EDITO : VINTERDROM

Quinze jours après leur grande première, les Trublions remettent le couvert. Et autant vous prévenir, ce sera buffet à volonté. Et il y en aura pour tous les goûts. C’est certain, vous allez déguster !
Séquence nostalgie tout d’abord, avec un bon revival thrash 80’s de derrière les fagots. Un véritable saut dans le temps qui, loin de constituer un quelconque hommage posthume, montre que le metal de cette époque pas si lointaine que ça, en plus d’avoir considérablement influencé les groupes et les divers courants du metal tel que nous le connaissons maintenant, a encore toute sa place aujourd’hui. Alors sortez vos vieux jeans troués, chaussez vos baskets à languettes, enfilez votre veste à patches et préparez-vous à une bonne séance de headbanging avec les 15 indémodables du thrash old-school. Gare aux torticolis !
S’ensuit la sélection personnelle de votre serviteur du jour, mettant tout d’abord à l’honneur l’arrivée des beaux jours. Eh oui, le printemps est en route, les journées s’allongent, les arbres sont en fleur, les corps se dévêtissent… Ah, c’est sûr, votre moral est au beau fixe ! Ça tombe bien, car Nortt est là pour vous le flinguer avec son tout nouveau méfait nommé "Galgenfrist," dépressif à souhait et à la douce senteur de charogne : mon album du mois, spécialement destiné à ceux qui dorment la tête en bas.
Après ce séjour dans les brumes du cimetière de Nortt, direction le manoir hanté de Ebonylake, septet britannique qui n’aura laissé à la postérité qu’un seul et unique album : "On the Eve of the Grimly Inventive" ; avant de retourner pour toujours dans ses oubliettes. C’était à la fin de la décennie – que dis-je – du siècle dernier. Un seul album, mais quel album ! Un pur concentré de metal extrême, de musique contemporaine, d’ambiances angoissantes, le tout réalisé dans une réelle démarche avant-gardiste : mon chef-d’œuvre oublié, à (re)découvrir pour réveiller l’aristocrate excentrique qui sommeille en vous.
Enfin, pour ceux qui ne seraient pas encore rassasiés après ce consistant menu, vous prendrez bien une petite part de moussaka mitonnée par les cuistos de Nightfall, n’est-ce-pas ? Sauf que je viens juste de me rendre compte que je n’en ai plus en réserve, et je ne pourrai malheureusement vous filer que quelques restes d’une daube nommée "Electronegative". Vous m’en voyez désolé, mais maintenant que vous avez passé commande, vous ne pourrez plus vous défiler. Il va falloir l’ingurgiter, et personne ne part de table avant d’avoir tout fini, hein !
Bien… Le programme présenté, il ne me reste plus qu’à tirer ma révérence et à vous laisser à vos dégustations, en vous souhaitant à toutes et à tous, chers convives, une très bonne quinzaine.

Mon top : NORTT - Galgenfrist

Traînant son abominable carcasse depuis déjà 13 ans (les superstitieux apprécieront !) dans les profondeurs abyssales de l'underground et auteur de plusieurs albums ainsi que d'une série de maxi et de split culminant dans un black/doom/ambiant des plus sinistres, Nortt s'est une nouvelle fois extrait de son ossuaire putride pour venir, tel un oiseau de mauvais augure, hanter nos chaumières et répandre sa "bonne" parole avec son dernier (mort)-né "Galgenfrist" ("La Tentation de la Potence" en danois).

Confirmant la direction prise par son prédécesseur "Ligfaerd" ("Marche Funèbre"), à savoir la prise de pouvoir de la facette dark ambiant et des longues nappes de synthés froides et glauques, ainsi que la mise en sourdine de l'aspect black au profit d'un doom que l'on pourrait qualifier de drone tellement il est distordu et agonisant pour ce qui est de la facette metal, cette nouvelle œuvre maudite enfonce le clou par la même occasion : passages ambiants toujours plus longs, son de guitare toujours plus grave, percussions toujours plus espacées, textes réduits au strict minimum et interventions vocales toujours plus rares et noyées dans la masse brumeuse. Ces dernières sont les ultimes liens (ténus) rattachant encore le one-man band danois avec ses racines black.
Toujours plus extrême, Nortt se rapproche désormais de Until Death Overtakes Me dans sa forme, tout en représentant paradoxalement son exact opposé dans le fond : le second nommé tutoie la stratosphère, tandis que le premier s'escrime à creuser sa tombe toujours plus profondément.
Toute notion d'esthétisme, de beauté et de sophistication se trouve ici réduite en cendres. Ne restent que la crasse, la pourriture, la décomposition, la puanteur et la solitude. La solitude d'une mort survenue sans personne pour vous tenir la main durant vos derniers instants.
Même les notes de piano de "Af Døde" et "Havet Hinsides Havet" ne parviennent pas à réchauffer l'étouffante et persistante atmosphère de caveau humide où la température reste désespérément bloquée en dessous de zéro.

Un album véritablement jusqu'au-boutiste, une pure folie constituée de sept titres érigés à la gloire du dégoût de toute chose ayant le malheur d'être en vie, s'enchaînant sans interruption et renforçant par là-même l'impression de se trouver en face d'un monolithe aussi compact et inamovible que menaçant et gorgé d'ondes néfastes.
En quarante-sept minutes, Nortt a accompli son œuvre de désespoir, Nortt s'est totalement coupé de toute attache avec le genre humain, auquel il a définitivement tourné le dos, et s'en retourne irrémédiablement auprès de ses semblables, habitants du royaume des Morts, comme le suggère si bien la pochette. Serez-vous prêts à l'y suivre ?

Mon flop : NIGHTFALL – Electronegative

Certains rituels sont immuables, et la réception d'une commande metal par VPC n'y fait pas exception. La sonnette retentit, on ouvre et on voit notre gentil petit facteur tenant dans ses bras le paquet tant attendu, qu'il nous transmet moyennant une petite signature que l'on a grand peine à griffonner de notre main tremblante d'excitation. Cette formalité faite, on lui grogne poliment un "au revoir", en espérant qu'il va se barrer vite fait et qu'il ne va pas se mettre à nous taper la causette. Ouf, sauvé, il a encore du boulot et il est à la bourre. On claque la porte, on ferme à double tour, on coupe le téléphone et on se précipite vers le tiroir de la cuisine pour y choper des ciseaux et faire sa fête à l'empaquetage qui s'avère particulièrement retors avec ses trois épaisseurs de scotch. Cette triple carapace perforée, on extirpe de ses entrailles les albums tant désirés que l'on soulève à deux mains, tel un Link venant de trouver la clé qui va le mener tout droit vers le donjon où est enfermée sa chère princesse Zelda.

Ce rituel, chacun de nous l'a réalisé des dizaines et des dizaines de fois, avec une excitation grisante et une joie toute enfantine, car on sait qu'on va partir pour des heures d'écoute enivrante.
Mais parfois, c'est la surprise qui est au rendez-vous ! Il y a quelques temps de cela, j'ouvre le paquet, comme à mon habitude, et tout à coup, je reste planté à la vue de la pochette d'un CD que je n'ai pas commandé, en l'occurrence un certain "Electronegative" des grecs de Nightfall qui, à l'époque de sa sortie, n'avait apparemment pas déchaîné les foules, malgré le glorieux passé du groupe en question. Incompréhension, interrogation … la magie du rituel est brisée. Y'aurait-il eu confusion lors de la préparation et de l'envoi de la commande ? Je continue à déballer la chose, et là … soulagement … toutes les galettes souhaitées sont bien là. Alors, d'où vient ce CD qui a eu l'outrecuidance de me perturber ? Je jette un coup d'œil à la facture, et là, tout s'explique ! Mais oui, mais c'est bien sûr : un CD qui m'est gracieusement offert ! Geste à priori fort sympathique, mais au vu de la qualité supposée du disque, ça sent l'affaire de déstockage massif à plein nez ! Mais bon, je n'en voudrais pas pour autant à mon très cher revendeur.
Une fois remis de mes émotions, je décide d'écouter tout de suite cet objet qui fut grande source de perturbation, histoire de lui régler son compte avant de passer aux choses sérieuses. J'enfourne la galette dans la platine affamée, j'appuie sur play. Et là, euh … que dire sans être assassin ? … Bon, d'habitude, je suis plutôt du genre indulgent, mais sur ce coup-là, je dois dire que j'ai vraiment beaucoup de mal à trouver un quelconque argument pour défendre la catastrophe pseudo-musicale qui sort des baffles ! Une succession de riffs bateaux d'une inconsistance rare et de mélodies sponsorisées Liebig, avec de temps à autre quelques samples électro en provenance directe de la discothèque du coin. Vraiment rien n'est à sauver, et ça dure 16 minutes, 16 longues minutes comme autant d'interminables heures où la somnolence guette. Mais la musique en elle-même n'est pas le pire, loin de là, car je n'ai pas encore parlé du chant. Efthimis Karadimas s'essaie au chant clair et sa prestation est, n'ayons pas peur de le dire, totalement foirée ! Mais comment est-il possible d'enregistrer des pistes aussi désastreuses ?! Le pauvre gars n'est manifestement pas à l'aise et souffre autant qu'il nous fait souffrir. Un vrai supplice ! Et je vois dans le livret qu'ils sont trois (hormis le chanteur) a être crédités pour la production. Mais bon sang (pour ne pas dire autre chose), il n'y en a pas eu un seul pour dire : STOP, ARRETEZ LE MASSACRE ?! … Hallucinant !!!

La force de certains disques est d'arriver à nous envouter à un point où on en oublie que la musique provient d'un objet essentiellement constitué de plastique et fonctionnant selon un système binaire. Tout ce que je peux dire est que cet "Electronegative" n'en fait définitivement pas partie. Non, là j'ai bien conscience d'avoir à faire à de simples creux et bosses gravés sur une couche de polycarbonate recouverte d'une fine pellicule réfléchissante d'aluminium, elle-même recouverte d'une laque anti-UV en acrylique. De la vulgaire matière chimique, quoi ! Produisant une bouillie insipide, qui aurait peut-être sa chance à l'Eurovision … et encore … A l'époque où Lordi avait remporté le jackpot à la surprise générale, le morceau qu'ils avaient proposé était bien meilleur que n'importe lequel de ceux présentés sur ce "Electronegative".
Je peux lire aussi sur la pochette arrière : "only unreleased tracks", que des inédits, et bien ça me fait une belle jambe !
Et comment qualifier cette pochette, façon evil-Worlds Apart, aussi navrante que tordante ?! … Bon, mieux vaut s'arrêter là.

Mais ma conclusion ne sera pas si (electro)négative que cela car, au final, ce disque arrive à point nommé. En effet, je n'avais pas encore investi dans un frisbee en prévision de l'été prochain, et voilà qu'on m'en offre un, flanqué d'un magnifique Electronegative top-design, qui plus est ! Je vous garantis qu'avec ça, je vais faire un malheur !
Et à notre époque où la vie est chère, où les prix explosent, où la moindre petite bricole coûte la peau du cul et où le lancer de frisbee finira donc par devenir un sport de riches, un tel cadeau, ça ne se refuse pas !

Mon chef d’œuvre oublié : EBONYLAKE – On the Eve of the Grimly Inventive

Vous vous souvenez certainement du label britannique Cacophonous Records, très en vue à la fin des années 90, découvreur et formateur de talents hors-pair mais qui, tel notre Ligue 1 française, n'a jamais su les garder dans son giron. La faute à une politique essentiellement basée sur le profit et l'arnaque, considérant ses artistes comme des vaches à lait et qui a fini par lui causer sa perte. Malgré tout, son existence restera ancrée dans les mémoires, grâce en particulier à la sortie de ce qui est, à mon humble avis, les meilleurs albums de Cradle Of Filth et Dimmu Borgir ("Vempire" et "Størmblåst" respectivement), deux formations devenues à présent des superstars, mais pour lesquelles succès commercial ne rime plus avec qualité artistique, et ce depuis bien longtemps.
Dans l'ombre de ces groupes ayant bâti la réputation de Cacophonous Records se tapissaient de nombreuses autres formations très souvent caractérisées par un fort potentiel créatif et une personnalité très affirmée. Ebonylake, formation culte par excellence, en est le parfait exemple. Ebonylake, septet britannique n'ayant eu qu'une existence éphémère et n'ayant laissé à la postérité qu'un seul et unique album : "On the Eve of the Grimly Inventive", il y a déjà presque 10 ans de cela. Un seul album, mais quel album ! Impressionnant de maîtrise, de technicité, mais surtout d'originalité et d'inspiration. Une œuvre difficilement accessible, à la complexité purement horrifiante, qui laisse pantois à la première écoute. Une œuvre autant inspirée du metal extrême que de la musique contemporaine et de l'opéra. Présenté comme cela, rien de bien original apparemment, me rétorquerez-vous ? Sauf que Ebonylake se plait à brouiller les cartes et à créer un labyrinthe musical aussi effrayant que fascinant, et dont l'exploration de tous les méandres s'avère particulièrement ardue.

Il ne faut s'attendre à rien de conventionnel dans ce patchwork constitué de riffs de guitare très rapides, torturés et en perpétuelle métamorphose (les riffs redondants sont rares), de plans de batterie venus d'un autre monde, et de claviers orchestraux qui présentent un niveau de polyphonie rarement atteint dans l'histoire du metal. Denses (le line-up présente tout de même la bagatelle de trois claviéristes !), diversifiées mais également utilisées de manière peu habituelle, non pas comme des éléments mélodiques mais plutôt comme des éléments perturbateurs, obsédants et chaotiques (anti-harmonieux, oserais-je même dire), les très nombreuses orchestrations sont autant d'agressions directes et tranchantes. Les notes de piano et de clavecin, vives et dissonantes, sont comme des manifestations soudaines jouant avec nos nerfs, la harpe agite ses cordes spectrales, disparaissant aussi rapidement qu'elles surviennent, tandis que les archers de violon agissent comme autant de lames de rasoirs lacérant notre santé mentale.
Et ce serait une grave injustice que de ne pas mentionner l'extrême diversité du chant, grâce à un quatuor de voix étonnant, dont la dynamique et les placements sont structurés de la même manière que dans un opéra, avec une voix principale tout à fait originale, car il s'agit en fait d'une "double voix" superposant en simultané le chant d'une goule sanctifiée et celui d'un chant soprano, les deux composantes se détachant et se réassemblant au gré de leurs sautes d'humeur. Le résultat, hautement perturbant et dérangeant, donne l'impression d'avoir à faire à une entité et à son doppelgänger, sans que l'on sache réellement qui joue le rôle du double maléfique.
Imaginez tout cet ensemble mixé de manière énergique, avec des breaks toutes les trois secondes (je n'exagère pas !) et un niveau technique proprement ahurissant, que peu de musiciens sont capables d'atteindre, et vous aurez une idée de la complexité de cette œuvre véritablement hors-normes. Mais rien qu'une idée, car il faut l'entendre pour le croire.
Et fort heureusement, la production ne vient pas gâcher tout le travail effectué, bien au contraire, elle le met parfaitement en valeur grâce à une qualité sonore éclatante de puissance et de précision, tout en conférant une texture granuleuse non seulement aux guitares mais également aux orchestrations, que l'on croirait parfois sortir d'un vieux gramophone.

Si la forme est étonnante de par sa propension à ne jamais tenir en place, et si la débauche de moyens mis en œuvre est tout bonnement surhumaine, tous ces efforts n'auraient été que vains et stériles s'ils n'avaient été canalisés par la trame dramatique que constituent les textes. Car bien plus qu'un simple ornement, ils sont la solide charpente sur laquelle ont été bâties les pièces musicales. Une méthode que l'on retrouve habituellement dans les concept-albums, sauf que "On the Eve of the Grimly Inventive" n'en est pas un au sens strict du terme, chacun des textes contant une histoire différente, bien qu'ils restent liés entre eux par le thème des poltergeists qui en constitue le fil conducteur.
Des textes admirablement écrits sous une forme romancée, puisant leur inspiration dans la littérature fantastique ("The Author of the Burning Flock", basé sur le thème de le tragédie frappant éternellement la descendance d'une communauté maudite, rappelant fortement "Le Dragon Flottant" de Peter Straub) autant que dans des œuvres cinématographiques d'un autre âge ("The Wanderings of Ophelia through the Untamed Countryside" qui peut être vu comme une adaptation de "La Dame du Lac", film policier sorti dans les années 40 totalement tourné en vue subjective - rien à voir avec les légendes arthuriennes -, mais avec la patte Ebonylake, fantastique et surréaliste).
Des textes passionnants à un point que la lecture du livret (superbement illustré, soit dit en passant) donne l'impression d'être plongé dans un recueil de nouvelles dont les ambiances sont en parfaite symbiose avec la musique qui les accompagne. D'autant que Ebonylake est allé jusqu'au bout de sa démarche dans le sens où chaque phrase, parfois chaque mot, trouve son parfait contrepoint musical, ce qui d'une part explique la complexité des compositions, et d'autre part montre que l'agencement de toutes les pièces ne s'est pas fait au hasard. Bien que chaque facette texte/musique puisse se suffire à elle-même, l'effet recherché par Ebonylake ne peut être atteint que grâce à la combinaison des deux : la musique illustre les textes, tandis que les textes justifient la musique, pour un effet synergique rendant l'immersion totale. Car bien plus que des flashes, bien plus que des images, ce sont littéralement des court-métrages qui défilent dans notre tête, avec une précision diabolique.
La pièce "A Voice in the Piano" est de ce point de vue un modèle du genre. La perte d'un être cher, son corps s'enfonçant et disparaissant inexorablement dans les sombres profondeurs d'une mer tumultueuse. Tous les efforts pour l'arracher aux griffes d'une mort certaine … vains et désespérés. Le chagrin, poignant, la douleur, déchirante. La vie, devenant insupportable et inutile. L'appel irrésistible de la Faucheuse, sous les traits fantomatiques de l'être perdu. Son appel de l'au-delà, se manifestant au travers des notes d'un piano sinistre. Puis survient le suicide, soutenu par des attaques de cordes incisives, et le repos éternel, marquant l'un des rares moments d'accalmie où le piano se fait doux et mélodieux. Dénouement heureux ou fin malheureuse ? Nul ne saurait dire avec certitude, car l'ambiance de cet ultime mouvement clôturant la pièce, à la fois triste et romantique, très sombre et empreinte de sensations énigmatiques, laisse au spectateur que nous sommes tout un vaste champ d'interprétation.
Cette intensité dramatique et cette puissance hypnotique se retrouvent dans chacune des autres pièces qui constituent ce chef d'œuvre intemporel, dont le poids des années n'est aucunement parvenu à altérer l'éclat et la maestria.

Rarement un œuvre musicale n'aura été aussi riche et aboutie. Une œuvre qui, encore aujourd'hui même, n'a aucun équivalent. Tout juste pourrait-on se risquer à un parallèle avec Akercocke, de par le pays d'origine bien évidemment mais aussi par l'imagerie typée "aristocrate excentrique" et la volonté de ne pas s'imposer de limites artistiques, bien que la musique de Ebonylake soit infiniment plus complexe et largement plus ancrée dans le classique (ou plus exactement le contemporain).
Une œuvre habitée par la grâce, créée par des musiciens transcendés par le genre d'inspiration créative qui ne peut se trouver qu'une seule fois dans une existence d'artiste, le genre d'aspiration que l'on appelle communément le feu sacré. Recréer un tel exploit aurait été une quête désespérée et les britanniques l'ont bien compris, en préférant partir sur un coup d'éclat. Comportement hautement honorable, dont bon nombre de formations devraient prendre exemple, et qui n'en donne que davantage de cachet à ce chef d'œuvre qui, tel un lac d'ébène à la surface opaque et aux profondeurs insondables, n'est pas près d'avoir livré tous ses secrets.

Edito réalisé par Vinterdrøm (initialement publié le 19 Avril 2008)

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