L'HISTOIRE DU GOTHIC METAL - PART 4 : L'ULTIME FLORILEGE D'INCONTOURNABLES


ARTROSIS - Ukryty Wymiar (1997)

The Gathering avec son "Mandylion", sorti en 1995 chez Century Media, et Theatre Of Tragedy avec son album éponyme sorti, quant à lui, chez Massacre Records la même année, viennent seulement de définir les nouvelles aspirations d’un gothique dans une vision plus douce où l’expression féminine s’inscrit, enfin, comme un atout majeur, essentiel et primordial, alors que de tout temps le metal n'avait toujours fait, à part quelques rares exceptions, que peu de place à ce sexe. Et alors que dans une démarche où chacun de ces deux groupes affirment de manière forte les caractéristiques d’une personnalité nouvelle, s’élève de Pologne une petite voix mélancolique dont les accents langoureusement remarquables vont conquérir l’ensemble des cœurs meurtris polanes, avant de toucher les autres, non moins désespérément avides de sombre tristesse, en dehors des frontières slaves.
Formé en 1995 à Zielona Gora, petite ville de Pologne, Artrosis s’inscrit dans une philosophie très proche de celle des deux groupes déjà cités. Les similitudes flagrantes entre les intonations vocales de sa chanteuse Magdalena "Medeah" Dobosz et celles de Anneke Van Griesbergen sont indéniables. On doit aussi parler de ressemblances musicales évidentes. Artrosis partage avec ces "tragédiens" allemands le goût pour ce doux enlisement de mélodies aux sons lascifs, et avec l’école hollandaise celui de rythmes parfois plus soutenus. Au fond, à l’exception de ses origines, ce groupe pourrait n’être rien d’autre qu’une étrangeté anecdotique.
Et pourtant, là où nos Polonais offrent une véritable évocation différente, c’est tout d’abord dans l’amalgame réussi de ces deux influences majeures. Il donne en effet un récital contradictoire où la délicatesse ténébreuse atmosphérique très allemande s’unit formidablement à l’énergie plus "virulente" de guitares et de tempos plus hollandais. Union délicieuse avec laquelle il se positionne donc très clairement, à l’instar de The Gathering, souvent dans une approche très lointaine de ce doom/death originel, mais aussi, à l’image de Theatre Of Tragedy, dans une inquiétante grâce, dans une paisible tristesse, avec notamment l’utilisation de ces nappes de synthé, de ces pianos et de ces violons, et parfois de ces passages plus lents, déjà indispensables au genre.
C’est ensuite dans la personnalité propre de l’entité Artrosis qu’il faut trouver son particularisme le plus envoûtant. Proche d’un cri primal originel, proche d’une vérité organique qui vient du plus profond de son âme, il exprime ses langueurs tourmentées, et belles tout à la fois, dans la langue polonaise qui l’a vu naître. Ses mots se chargent alors d’une aura mystérieuse très poignante et particulièrement adéquate aux émotions propres à ce nouveau mouvement naissant. Il parait bien entendu évident que Medeah sculpte de manière plus nuancée et plus naturelle les contours d’un émoi bien plus palpable et bien plus gracieux dans les intonations d’une expression qu’elle use depuis toujours, que dans celle plus empruntée d’un anglais plus forcé.
Pour en finir avec ces divergences enrichissantes, on ne peut parler du Artrosis de ces années-là sans mentionner ses musiciens, ou plutôt leurs absences. Impuissant à trouver un vrai batteur, l’instrument est joué par Maciej Niedzielski à l’aide de son synthé. Si cette déficience derrière les fûts aurait pu, et aurait du, constituer un véritable handicap pour la musique du trio, elle en sera, pourtant, un de ses plus grands atouts. Ces notes de cymbales, de caisses claires et de toms virtuels, froides et pesantes, machinales et sans vie, conduisent chaque riff tourmenté et mélancolique de Krzysztof  "Chris" Bialas dans une alliance aux mécaniques implacables, et souligné admirablement par le contraste avec une Medeah très aérienne, vers un inexorable trouble saisissant.
Cette opposition entre l’aspect organique et éthéré des voix, des éléments classiques liés aux genres (violons, synthés…) et l’aspect mécanique et accablant de la musique est l’essence même du paradoxe, et surtout de la magie liée à ce groupe. Elle illustre de manière très différente cette dualité beauté/laideur, lumière/obscurité, que Theatre Of Tragedy exprime dans ces conversations entre des vocaux death masculins et des chants clairs féminins.
L’album le plus représentatif du travail d’Artrosis reste "Ukryty Wymiar". Sorti en 1997 chez Morbid Noizz Productions, principalement sur le territoire polonais dans un relatif anonymat, il doit d'abord son succès aux médias locaux, et ensuite à un public toujours plus grand. Tant et si bien que ce retentissement conduira le groupe à envisager une sortie moins confidentielle. Ce sera chose faite en 1999 où l’album produit par Tilo Wolff (Lacrimosa) pour Hall Of Sermon Productions, prendra le nom de "Hidden Dimensions". En effet, soucieux de rendre son propos moins inaccessible, les chansons et le titre de cet album seront traduis et proposés dans des versions anglaises, leur faisant perdre un peu de ce charme énigmatique.
Quoi qu’il en soit, ce "Ukryty Wymiar" donne à entendre les mélodies envoûtantes d’une œuvre entêtante. Dès les premières mesures, Lisa nous hypnotise. Dans ce titre, aux lenteurs infinies, Medeah nous invite à un périple intérieur profond, et ce d’une plainte épurée de tout mot, unique lamentation incantatoire accompagnée d’un riff incessant et sombre, d’une nappe de clavier et de quelques sons de synthés. Dans un registre très similaire, "Rezka Istnien" y rajoute simplement la gravité de quelques narrations masculines parlées. Ce voyage ne prendra fin que lorsque résonneront en nous les dernières notes de "Szmaragdowa Noc", qui est sans doute, malgré ses violons, le titre le moins gothique de ce disque et qui préfigure déjà un peu de la direction musicale que prendra Artrosis par la suite.
Chaque titre de ce "Ukryty Wymiar" est un paysage unique ou se mêlent des couleurs ternes et d’autres moins pâles pour donner un tableau émouvant. Une de ces fenêtres sur le monde d’Artrosis, "Zywiolom Spetanym", dans ses passages rythmiques les plus soutenus et ses sonorités de guitares les moins sombres, nous laisse entrevoir, sans doute très involontairement, les infimes prémices de ce qui bientôt sera le metal symphonique féminin. Ce qui n’est pas absurde si l’on songe que The Gathering est à la fois une des influences de ce genre, et une influence majeure d’Artrosis.
Le reste de l’album s’inscrit parfaitement dans cette confrontation de styles décrite plus haut, où Artrosis se nourrit à la fois du doom/death des uns, du gothique plutôt rock des autres et parfois même, de manière très brève, de heavy. Tout cela dans le but de nous offrir une œuvre de metal gothique riche, pas forcement majeure, mais assurément inoubliable.
Plus tard, le groupe délaissera quelques peu ces ambiances feutrées et atmosphériques, crées par ces nappes de claviers, ces riffs et ces instruments à cordes, pour celles plus expérimentales d’un gothique aux relents plus électro, indus voire darkwave, où les guitares se feront, malheureusement, de plus en plus discrètes et où les morceaux finiront aussi par perdre, petit à petit, une part importante de leur singularisme et donc de leur intérêt.
Pourtant, si le groupe restera quelque peu méconnu pour le reste du monde, il jouira longtemps d’une solide réputation en ses terres, devenant une des icônes emblématiques de son pays, faisant mentir le vieil adage "nul n’est prophète en son pays". A ce jour, le dernier album de Artrosis, "Con Trust" est paru en 2006 chez Mystic Production.

WITHIN TEMPTATION - Enter (1997)

Aujourd’hui, Within Temptation rayonne sur les cimes enchanteresses de ces hauteurs idylliques où le vent caresse l’âme exaltée d’un romantisme suave rieur. Sous un soleil magnifique dans ce tableau onirique paradisiaque, le groupe s’exprime au son de mélodies lénifiées, immonde mélange de mélopées vaguement metal auréolé de l’étiquette trompeuse et pompeuse de "symphonique" où, si l’on perçoit sans effort le mielleux lyrisme de ces instruments classiques grandiloquents en des sonates onctueuses, la force et la foi d’instruments puissants quelques peu saturés restent relativement succinctes, noyées dans l’emphase omniprésente, omnisciente, omniaccablante d’airs et d’orchestrations composés et travaillés à l’extrême, et ce afin de mettre en avant la voix de Sharon Den Adel lorsqu’en des comportements si peu en filigranes, elle se fait tour à tour Tarja, Amy Lee, Liv…Cette réalité actuel cache un secret enfoui sous les alluvions d’un passé méconnu : autrefois, le groupe trainait ses langueurs, quelques peu monotones, dans l’underground avant-gardiste d’une musique essentiellement doom, aux inspirations légèrement death, mais surtout gothique.
L’expression la plus délectable et la plus émouvante de cette confidence ignorée trouve son meilleur dans les méandres sinueux d’un "Enter" douceâtre et torturé. Sorti en 1997 sur le label DSFA Records, l’œuvre mélange subtilement la lenteur infinie de rythmes nonchalants, le ténébreux dessein de guitares sombres, la séraphique innocence de voix angéliques, la céleste beauté de pianos émouvants, tout en servant une obscure mélancolie. Une musique dont les dogmes sont alors déjà, si l’on y songe, assez bien définis par les plus illustres précurseurs du genre. Pourtant, là où Within Temptation réussit à se libérer de ces frontières, déjà étriquées, c’est dans cette tentative de faire de son œuvre l’union réussie, de certains des traits de caractères les plus distinctifs de ces glorieux prédécesseurs.
Une union réussie parfaite ? Pas tout à fait. Car dans une démarche relativement proche de celle de ses compatriotes de The Gathering, sur des titres tels que "Restless", "Pearls of Light", ou encore "Blooded", Within Temptation entreprend d’enfanter une différence bien trop infime pour qu’elle constitue réellement le socle d’un changement notoire qui, à défaut d’être captivant, pourrait au moins être intéressant. Ces trois titres, attitudes aux similitudes assez indéniables pourraient donc faire du particularisme de ce groupe une posture bien trop peu singulière pour n’être rien de plus qu’anecdotique. On peut aussi noter que l’aspect incontestablement moins cru de ces morceaux éloigne d’ores et déjà Within Temptation de ses racines les plus death. Cette conception plus enchantée et moins dramatiquement sombre, nourrie d’une déclamation qu’on pourrait qualifier de "symphonique" avant l’heure, soulignant et souligné par une voix féminine moins solennelle, ainsi que par la présence plus mesurée des voix death, ainsi que la vision entrevue dans certains autres albums de certains autres groupes, laissent pressentir les prémices de ce que sera bientôt le metal symphonique féminin.
Pourtant, si avec ces chansons, Within Temptation affirme bien trop timidement une personnalité propre, et bien trop insolemment une nature surtout empruntée à l’autre, dans un amalgame musical qui, pour ces titres-là tout au moins, n’a rien de véritablement nouveau à offrir ; il sait aussi se construire dans des compositions bien moins convenues et bien plus individuelles. Et c’est assurément là que réside tout l’intérêt de ce "Enter", lorsque la communion de toutes les idées imprègne son propos pour en donner une vision plus personnelle et plus homogène : la vision de Within Temptation.
Dans les dédales doom/death de morceaux tels que "Enter" ou "Grace", aux voix gutturales masculines, dont la présence est bien plus discrète que sur les albums marquants de l’époque, déjà, la tendance d’un genre, mais qui surtout s’exprime dans une opposition bien moins manichéenne, les éléments caractéristiques de cette union donnent toute la noblesse qu’il mérite à l’art de Within Temptation. Timbres célestes, tonalités de chants âpres, aubades de mélodies rieuses, riffs pesants et sombres, s’y mêlent en de mélancoliques ritournelles où se heurtent délicatement des impressions dans un improbable ménage enjoué et triste tout à la fois. "Deep Within" et son riff plus accablant encore, nous plonge, un peu plus, dans les affres d’un malaise dont le trouble est plus saisissant sans la présence des chants de Sharon. Et lorsque le couvercle du cercueil vient subtilement se refermer sur notre plaisir dans les prières exquises et ténébreuses d’un "Candles", dans les effluves douces-amères de roses mourantes, seules les angoisses de bonheurs romantiques contrariés semblent nous tendre leurs bras décharnés. C’est beau, c’est sombre, c’est amer et romantique, en un mot c’est l’expression musical du gothisme dans de prodigieux apparats.
Avec ce "Enter" à la stabilité précaire, le funambule Within Temptation, sur la corde raide,  laisse pendre son pied au dessus d’un vide tantôt doom/death délectable sublimant l’œuvre d’un Theatre Of Tragedy, tantôt au-dessus de celui d’une musique gothique bien moins succulente parodiant les travaux d’un The Gathering, n’ajoutant qu’à son discours une déclamation symphonique accrue. Un équilibre que le groupe de Robert Westerholt saura trouver parfaitement dans une musique basculant très nettement vers un metal symphonique sur un "Mother Earth" sorti trois ans plus tard, toujours chez DFSA Records. Plus tard encore, le groupe n’aura de cesse de poursuivre dans cette voie de la mélodie à outrance, de l’exagération harmonique, d’instrumentations éloquentes, d’arrangements orchestraux toujours plus envahissants, d’orchestre de concertiste toujours plus grandiose, pour des guitares toujours plus muettes. L’apogée de cette tendance étant le très gracieux, mais très ennuyeux "The Silent Force" sorti en 2004 chez BMG. Si l’on peut assurément débattre de la pertinence d’un tel choix de carrière, on ne peut nier qu’artistiquement, Within Temptation a perdu indéniablement son avantage auprès d’esthètes plus intéressés par la pureté d’un ressenti fondamental à rechercher profondément en soi, que par celle directement accessible d’une forme, certes facile et sans aucun doute plus belle, mais terriblement lassante. En choisissant de noyer ainsi l’émotion sous des strates d’ajouts inutiles, Within Temptation a perdu l’essence-même de sa musique.

MOONSPELL - Sin Pecado (1998)

Contrairement à la plupart des ténors actuels du gothic metal, la naissance de Moonspell coïncide avec l’émergence d’innombrables petits foyers qui embrasent l’Europe au début des années 90, incarnant la renaissance du black metal. L’Europe du Sud, souvent ignorée au détriment de la scène scandinave, n’est pourtant pas exempte du phénomène, la preuve étant la remarquable vitalité de la scène grecque (Necromantia, Rotting Christ, etc...).
Formé en 1989 par son maître à penser et chanteur Fernando Ribeiro, sous le nom de Morbid God, ce n’est que dans la période 1992-93 que le groupe portugais commence à se faire un nom dans l’underground black metal européen avec ses deux premières démos. Dans cette période propice à ce style en pleine explosion, c’est grâce à Adipocère que les Lusitaniens s’ouvrent les portes de la reconnaissance. L’EP "Under The Moonspell", sorti en 1994, connaît un franc succès : tous les metalheads amateurs du genre et ayant vécu cette époque particulière possèdent en général ce disque... On y retrouve une identité assez proche de Rotting Christ, l’émergence d’un black metal aéré, s’ouvrant déjà à d’autres influences plus mélodiques et symphoniques. Le parallèle avec le groupe culte grec se confirme de manière plus nette l’année suivante : signé par une major (Century Media), Moonspell marque les esprits avec "Wolfheart", son premier full length (1995). Suivant une évolution identique à celle de Rotting Christ (depuis "Non Serviam" jusqu’à "Triarchy of the Lost Lovers"), le groupe portugais sort complètement du black metal (bien qu’à l’époque l’étiquette lui colle encore à la peau) et devient un des précurseurs de ce dark metal à tendance mélodique qui sort de l’ombre. Conservant une assise issue du metal extrême (emploi de la double pédale, rythmique puissante, chant écorché), le groupe fait du clavier son instrument de prédilection, le cœur des compositions. Alternant orchestrations néo-classiques, incorporant des passages en chant féminin, et mélodies plus simplistes mais souvent mises en avant des guitares, la musique de Moonspell fait la part belle aux ambiances. Restant sombre, froide, mais recherchant toujours une certaine esthétique, l’âme gothique du groupe commence à émerger. Incarnation spectaculaire de ce changement, un morceau comme "Vampiria", qui, à la limite de la caricature, explore un univers cher à Cradle Of Filth, mais avec une approche plus nuancée et plus accessible. Le groupe garde toutefois une identité propre et sa musique laisse percevoir sa nationalité. Comme Rotting Christ, il a le secret des mélodies méridionales, mais avec ses petites touches celtiques uniques : le chant marin puissant et entraînant de Alma Matter devient un des hymnes du groupe.
Comme pour Rotting Christ, la période qui suit marque la fin de l’aventure avec son public d’origine. Le basculement gothique semble définitivement entamé avec "Irreligious" (1996), qui pousse un peu plus loin la démarche : Ribeiro a désormais complètement basculé son chant vers une interprétation romanesque (style chant d’opérette gothique), et les passages puissants n’ont plus rien à voir avec le black metal, même si la qualité de l’album reste dans la lignée de l’excellent "Wolfheart".
Mais l’irrémédiable est commis avec "Sin Pecado", l’année suivante. Dès lors, le groupe se rapproche fortement d’un Paradise Lost, devenu la référence du gothic metal depuis "Draconian Times". "Sin Pecado" et "One Second" sortent la même année, provoquent la même secousse chez les fans, et pour les mêmes raisons artistiques : son gothic metal subit un lifting spectaculaire, voyant notamment se construire une ossature musicale presque pop-rock, voire électro, les claviers étant eux aussi victimes collatérales...et comme pour Paradise Lost, l’incrédulité est de mise chez les observateurs, interloqués de voir que des groupes jusque-là assimilés à la scène extrême, par la légitimité de leur passé, basculent vers un monde "hostile" pour les metalheads les plus exigeants.
Pourtant, comme "One Second", "Sin Pecado" est un succès, notamment grâce au fait que cette nouvelle accessibilité ouvre les portes d’un nouveau public. Moonspell compense notamment le départ de certains fans metalleux par l’arrivée massive de gothiques, attirés par l’esthétique des portuguais. Avec un peu de recul, il faut admettre que le talent des portuguais ne s’est pas évaporé et que "Sin Pecado" reste d’une grande qualité artistique.
Le groupe prouve d’ailleurs que cette évolution est voulue et maîtrisée, et ne s’arrête pas là. A l’instar de Paradise Lost, et avec peut-être plus de bonheur que les Anglais, Moonspell va au bout de ses idées : "The Butterfly Effect" (évitant le jusqu’au-boutisme suicidaire de "Host") incorpore toujours plus d’éléments electro, mais tout en maintenant une certaine "poigne".
L’album suivant, "Darkness and Hope", se rééquilibre en réinjectant une approche metal indus très nette. Là encore, il préfigure une orientation qui va se généraliser dans le gothic metal moderne. La puissance froide industrielle se marie parfaitement à la magnificence gothique que maîtrise toujours autant Moonspell. Cet heureux dosage fait le bonheur des débutants, grisés par l’impact du riffing mais rassurés par le savoir-faire mélodique des portuguais. Les vieux fans y trouvent forcément moins leur compte, pas forcément éblouis par ces artifices.
Pourtant, en 2003 (et toujours aussi productif), Moonspell semble vouloir faire un appel du pied aux plus nostalgiques de ces fans. Avec "The Antidote", le combo semble vouloir rompre avec son gothic / indus metal et remet au goût du jour un supplément d’agressivité, mais perd en parallèle la force de ses ambiances...cet album décontenance et laisse plutôt sceptique, même si contrairement à d’autres, Moonspell bénéficie toujours de l’indulgence d’une base de fans pas toujours très exigeante...
Reconnaissons tout de même aux lusitaniens une volonté sans faille de tourner régulièrement, avec une qualité scénique reconnue, ce qui contribue à asseoir sa popularité au gré des humeurs artistiques de ses différents disques.
Conscient de ce flottement, Moonspell prend son temps pour remettre sa musique à l’endroit. Si on peut se montrer assez sceptique sur la sincérité de "Memorial", sorti en 2006, le groupe retrouve les bases de son gothic dark metal, exploitant les recettes bien connues. Le parallèle avec Paradise Lost se poursuit, avec la même qualité imparable...
Moonspell pousse même la démonstration d’un héritage extrême assumé avec le réenregistrement de vieux morceaux sorti sous le nom de "Under Satanae"…guère étonnant quand on sait que quelques années avant, le groupe avait eu besoin d’un side-project nommé Daemonarch pour assouvir ses instincts violents.
Semblant atteindre l’âge de la maturité, gérant parfaitement son rééquilibrage musical, Moonspell sort en 2008 un de ses disques les plus aboutis, "Night Eternal". Conservant une personnalité inimitable, Moonspell fait plus que jamais partie des rares monstres régnant sur la scène gothique, avec une légitimité "dark" qui ne se discute pas.

ON THORNS I LAY - Crystal Tears (1999)

Si la Grèce fait en ce moment beaucoup parler d’elle grâce à sa scène extrême ou affiliée, en particulier avec Inveracity, Dead Congregation ou Burial Hordes, ce pays était auparavant plutôt réputé pour exploiter le metal sous sa forme la plus mélodique, atmosphérique et même expérimentale. En effet, les précurseurs du metal extrême hellénique : Varathron, Rotting Christ, Necromantia, Nightfall et bien sûr Septic Flesh ont toujours penché pour un style raffiné et original tranchant singulièrement avec les percutantes scènes américaines ou le conformisme allemand.
OTIL (désolé je vais manquer d’encre sinon) a d’ailleurs profité du succès de ses aînés Septic Flesh et Nightfall pour capter l’attention de Philipe Courtois, boss de Holy Records (je me demande d’où lui vient cet intérêt pour la scène grecque, d’ailleurs il aurait été aperçu récemment au Fucking Blue Boy, mais cela ne nous regarde pas…). Mais alors que les combos respectifs de Spiros Antoniou et Efthimis Karadimas évoluent clairement dans le domaine du death metal en y apportant des touches mélodiques, symphoniques ou des atmosphères diverses, On Thorns I Lay joue du gothic metal, même si celui-ci comporte quelques influences death disséminées ça et là, comme la voix de Stefanos ou une batterie s’énervant parfois de façon épisodique.
La meilleur réussite de leur période gothic/death est sans conteste "Orama", concept-album alliant lamentations guitaristiques, chant féminin enjôleur et atmosphères gothic tristes sur fond d’une musique à l’esprit encore très metal, mais les lecteurs assidus des Trublions auront sans doute remarqué que ce disque a déjà été traité par nos soins dans la sélection death metal grec, nous allons donc nous intéresser au suivant "Crystal Tears" auquel le terme gothic colle encore mieux.
Sur "Crystal Tears" (1999), le combo du bassiste / chanteur Stephanos Kintzoglou a fait évoluer son style de façon conséquente. En effet, les guitares encore lourdes de "Orama" et le chant extrême ont disparu, de même le nouveau batteur Andrew Olaru développe un jeu franchement plus rock et épuré que Fotis Hondroudakis. On notera aussi l’intégration des deux ravissantes sœurs Doroftei en provenance de Roumanie : Elena (violon) et Ionna (clavier), pas étonnant dans ces conditions d’assister à une telle métamorphose musicale avec tous ces changements de line-up.
D’ailleurs, les instruments aussi sonnent rock, la saturation des guitares est légère, le clavier discret et utilisé comme un piano (pas de grand brouhaha pseudo-orchestral à la Dimmu Borgir), et la basse fine et délicate. Du coup, lorsque le violon de Elena Doroftei ou la voix douce et hypnotique de Marcela Buruiana font leur apparition, l’effet n’en est que plus saisissant.
Comme il se doit, les paroles ne sont que larmes, histoires d’amour impossibles, tristesse ésotérique et autres lamentations diverses, force est de constater que le combo transmet ses émotions à merveille au travers de compositions plus intimistes qu’auparavant ("Crystal Tears"), mais parfois des titres tels "Obsession" (avec au passage un violon imparable) ou "Ophelia" viennent rappeler que OTIL vient bien de la scène metal.
Il faut préciser que le chant féminin ici n’a rien à voir avec les choses très lyriques que peut pratiquer Tarja (ex-Nightwish). Non, celui-ci est plus typé pop, plus intimiste et moins voluptueux, collant parfaitement à la sobriété du disque. Disque parfaitement équilibré, "Crystal Tears" délivre de temps en temps quelques plages instrumentales comme de douces rêveries et reste homogène de bout en bout, pour preuve l’avant dernier titre "All Is Silent", sans doute l’un des plus travaillés et poignants de l’album.
Tout comme Theatre Of Tragedy après l’album éponyme, qui avait réussi à lui donner un magnifique successeur avec "Velvet Darkness They Fear", OTIL réussit parfaitement sa reconversion dans un style s’éloignant un peu du metal. Par la suite, le groupe virera même carrément dans des sphères pop/rock, ce qui n’est pas le sujet de cette sélection (ça m’arrange bien pour tout vous dire). Par conséquent, "Orama" et "Crystal Tears" étant plus ou moins complémentaires, je recommande tout simplement de se procurer les deux…
Bien sûr, au sein de la scène gothic, la renommée de ce combo grec est somme toute limitée, mais par les temps qui courent, on ne mesure surtout pas la valeur d’un groupe à son nombre de disques vendus, alors suivez les conseils des Trublions et vous ne le regretterez pas.
Cependant, nous n’assurons pas le service après-vente, la devise de la maison c’est "satisfait ou allez vous brosser", vous êtes prévenus.

PENUMBRA - The Last Bewitchment (2002)

Comme souvent dans les domaines musicaux métalliques, la France a pris le train du metal gothic avec une bonne longueur de retard et jusque là sans réel succès, malgré quelques tentatives plus ou moins réussies de Lycosia entre autres.
Alors que les The Gathering et Theatre Of Tragedy ont déjà mis dans leur poche les adeptes du style depuis longtemps et que les groupes à chanteuses (dont la filiation n’est pas toujours gothic mais qui lorgnent sensiblement vers le même type de fans) commencent à fleurir de partout, n’est il pas trop tard pour se faire une place au soleil ? Les parisiens de Penumbra vont montrer le contraire en obtenant une précieuse signature chez Season Of Mist, spécialiste des groupes parfois difficilement cataloguables.
Un premier album de bonne facture "Emanate" (1999) avait déjà permis d’entrevoir un potentiel intéressant chez le combo, mais c’est avec "The Last Bewitchment" (2002) que le groupe fondé par le chanteur Jarlaath et le guitariste Dorian va exploser au grand jour.
La qualité de l’enregistrement est tout d’abord remarquable, Terje Refsnes et son célèbre Soundsuite ne trahissant pas sa réputation au niveau du mixage (les prises de son en revanche ont eu lieu en France au Point G Studio). Pourtant, il n’est pas aisé de trouver le bon équilibre à ce genre d’enregistrement, car en plus des instruments traditionnels basse-guitare-batterie-clavier, Penumbra a fait appel à des violonistes et violoncellistes, ainsi qu’à une kyrielle de chanteurs et chanteuses classiques pour assurer les chœurs.
Malgré tout, la production est à la fois puissante et équilibrée, laissant la place à chaque instrument ou voix quand le moment est venu, équilibre qui est aussi parfaitement respecté lors de l’apparition du clavier, évitant ainsi le piège de tomber dans le pompeux voulant en mettre plein la vue.
Si on retrouve dans la musique de nos frenchies des intonations venues de Norvège, notamment avec la voix douce et cristalline de Medusa, la musique est bien différente de celle du combo de la belle Liv Kristine. En effet, l’excellent premier titre "Neutral" emmené tout d’abord par les violons et les chœurs féminins envoûtants (doublé par moments d’un chant black metal pour un contraste saisissant), se rapproche subitement d’un Septic Flesh lorsque Jarlaath enchaîne son chant Death sur un break mélodique.
Penumbra n’est donc pas un groupe gothic metal dans les règles de l’art et lorgne également du côté du sympho et même vers le metal extrême (avec modération cependant), mais histoire de ne pas être trop restrictif et de caser un très bon groupe français dans la sélection, le conseil d’administration des Trublions à décidé à l’unanimité de garder Penumbra dans la sélection gothic. Au cas où quelqu’un ait une objection, je rappelle en toute méchanceté la devise de la maison : "satisfait ou allez vous brosser".
Le côté gothic est de toute façon bien présent : dans l’artwork, troublant et jouant autant sur la tristesse que l’érotisme, dans les paroles évoquant anges, rêves et amours ésotériques, et bien sûr dans la musique, notamment dans la première partie de "Priestess of my Dreams" où la douce voix de Medusa hante le morceau et l’esprit, avant une seconde partie plus rythmée et pas si éloignée d’un heavy sympho à la Therion accompagné de chant black metal. Parfois proche d’un Nightwish extrême ("The Last Bewitchment"), ce disque de Penumbra est un véritable melting-pot combinant habilement de nombreuses influences du metal dit "gay". Plus sérieusement, la voix extrême, le jeu de guitare heavy de Dorian et l’utilisation particulière des violons, donnent à "The Last Bewitchment" une identité personnelle forte, car si les français ont souvent un train de retard, ils ont eu (et ont toujours) malgré tout des combos ayant une personnalité bien affirmée (Misanthrope, Massacra, Loudblast, Kronos, Gojira, ADX,…).
Si les rythmes sont parfois frénétiques (comme sur "Testament" se permettant une petite incartade indus) et donc à première vue pas franchement en accord avec l’esprit gothic, la trame reste toujours empreinte d’une nostalgie latente tant dans le chant écorché de Jarlaath que celui plaintif de Medusa, "Testament" met d’ailleurs la guitare de côté pour un titre lent, émotionnellement fort, et laissant la place au chant féminin et aux violons. Le jeu de basse très prog sur la fin de ce long morceau démontre une fois de plus la polyvalence du combo.
Avant l’étrange intro narrée en latin, "A Torrent of Fears" et ses couches vocales multiples sont un réel enchantement et le travail fourni à ce niveau est impressionnant, on note d’ailleurs un passage un français parfaitement compréhensible. Comme les parisiens aiment à souffler le chaud et le froid, le piano en solo enchaîne juste après le passage le plus violent, jouant ainsi au mieux le contraste.
Si vous aimez… comment dire ? Euh…disons le gothic extrême (oui c’est une définition qui convient assez bien finalement), vous ne pourrez qu’adorer "The Last Bewitchment" de Penumbra, qui en garde l’émotion en y rajoutant une bonne dose d’énergie et de variété.
Cela dit l’album suivant (dernier en date) "Seclusion" (2003) est d’excellente facture également, peut-être un peu moins intense, et même si il est plus gothic que son prédécesseur (notamment avec l’apport de voix claires masculines), la force émotionnelle du disque est légèrement en dedans par rapport à son prédécesseur, voilà pourquoi paradoxalement les Trublions ont choisi "The Last Bewitchment" dans leur sélection.
Une nouvelle démo en 2007 laissait présager un quatrième album en préparation, mais la recherche de labels s’avérant être une quête périlleuse, on ne sait pas trop de quoi l’avenir de Penumbra sera fait…  Il restera toujours "The Last Bewitchment" en guise de consolation.

TODESBONDEN - Sleep Now, Quiet Forest (2008)

En ce nouveau millénaire, le metal gothique à chanteuse a la vie dure, c'est le moins que l'on puisse dire : surexploité, usé jusqu'à la corde lors du grand boom des années 90 qui a vu quantité de formations fleurir aux quatre coins de l'Europe, pratiquant un style encore intègre à l'époque. Aujourd'hui, la solide base doom s'est délitée en une fondue prémâchée, les ambiances au charme si authentique sont désormais tapissées pleins fards dignes d'une devanture de night-club, mettant en avant des chanteuses de plus en plus estampillées FM, n'ayant plus que leur joli minois pour briller sur les photos promos et les encarts publicitaires. Un constat bien désolant, la faute à quantité de produits mièvres, sortes de Céline Dion Metal aux structures et mélodies faciles, où les envoûtantes orchestrations baroques ont muté en une bouillie sirupeuse affreusement dégoulinante de bons sentiments, dans un effet de morphing où l'expression sérieuse de Haendel s'est transformée en sourire niais d'André Rieu. Une formule "soupe Liebig" dont certains labels ont profité pour se remplir les poches, mais qui a par-dessus tout dénaturé et discrédité le style artistiquement parlant. Certes, on peut arguer qu'un genre musical doit évoluer pour éviter la sclérose, d'un côté c'est pas faux, mais si c'est pour en arriver à ça, pas sûr que ce soit une bonne chose. Quelques rares formations telles que Draconian parviennent miraculeusement à réchapper à cette course au profit et au modernisme, en jouant à fond la carte de la tradition. Cependant, rien de bien neuf à l'horizon.
Bref, tout espoir semblait perdu … et pourtant, le Salut a fini par arriver, en l'an 2008, au moment où l'on s'y attendait le moins, et surtout de là où l'on s'y attendait le moins : les Etats-Unis d'Amérique, territoire très peu enclin à pratiquer ce genre musical : il y a bien entendu Type O Negative, mais pas grand-chose si ce n'est rien à se mettre sous la dent question metal gothique "à chanteuse". Le Messie est donc arrivé et arbore en l'occurrence le visage d'une femme, celui de la jolie rouquine Laurie Ann Haus, essentiellement connue pour sa participation aux deux derniers albums de Autumn Tears ("Eclipse" et "The Hallowing"), l'un des fleurons de la scène darkwave néoclassique, concrétisant enfin par un full-length le projet qui lui tenait tant à cœur depuis si longtemps : Todesbonden, dont elle posa les fondations quatre ans plus tôt avec un EP "Strombringer" sorti dans la confidentialité la plus totale, et la volonté de pouvoir enfin exprimer l'ensemble de ses goûts artistiques, après des années de frustration liée à son rôle de simple exécutante dans les divers projets auxquels elle a pris part : Autumn Tears, Rain Fell Within, Ol Sonuf et Ephemeral Sun, tous actuellement splittés ou en hibernation. Sa personnalité, jusque-là bridée, peut enfin éclater au grand jour et sa carrière trouver son aboutissement avec un excellent "Sleep Now, Quiet Forest" réalisé à l'aide d'un quatuor de musiciens totalement rallié à sa cause, et enregistré aux prestigieux Fascination Street Studios sous la houlette de Jens Bogren (chez qui sont notamment passés Opeth, Katatonia et Symphony X), garantie infaillible d'une production de haut vol.
Au vu du background de la Dame, on s'attendait à une musique très orientée atmosphérique et darkwave. Et c'est donc sans surprise qu'on retrouve de nombreux passages de musique de chambre très intimistes caractéristiques du style Autumn Tears post-"Love Poems…", joués principalement au piano ("Trianon", "Fading Empire") et à la guitare acoustique ("Aengus Og Fiddle", "Ghost of the Crescent Moon"). Mais Todesbonden, habité par le zéphyr d'absolue liberté que souffle son égérie, offre un panel musical bien plus étendu et à forte coloration folklorique de par l'omniprésence du violon, alternant instants de profonde sérénité et vivaces envolées, assorti d'une multitude d'instruments : flûte ("Trianon", "Sailing Alone", "Sleep Now, Quiet Forest"), harpe ("Fading Empire", "Flow my Tears") ou encore kantele qui illumine de ses sonorités cristallines les trois derniers morceaux de l'album, rapprochant parfois la musique de Todesbonden de celles de Hagalaz Runedance ou Loreena McKennitt, quand ce n'est pas Dead Can Dance lorsque des répercussions rituelles font leur apparition ("Surya Namaskara").
Dans cette forêt d'instruments typiques de la darkwave et du folk, la section metal parvient néanmoins à se frayer un chemin à coups de riffs à la consistance doom bien massive voire même martiale, plaçant ci et là quelques soli bien heavy, conférant un supplément de relief au paysage musical, rompant la quiétude ambiante pour y insuffler un élan épique et des velléités combatives (notamment sur "Surya Namaskara" et "Battle of Kadesh").
Une section instrumentale d'une richesse exceptionnelle transcendée par une Laurie Ann Haus épanouie, libérée de tout carcan et qui, capable de naviguer sans difficulté sur plusieurs octaves, nous démontre toute l'étendue de ses facultés, délivrant une prestation remarquable d'assurance et de sincérité, entre chant d'opéra, harmonies orientales, instants intimistes ou tout en puissance lyrique, chacune de ses interventions est empreinte d'une intense plénitude.
"Sleep Now, Quiet Forest" se pose en véritable invitation à un voyage au cœur de diverses civilisations (celtique, nordique, orientale) et époques (Renaissance, médiéval) dans un pur concentré d'émotions vives, respirant l'authenticité jusque dans son livret à la texture granuleuse, façon vieux parchemin, avec une illustration frontale représentant la grande prêtresse Haus, son regard tourné vers un paysage aux chaleureuses tonalités ocre et s'étendant à perte de vue, son regard tourné vers un avenir que l'on imagine radieux. Respect éternel lui soit dû pour avoir eu le courage de composer un tel album, aussi pur et enchanteur, sans compromis commercial, allant totalement à l'encontre de l'actuelle évolution du metal gothique et de ses canons modernes conçus pour squatter les samplers et cartonner sur les ondes.
Alléluia ! Enfin du neuf sur la scène metal goth et diantre, après tant d'années de disette, ça fait vraiment du bien !

Article réalisé par BeerGrinder, Dark Omens, Eulmatt et Vinterdrøm (initialement publié le 5 Septembre 2009)

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