ne réinvente pas non plus un style dont les bases furent brillamment posées par Death ou Morbid Angel, mais c’est surtout le disque où le monde entier du metal découvre la voix tonitruante de John Tardy. Ce dernier a les cordes vocales en adamantium et sa capacité au grunt est tout bonnement incroyable. Néanmoins, ce n’est pas le seul atout de cet album. Obituary mise principalement sur une atmosphère oppressante et n’hésite pas à souvent ralentir le rythme pour nous assener doucement et sûrement des coups de butoir implacables virant presque au doom… Morbide, macabre, les morceaux tels que "Til Death" ou "Bloodsoaked" expriment vraiment un climat malsain que l’artwork de la pochette vient renforcer. A leur crédit également, un son de guitare plus que particulier en demi-teinte et les aigus en avant, qui contribue encore plus à rendre leur musique "pathologique".
Si on peut se passer aisément de la plupart des LP’s de la discographie d’Obituary, tout adepte de death metal ne saurait néanmoins être complet sans avoir jamais écouté "Slowly We Rot".

PESTILENCE - Testimony of the Ancients (1991)

Faisant suite à un "Consuming Impulse" qui fit passer les hollandais à la postérité, voici le chef-d’œuvre ultime de Pestilence.
Patrick Mameli reprend ici le poste de chanteur laissé vacant par Martin Van Drunen et sa voix est parfaitement adaptée à l’orientation musicale de "Testimony of the Ancient". Le groupe, qui arrive ici à maturité, a su tempérer la violence et l’énergie de l’opus précédent afin de ne pas refaire deux fois le même album. On y trouve en effet des éléments progressifs qui pourraient à première vue paraître incompatibles avec du death metal tel des claviers et de subtils interludes acoustiques, mais c’est justement en cela que cette galette est incontournable.
Cependant, l’efficacité est toujours présente et les rythmiques de brûlots comme "Twisted Truth" ou "Land of Tears" ont marqué toute une génération de metalleux. La Hollande : l’autre pays du death metal.

SUFFOCATION - Pierced from Within (1995)

Suffocation est en grande partie à l’origine d’un style : le death brutal, et je ne parle pas ici de grindcore…Leur premier full-lengh "Effigy of the Forgotten", avait explosé à la face du monde en 1991, certains considérant à l’époque les new-yorkais comme le groupe le plus brutal du monde.
"Pierced from Within" (1995) sort dans un contexte beaucoup moins propice au death metal : le black metal a fait une percée commerciale sans précédent (Emperor, Darkthrone,…) et le death metal commence à tourner un peu en rond. Et c’est là où l’on voit les très grands groupes : dans un contexte difficile, Suffocation nous pond un missile de death metal brutal et technique, comme un "Effigy of the Forgotten" ayant fricoté avec Cynic. Tous les musiciens font preuve ici d’un niveau irréprochable : les riffs chirurgicaux et imparables de la paire Cerrito / Hobbs font mouche systématiquement, la section basse / batterie soutient parfaitement les rythmes syncopés des morceaux, et est-il utile de préciser que le chant est assuré par le légendaire Frank Mullen ?
Une galette sans laquelle des groupes comme Deeds Of Flesh ou Disavowed n’existeraient sans doute pas.

TERRORIZER - World Downfall (1989)

Mick Harris est une sorte d’éminence grise dans le monde du metal extrême. A l’origine de Napalm Death, c’est par son intermédiaire que Terrorizer rejoint les rangs d’Earache Records. Le label anglais souhaite faire enregistrer de suite un album et le groupe dont Sandoval a déjà rejoint Morbid Angel investit les studios Morrisound à Tampa.
Garcia au chant, Pintado à la guitare, Sandoval à la batterie sont aidés de Vincent, grunter en chef de Morbid Angel, pour les parties de basse. "World Downfall" verra le jour en à peine deux jours. Un label, deux jours et quatre personnes pour accoucher d’un album qui jusqu’à aujourd’hui demeure l’une des pièces maîtresse du grindcore en particulier et du metal extrême en général. Le groupe disparaît presque aussitôt de la scène, conférant à Terrorizer un statut culte jamais démenti. Ce n’est pas tant Garcia ou Vincent au chant qui font vibrer cet album que les riffs endiablés de Pintado et surtout la démesure incroyable de Sandoval à la batterie. Monument de précision et de rapidité, Sandoval survole son sujet et sublime chaque titre.
En 1989, le grindcore atypique de Terrorizer permet de combler un vide outre-Atlantique et de répondre à la suprématie mondiale de Napalm Death en matière de musique extrême.

Article réalisé par BeerGrinder, Eulmatt & Vastaire (initialement publié le 29 Mars 2008)

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