L'HISTOIRE DU GOTHIC METAL - PART 1 : PARADISE LOST ET LES DEBUTS DU GOTHIC METAL


Bienvenue dans le West-Yorkshire

Pour ceux qui ne connaissent pas Halifax, je vous conseille d’aller faire un tour dans cette charmante bourgade du Yorkshire. Idéalement, prévoyez une journée de Novembre, ce qui vous permettra à coup sûr de connaître un magnifique brouillard matinal, qui se lèvera bien vite pour laisser place à une longue journée de pluie venteuse. C’est comme cela que l’on appréhende le mieux ces petites bourgades du Yorkshire, dont les innombrables cheminées de brique et les vieilles bâtisses désaffectées rappellent combien ce petit coin gris d’Angleterre fût jadis un fleuron industriel. C’était il y a un siècle, et ce couloir dévasté, qui part de Leeds en passant par Manchester jusqu’à Liverpool, serait invivable pour quiconque répugnerait à se réfugier dans le fanatisme footballistique et l’alcoolisme houblonné. C’est qu’à Liverpool, ils ont la mer, les Beatles et Carcass ! Mais Halifax, pensez donc, comment vivre une adolescence joyeuse au milieu de ces rues noires et humides où rien ne se passe ? Allez-y, vous comprendrez ainsi pourquoi le doom/death anglais est né ici, enfantant ces deux enfants les plus doués, Paradise Lost et My Dying Bride.
Bon, arrêtons là les frais, cet article n’ayant pas pour vocation première de faire office de guide touristique. Et comme il est probable que l’essentiel des lecteurs ne sera guère convaincu d’aller passer ses vacances à Halifax, cette petite approche sociogéographique va vite trouver ses limites pour expliquer comment ces quatre gamins du nom de Nick Holmes, Gregor Mackintosh, Aaron Aedy, Steve Edmondson, vont en quelques années explorer quasiment à eux seuls un nouveau territoire musical qui a aujourd’hui véritablement explosé : le metal gothique.
La tête pensante musicale de Paradise Lost est avant tout Gregor. Ce grand gaucher dégingandé d’origine écossaise, aussi jovial qu’une porte de prison, est un vrai metalhead. Pour autant, l’effervescence du thrash metal le laisse indifférent. Lui se passionne pour ce vieux heavy brumeux des seventies, Black Sabbath en tête, et ne rechigne pas non plus à écouter toute cette vague de rock goth à tendance new-wave en verve dans ces premières années 80. Et quand la frange la plus extrême du metal se durcit, il prête une oreille attentive à Celtic Frost et aux prémices du death metal, qui devient son style de prédilection.
Paradise Lost se forme ainsi officiellement début 1988, et le groupe se met à jouer du death metal assez atypique, dénué de toute influence thrash, s’orientant plutôt vers la lourdeur des atmosphères empruntées aux diverses influences de Gregor Mackintosh. C’est en fait à ce niveau que se situe la genèse du fameux doom/death britannique, qui va devenir pour quelques années un mouvement essentiel de la scène européenne. Cette genèse est particulièrement intéressante, puisqu’à l’instar du doom metal pur, elle puise son inspiration dans le heavy metal primitif des premières heures. Mais pour la première fois, cette inspiration se mêle au metal le plus extrême, le death metal, court-circuitant quasiment toute l’évolution intermédiaire qu’a connue le heavy metal via le speed/thrash.
Paradise Lost enchaîne dès lors les démos, construisant en moins de deux ans une base solide s’appuyant sur des compositions comme "Paradise Lost", "Internal Torment" ou encore "Our Savior". Son death metal lugubre et monolithique se révèle particulièrement imposant en concert, ce qui commence à assurer aux jeunes anglais une reconnaissance locale remarquée.

PEACEVILLE et le doom/death british

On repart pour un petit topo géographique (le dernier, c’est promis) : à 10 km à l’Est d’Halifax, toujours dans la banlieue de Bradford se situe Clackheaton. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si je vous signale que c’est dans cette bourgade qu’est né le label Peaceville, fondé en 1987 par un certain Halmshaw, tout va s’éclaircir. Dans ces années 88/89, Peaceville reste avant tout un distributeur de cassettes, focalisé sur l’underground le plus profond, des résidus de punk jusqu’à ses orientations modernes : le crust et le grind. Le jeune label a forcément vent du phénomène Paradise Lost, la proximité immédiate facilitant les choses. Et c’est ainsi qu’une aventure commune prend forme, Peaceville signant le groupe et lui propose de mettre en boîte un premier LP. Les deux protagonistes issus de nulle part vont mutuellement se tirer vers le haut et accoucher d’une des plus réussites du heavy metal de cette période. Peaceville devient LE label doom/death avec ses poulains Paradise Lost, My Dying Bride (signé en 90) bientôt rejoint par le troisième larron, Anathema, qui vient de Liverpool.
Paradise Lost, lui, se voit offrir une voie royale pour affirmer sa personnalité atypique en toute liberté.

LOST PARADISE - Le mal-aimé (1990)

Paradise Lost entame ainsi cette nouvelle décennie par la sortie de son premier album, "Lost Paradise", qui s’appuie essentiellement sur le répertoire issu des trois démos précédentes. Sous-produit, d’une accessibilité limitée et d’une austérité marquée, le disque mérite toutefois le titre de premier véritable album doom/death. Nick Holmes fait dans le growl caverneux, le death très lourd et très lent délivré par les guitares de Mackintosh et Aedy se révèle très sombre et très rugueux, pas toujours très bien épaulé par la rythmique basse/guitare timide dans le placement. D’approche ardue, "Lost Paradise" fait figure à la fois de révélateur des limites techniques du moment des jeunes anglais, mais également de démonstration que la fusion de styles à priori très éloignés n’est pas impossible. On y retrouve l’ambiance plombée du doom metal, tout droit héritée des heures les plus lourdes de Black Sabbath et de ses disciples, associée à la puissance et la virulence de ce jeune death metal, même si à ce niveau, Paradise Lost ne parvient pas vraiment à l’exploiter. En jetant une oreille très attentive, on note tout de même quelques indices quant à l’évolution future du groupe. Quelques passages dénotent d’une certaine influence de Celtic Frost au travers de certains riffs assez monumentaux, jusqu’à l’emploi très discret de voix féminines.
L’époque post-"Lost Paradise" voit se confirmer l’amplification de la reconnaissance dans le milieu, et au travers de nombreuses dates, le groupe se forge à la fois une belle réputation et gagne en maturité technique. L’album reste cependant avant tout un brouillon, une épure qui témoigne des premières années pendant laquelle Paradise Lost a esquissé ses bases artistiques. Il demeure d’ailleurs à ce jour le seul album que les anglais éludent volontiers, certainement parce qu’ils sont conscients qu’il est le seul à témoigner d’une époque où la réalisation n’était pas encore à la hauteur de leurs ambitions.

Voir la chronique de "Lost Paradise"

GOTHIC - Le mythe fondateur (1991)

L’accueil favorable du public, et la solide réputation que génère ses prestations scéniques confortent indubitablement les certitudes artistiques de Paradise Lost, qui avance désormais avec assurance dans la voie qu’il s’est lui même ouvert.
Greg Mackintosh va réaliser un coup de maître en composant enfin un titre où il parvient à mêler ses inspirations, où le résultat est à la hauteur de ses ambitions. Ce morceau abouti se nomme "Gothic", et c’est ici que tout commence. L’amalgame de son doom/death lourd et monumental, associé à l’émotion d’un chant féminin d’une grande pureté, et l’adjonction de claviers venant achever l’esthétique finale conduisent à une composition cultissime, qui va immédiatement faire figure de référentiel, et inspirer une pléthore de clones.
A ce titre, Gothic incarne la pierre angulaire de la contribution de Paradise Lost à cette scène encore mal définie qu’est le gothic metal. Avec toutes les légendes et les amalgames que l’on peut y associer. Si musicalement, le style est encore à vraiment définir, cette orientation quasiment irrémédiable vers des effluves mélodiques très purs marque un premier tournant. L’autre aspect qui prête encore plus à confusion est dû tout simplement à l’utilisation du terme "gothic".
L’ambigüité de ce choix rajoute un peu plus à la confusion autour de ce lien peu évident entre scène gothique et le doom/death britannique d’alors. Pourtant, Gregor Mackintosh n’est pas au dessus de tout soupçon en termes de préméditation. Le grand brun est un fan avoué de toute la mouvance rock goth des années 80, des Sisters Of Mercy, Bauhaus et autres Joy Division. Et si l’héritage musical direct n’est pas identifiable, une forme d’esthétisme commun n’est pas à exclure.
Ceci dit, l’album, enregistré au tout début de l’année 91, reste avant tout un monument de doom/death britannique, le premier de ce niveau. Le chant reste bien guttural, les rythmiques de plomb, l’atmosphère sinistre, même si on note des progrès indéniables qui confèrent au disque des touches plus aérées que son lugubre prédécesseur. Le Paradise Lost gothique n’est cependant pas encore né.

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SHADES OF GOD - La transition (1992)

Un peu plus d’un an s’écoule entre l’enregistrement de "Gothic" et celui de "Shades of God". Là encore, les anglais réussissent d’abord un coup de maître grâce à un morceau légendaire, "As I Die". Et cette fois, le gothic metal moderne est bel et bien de la partie. Direct et accessible, superbement accrocheur via ses riffs mélodiques et son refrain dantesque, Paradise Lost crée là son hymne éternel qui fait vraiment basculer le groupe dans une autre ère.
Un peu à l’instar de "Gothic", le reste de l’album est moins brillant. Il est surtout décontenant pour les fans de la première heure, car les évolutions de fond sont bien présentes. Oubliant quasiment définitivement toute influence death metal, le groupe s’oriente vers un metal plus heavy, presque rock n’roll, conservant toutefois une solide ossature doom. Titres à rallonge, constructions plus sophistiquées, atmosphère feutrée bien que toujours sombre, "Shades Of God" est à la fois le témoin de l’évolution en profondeur de Paradise Lost, mais aussi de son besoin de maturation artistique, tandis que techniquement, le groupe a déjà affiché ses progrès. Cela ne porte pas à conséquence, tant le groupe voit sa cote de popularité grimper et son degré de reconnaissance s’amplifier. Une page se tourne néanmoins, et la progression vers des sphères plus lumineuses semble inexorable.

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ICON - La lumière gothique (1993)

Avec "Icon", Paradise Lost gravit les dernières pentes qui le mènent à son aboutissement artistique. Tout le potentiel entrevu auparavant prend corps dans cet album sublime, qui se démarque assez nettement d’une concurrence ravivée en cette année 93 (Katatonia, My Dying Bride, Anathema). Paradise Lost a un coup d’avance avec sa musique désormais personnelle et très équilibrée. Le chant est devenu clair, les structures plutôt heavy et simplifiées. Tout pour mettre magnifiquement en avant le génie créatif de composition de Mackintosh, qui est à son apogée. Jouant en permanence sur le registre émotionnel avec une élégance remarquable, les morceaux s’enchaînent magnifiquement  sans la moindre faute de goût. Aussi bien dans les riffs mélodiques ciselés que dans l’utilisation ponctuelle de claviers et de chants féminins, "Icon" incarne une forme de perfection dans l’équilibre et la richesse musicale. L’album a également ceci de remarquable qu’il bénéficie toujours d’une assise puissante directement héritée des fondamentaux du groupe, et si il se démarque d’un "Serenades" par exemple (Anathema), les réminiscences de doom, voire de death dans la robustesse de certains riffs, témoignent toujours des origines musicales du groupe. Cela n’est pas anodin dans la force monolithique assez unique que dégage cet album, qui ne peut plus être taxé de transition, tant il est homogène et abouti.
Le metal gothique y trouve là son premier monument, de nouveaux hymnes éternels ("True Belief") et par conséquent son public. Paradise Lost a désormais pris conscience de son potentiel, et ne se privera plus pour exploiter son talent de composition.

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DRACONIAN TIMES - L'état de grâce (1995)

Profitant un peu plus longuement que d’habitude de son nouveau statut, Paradise Lost profite de ces deux années 93 et 94 pour des tournées qui enfoncent un peu plus le coup. Le groupe, qui n’a eu de cesse d’évoluer d’album en album, semble vouloir désormais se concentrer vers cette nouvelle veine artistique, qui s’écarte définitivement de la scène extrême. Paradise Lost peaufine avec soin son nouvel album, "Draconian Times", à l’artwork sophistiqué, aux textes travaillés et au metal gothique finement ciselé. Encore un peu plus accessible, "Draconian Times" reçoit un accueil enthousiaste, et l’album devient rapidement un succès commercial sans précédent pour le groupe et son label.
Considéré par beaucoup comme le meilleur album de sa discographie (même si me concernant, j’estime qu’il serait injuste d’oublier le grandiose "Icon"), l’album incarne une forme très pure de heavy gothique mélodique d’une grande élégance. La profusion de ses mélodies accrocheuses en diable, de ses refrains imparables et d’une mélancolie touchante, fait mouche irrésistiblement.
Son nouveau public n’est d’ailleurs clairement plus composé majoritairement de fans de metal extrême. La scène metal gothique prend dès lors une importance notoire, venant clairement se faire une place au sein du heavy metal. Paradise Lost, là encore, a un temps d’avance. Ses collègues historiques ne tardent pas à lui emboîter le pas, ce qui fait que cette année 1995 voit quelque part la mort médiatique du doom/death, qui retombe dans l’ombre de l’underground. La nouvelle orientation musicale de ses leaders ouvre quant à elle les portes d’un avenir radieux pour le metal gothique.

Voir la chronique de "Draconian Times"

ONE SECOND - Le contrepied (1997)

Sans le savoir, les anglais sont en train de vivre l’apogée de leur carrière. Ces années 95-96 sont celles de la gloire. A l’échelle européenne, Paradise Lost est un nom qui compte dans la sphère du heavy metal, générant même parfois des commentaires enflammés et excessifs de certains observateurs, qui voient dans le groupe le nouveau Metallica…
Toujours est-il qu’en à peine cinq ans et autant d’albums, le groupe est arrivé au sommet, en partant de très loin. Le moteur de leur croissance artistique couronnée de succès étant l’évolution permanente, Paradise Lost n’envisage pas de faire du surplace. Marquant une pause de plus d’une année, le groupe se remet à l’écriture, avec de nouvelles ambitions. Pour la troisième fois de sa carrière (après "Gothic" et "Draconian Times"), Paradise Lost défriche encore un peu plus le metal gothique, et accomplit enfin le rêve de Mackintosh : faire le lien entre le gothic metal et son lointain cousin le goth rock (aussi appelé darkwave), mouvement artistique de fond qui a marqué les années 80.
La prouesse est accomplie avec "One Second" : gardant une ossature metal, mais désormais délestée de tout penchant musclé, le disque fait la part belle aux mélodies plus pop. Son titre éponyme, véritablement taillé pour les charts, avec ses touches de pianos savamment distillées et un chant toujours plus clair et délicat, accroche immédiatement l’oreille. Tranchant déjà nettement avec le passé du groupe, il n’augure qu’imparfaitement la suite, encore plus audacieuse. Mettant délibérément la puissance des guitares au second plan, les compositions prennent une tournure électro-pop-rock, à l’ambiance feutrée mais profondément mélancolique.
Commercialement, l’album n’est pas un échec : bénéficiant toujours d’un statut majeur, Paradise Lost parvient également à séduire un nouveau public, tout en convaincant ses fans les plus ouverts. Car le fait est que malgré l’abandon de toute référence à la sphère metal (musicalement, iconographiquement, jusqu’au look vestimentaire et la coupe de cheveux), "One Second" est un superbe album, mettant paradoxalement encore plus en valeur la capacité mélodique du groupe. Pourtant, tout n’est pas rose, loin de là. La scène metal comprend mal cette orientation, qui ressemble à une trahison…

HOST - La chute (1999)

Dès lors, tout va s’enchaîner très vite. Les anglais n’ayant jusqu’à présent eu aucun scrupule à évoluer à leur guise, ils poussent les curseurs à fond : l’orientation electro-pop est désormais assumée et poussée jusqu’au bout. Evènement non négligeable, surtout aux yeux des metalheads : dans le même temps, Paradise Lost quitte Music For Nations pour l’ultra major EMI. Les raccourcis seront désormais inévitables.
Parler musicalement de "Host" est chose compliquée. Si froidement, on se doit d’admettre que Paradise Lost déploie à nouveau un talent indéniable, sans doute supérieur à beaucoup d’autres groupes du genre qui s’octroient les faveurs du grand public, "Host" est boudé massivement par ses anciens fans, qui n’y trouvent plus du tout leur compte : l’album n’a plus rien à voir avec le heavy metal, se rapprochant plus d’un Depeche Mode qu’autre chose.... Et d’autre part, c’est un bide commercial au niveau de son nouveau "marché" : pour le coup, dans la sphère du mainstream pop-rock, Paradise Lost fait figure d’obscur groupe underground, comme quoi tout est relatif.
Le mythe Paradise Lost est disloqué.

De BELIEVE IN NOTHING à PARADISE LOST - La convalescence (2001-2005)

Pour la première fois, le groupe prend conscience qu’il n’est pas intouchable. Autant son ascension fût fulgurante, autant sa chute abyssale fût encore plus rapide. La souffrance est d’autant plus grande que les procès d’intention (orientation commerciale et compagnie) ne correspondent pas à la vision du combo, qui estime à juste titre avoir fait preuve de courage et d’intégrité en assumant ce virage.
Et pour la première fois, le groupe doit douloureusement revoir son évolution musicale en fonction de l’extérieur. C’est en effet une question de survie. Perdant ainsi la sacro-sainte indépendance artistique, celle que tous les groupes revendiquent haut et fort mais que seule une poignée peut revendiquer légitimement, Paradise Lost compose "Believe in Nothing" en cherchant à récupérer le coup. La qualité de l’album s’en ressent, victime d’errements stylistiques (le retour timide des guitares) et de longueurs qui témoignent de la perte d’inspiration. Commercialement, le groupe reste au plus bas et ne pèse plus grand-chose. Toutefois, le groupe se sert de cet album pour faire le deuil de "Host", qui restait une blessure ouverte et profonde.
Logiquement poussé dehors par EMI, Paradise Lost renaît véritablement avec "Symbol of Life". Autant "Believe in Nothing" semblait orphelin d’une orientation ferme, autant le nouvel album est magistralement composé par Greg Mackintosh, qui trouve la bonne carburation. La colère noire est de retour avec le son massif des guitares, une rythmique carrée et des compositions plus enlevées. Evitant judicieusement le come-back trop voyant vers le passé, le groupe conserve un héritage non négligeable de son passé récent. Typique du gothic metal moderne, ses touches électro et ses riffs fleurant l’industriel, "Symbol of Life" émerge comme l’un des meilleurs albums du genre en ce début de millénaire. C’est toutefois encore insuffisant pour complètement refermer les cicatrices récentes, d’autant plus qu’il faut attendre trois années pour avoir la confirmation du retour de Paradise Lost. L’album éponyme, dix ans après "Draconian Times", est bien cette confirmation attendue, à la hauteur de son prédécesseur. Le gothic metal du groupe prend une tournure encore plus moderne, misant pour la première fois sur la puissance du son pour affirmer son retour aux sources. Résolument moderne, allant presque flirter avec des groupes comme Rammstein, Paradise Lost se reconstruit un nouveau public et parvient désormais à rameuter quelques vieux fans. La convalescence n’est toutefois pas terminée : Paradise Lost est encore loin d’avoir renoué avec son statut d’antan. La preuve en est son incapacité à tourner en tant que tête d’affiche, même dans son propre pays.

IN REQUIEM - La résurrection (2007)

C’est un véritable tour de force que réalise Paradise Lost en 2007. Réussissant enfin à réaliser la synthèse de la période "Icon" / "Draconian Times" avec l’approche plus moderne de ses deux derniers albums en date, le groupe signe un des plus grands disques de gothic metal des années 2000. Retrouvant la majesté imposante des riffs, la finesse émotionnelle de son passé, avec une production impressionnante et l’emploi maîtrisé des claviers, cet album en forme de synthèse parvient même à bluffer bon nombre d’anciens fans qui n’y croyaient plus, même si on peut se poser des questions sur les raisons profondes de ce retour aux sources.
Beau à pleurer, inspiré et implacable, "In Requiem" fait figure de résurrection pour un groupe qui redevient brusquement ce qu’il aurait dû toujours rester : plus que le créateur du gothic metal, son maître absolu.

Article réalisé par Eulmatt (initialement publié le 5 Septembre 2009)

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